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Le Pakistan espère un réchauffement avec l'Inde après la victoire de Modi

Le Pakistan espère un réchauffement avec l'Inde après la victoire de Modi

Le Pakistan espère un dégel de ses relations avec l'Inde grâce à l'élection du nationaliste hindou Narendra Modi en misant sur la quête de développement économique du nouveau leader indien plutôt que ses relations troubles avec la communauté musulmane.

Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a salué ce weekend la "victoire impressionnante" de Modi dont le Bharatiya Janata Party (BJP) a obtenu une majorité de sièges à l'Assemblée indienne, une première en 30 ans.

Depuis leur indépendance concomitante des Indes britanniques en 1947, l'Inde et le Pakistan se sont affrontés à trois reprises, notamment pour le contrôle du Cachemire, région himalayenne revendiquée par les deux puissances nucléaires voisines.

Or M. Sharif, qui avait aussi été Premier ministre dans les 90, avait entretenu de bonnes relations à l'époque avec Atal Bihari Vajpayee, alors chef du gouvernement indien sous la bannière du BJP.

En 1999, Vajpayee avait signé un accord de paix à Lahore (est) qui avait fait brièvement revivre le rêve d'une normalisation entre les deux puissances nucléaires rivales.

La même année, les deux pays s'affrontaient à nouveau au Cachemire, M. Sharif blâmant le chef de son armée, un certain Pervez Musharraf, d'avoir lancé une offensive sans son aval. Quelques semaines plus tard, le général Musharraf renversait Nawaz Sharif.

Revenu au pouvoir l'an dernier après avoir remporté la majorité aux élections, M. Sharif s'était engagé à améliorer les relations avec l'Inde en se concentrant sur le commerce plutôt que sur l'insoluble question du Cachemire.

Mais l'Inde se dirigeait alors vers des élections et le dégel des relations avec le Pakistan, montré du doigt par New Delhi pour les attentats de Bombay ayant fait 166 morts en 2008, est tout sauf une promesse attirante pour l'électorat indien.

Porté lui aussi à la tête d'un gouvernement majoritaire, Narendra Modi n'a plus à craindre de tendre la main à son voisin, estime l'ex-ambassadrice du Pakistan à Washington, Sherry Rehman.

"Cette majorité devrait donner à Modi la force et la confiance nécessaires au parlement afin de travailler avec le Pakistan...", dit-elle à l'AFP.

"Mais est-ce que Modi, devenu Premier ministre, sera capable de mener l'électorat plutôt qu'être mené par lui?", s'interroge Badar Alam, éditeur du magazine pakistanais Herald.

Au Pakistan, plusieurs accusent Modi d'avoir encouragé les représailles antimusulmanes 2002 dans l'Etat indien du Gujarat (ouest) dont il était alors le ministre en chef.

Mais c'est aussi dans cet Etat que le chef du BJP avait lancé une série de réformes économiques qu'il souhaite aujourd'hui appliquer à l'ensemble de l'Inde.

"Si ses mesures priorisent le développement économique, le Pakistan pourra aisément faire du commerce avec l'Inde de Modi", ajoute Mme Rehman. "La balle est dans le camp de l'Inde", lance-t-elle.

Si le Pakistan veut renforcer ses relations économiques avec l'Inde, au plus bas pour l'instant, son voisin reste préoccupé par les incursions d'islamistes armés sur son sol.

"La première étape pour établir des relations profondes avec le Pakistan repose sur les épaules du Pakistan qui doit prendre des mesures efficaces... contre les groupes terroristes actifs sur son sol", prévenait d'ailleurs récemment M. Modi.

Au Pakistan, les militaires demeurent de leurs côtés méfiants à l'égard de l'Inde pour son influence croissante en Afghanistan, pays considérée comme le pré carré d'Islamabad, et son soutien présumé aux rebelles du Baloutchistan (sud-ouest).

Des chefs islamistes pakistanais préviennent de manifestations chez les musulmans en Inde avec l'élection de Modi.

La rhétorique musclée du leader hindou sur le Cachemire et son biais perçu contre les musulmans fait craindre une réponse armée de groupes islamistes et donc un "nouveau Bombay" qui pourrait anéantir un rapprochement entre New Delhi et Islamabad.

Mais pour Mushahid Hussain, président du Comité de la Défense du Sénat pakistanais, la rhétorique de Modi était avant tout électoraliste.

"Il y a deux côtés à Modi, un côté obscur tissé d'hypocrisie et de violence contre les musulmans, et un côté positif basé sur le développement. Si Modi est prêt à dire adieu à ses politiques de haine, alors il y a de l'espoir", résume-t-il.

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