Le quotidien russe Kommersant annonce que la plus grande chaîne de produits de beauté russe, L’Etoile, vient de recruter le célèbre couturier britannique John Galliano en tant que directeur artistique. Sa nomination sera effective le 22 mai. Le dandy provocateur, longtemps considéré comme un génie, ancien directeur de la création chez Givenchy puis chez Dior, mis au ban du monde de la mode en 2011 après avoir fait scandale en tenant des propos antisémites, créera et lancera sa propre ligne de cosmétiques.

L’Etoile est la propriété du groupe Alcor & Co qui possède plus de 800 magasins de cosmétiques à travers la Russie, au chiffre d’affaires colossal et en hausse constante. Jusqu’à la fin de l’année 2013, le visage de L’Etoile était celui de la chanteuse française Patricia Kaas. En 1997, Galliano, alors à l’apogée de sa gloire, avait ouvert une boutique à Moscou. En 2002, il y avait lancé une ligne de sous-vêtements sous la griffe John Galliano et, en 2004, une ligne de vêtements masculins, précise le titre.

Après Gérard Depardieu, la Russie récupère un nouveau “grand artiste” transfuge de l’Occident

Selon l’agence russe Ria-Novosti, la communauté juive de Russie a exprimé sa “perplexité” devant le choix de L’Etoile. “La mauvaise réputation que M. Galliano s’est acquise à la suite du scandale qui lui a valu son licenciement [de la maison Dior], est loin de pouvoir améliorer l’image du groupe moderne qu’est L’Etoile”, a déploré Boroukh Gorine, son porte-parole. Nous n’avons pas l’intention d’appeler à lancer des campagnes contre telle ou telle société ou organisation. Mais cela fera renoncer beaucoup de gens à acheter des produits cosmétiques à L’Etoile. C’est un choix moral et éthique.”

Dans la presse conservatrice, les réactions sont d’un tout autre type : “La nouvelle de la nomination de Galliano n’entre pas dans la rubrique glamour. Cet événement s’inscrit directement dans le contexte du conflit qui prend de l’ampleur entre l’Occident et la Russie, entre les valeurs de l’Europe libre et créative et la pression de la Russie totalitaire et non créative”, ironise le quotidien en ligne Vzgliad, qui se réjouit qu’après Gérard Depardieu la Russie récupère un nouveau “grand artiste” transfuge de l’Occident, où la liberté – qu’elle concerne l’expression ou la fiscalité – n’est pas, loin s’en faut, à la hauteur de sa réputation.