AstraZeneca, Alstom : quand David Cameron et Arnaud Montebourg mènent le même combat

Pour voler au secours du laboratoire pharmaceutique britannique AstraZeneca, convoité par l’américain Pfizer, David Cameron n’a pas hésité à employer un discours et des méthodes assez proches d’un certain… Arnaud Montebourg.

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AstraZeneca, Alstom : quand David Cameron et Arnaud Montebourg mènent le même combat

Dernier rebondissement dans le feuilleton Pfizer-AstraZeneca : le britannique a rejeté, lundi 19 mai, la dernière offre de l’américain Pfizer, qui était finalement prêt à débourser jusqu’à 117 milliards de dollars pour le croquer. "Elle est inadéquate et aurait représenté des risques significatifs pour les actionnaires, tout en ayant de graves conséquences pour l'entreprise, nos employés et la science au Royaume-Uni, en Suède et aux États-Unis", estime le président du conseil d’administration AstraZeneca. Pfizer avait précisé qu’il s'agissait de son offre "finale" et qu'il ne lancerait pas d'OPA hostile. Même si une nouvelle surprise n’est pas à exclure, ce projet d’acquisition du deuxième laboratoire pharmaceutique anglais, qui aurait été la plus grande opération jamais enregistrée dans le secteur, a du plomb dans l’aile. 

Le gouvernement britannique n’est pas étranger à cette évolution. Comme en France avec Alstom, il n’a pas hésité à flirter avec le protectionnisme pour ne pas voir sa pépite tomber aux mains d’un prédateur américain. Difficile pourtant d’imaginer une même ligne de conduite entre le fougueux ministre de l’Economie français, le socialiste Arnaud Montebourg, et le libéral Premier ministre anglais, David Cameron. Mais ce dernier a multiplié les interventions depuis l’officialisation début mai du désir du numéro un mondial de la pharmacie, l’américain Pfizer, de mettre la main sur AstraZeneca.

 

Retrouvez notre dossier "L'avenir d'Alstom se joue entre General Electric et Siemens"

 

Le "Je veux plus " du premier ministre britannique

Dans un premier temps, David Cameron semblait plutôt favorable à l’offre de Pfizer. Alléchante sur le papier, elle s’accompagne d’une promesse de déménager le domicile fiscal du groupe fusionné au Royaume-Uni (où l'impôt sur les sociétés est moins élevé qu'aux Etats-Unis), d’y baser 20% des emplois en R&D et d’achever la construction du nouveau siège et centre de recherches d'AstraZeneca à Cambridge d’ici cinq ans.

Mais ce qui pourrait être la plus grande cession de tous les temps pour une entreprise britannique suscite beaucoup d’émotion outre-Manche. Tout comme la réputation de Pfizer, adepte des méga-fusions et déjà coupable d’avoir supprimé 1 700 postes en Angleterre lors de la fermeture de son centre de recherche de Sandwich en 2011. Devant la chambre des députés, le Premier ministre avait jugé le 7 mai les promesses de Pfizer "encourageantes" mais pas satisfaisantes. Il n’avait pas hésité à se montrer interventionniste : "Je veux plus". Du Arnaud Montebourg dans le texte ?

Risque de bras de fer entre Bruxelles et le Royaume-Uni

C’était sans compter sur les deux jours de difficiles auditions du patron de Pfizer, Ian Read, devant le parlement britannique, la semaine dernière. "Je ne suis pas assis là à vous dire que nous pouvons devenir plus efficaces sans réduction d'emplois", a-t-il expliqué, avant de reconnaître que le futur groupe aurait un budget de R&D en baisse.

Une prestation désastreuse, comparée à celle livrée ensuite par le meilleur défenseur de l’indépendance d’AstraZeneca : Pascal Soriot. Un Français,nommé en 2012 pour diriger le laboratoire britannique. D’ordinaire discret, cette pointure de l’industrie pharmaceutique mondiale, ancien responsable des activités pharmaceutiques du géant suisse Roche, a su toucher la corde sensible des députés. En soulevant le risque que la recherche du laboratoire, notamment dans la lutte contre le cancer, ne soit compromise par les velléités de Pfizer.

De quoi inquiéter Andrew Miller, le président de la commission des Sciences du Parlement. "L'enjeu national lié à la proposition de Pfizer est exceptionnellement élevé et toute menace envers la capacité de recherche d'AstraZeneca doit être considérée, dans une certaine mesure, comme une menace envers la recherche britannique", a-t-il écrit au gouvernement anglais. "Que l'Etat soit capable ou pas d'obliger Pfizer à tenir ses engagements - et pour nous rien n'est moins sûr -, il nous faut des garanties à plus long terme avant de croire aux promesses de Pfizer envers le Royaume-Uni".

Chez David Cameron, on aurait alors fait savoir que le gouvernement avait la possibilité de juger toute transaction à l'aune de l'intérêt général, mais que cela exigerait d'amender les lois en vigueur. Au risque que l'Union européenne vienne y voir de plus près... Comme avec le décret publié par le gouvernement français en urgence.

Gaëlle Fleitour

Un dossier suivi de près par le gouvernement conservateur suédois

A la tête du gouvernement suédois, le conservateur Fredrik Reinfeldt a aussi fait part de son désaccord sur un rachat par Pfizer. Craignant des pertes d'emplois en Suède si AstraZeneca, issu de la fusion en 1999 entre le britannique Zeneca et le suédois Astra, devait passer sous pavillon américain. L'acquisition par Pfizer du suédois Pharmacia en 2002 "a été une expérience négative, justifie Fredrik Reinfeldt. Il y avait eu à l'époque des promesses sur le maintien d'emplois et d'activités en Suède qui selon nous n'ont pas été honorées". En Suède, AstraZeneca dispose toujours de 5 900 salariés.

 

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