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L'industrie made in Europe
A la veille des élections européennes, L'Usine Nouvelle s'interroge sur l'ambition industrielle du Vieux Continent.
Thibaut De Jaegher
\ 06h21
Thibaut De Jaegher
Disons-le tout net. L’Europe n’a pas de politique industrielle. Elle a des "stratégies" de lutte "contre" (le réchauffement climatique, les émissions de CO2 des voitures) mais très peu de programmes "pour" (l’émergence de champions dans l’énergie, dans les transports…). Si l’on met de côté le programme spatial et Horizon 2020, on peut dire que la matière industrielle fait figure de parent pauvre en Europe. Ce constat est d’autant plus étonnant et attristant que l’industrie fut au cœur du projet des pères fondateurs avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier.
Pour expliquer ce déclassement, il faudrait beaucoup plus que ces quelques lignes. Retenons que l’Europe a développé à outrance une doctrine économique pro-consommateurs, en pensant – à tort – se rapprocher ainsi de monsieur-tout-le-monde. Au nom de ce principe de défense, l’Union a bloqué l’émergence de champions de taille mondiale et sans doute aussi bridé les désirs des capitaines d’industrie. Pour certains, avec la doctrine actuelle de la Commission (qui s’infléchit, reconnaissons-le), Airbus n’aurait jamais pu voir le jour… alors même qu’il est brandi comme l’exemple à suivre pour construire des champions européens transnationaux.
La question qui est posée à l’institution Europe, finalement, est bien celle-là : en pleine affaire Alstom, le Vieux Continent veut-il et sait-il produire des fleurons industriels ? A-t-il l’ambition de fabriquer d’autres Airbus ? La réponse est complexe. Plusieurs groupes européens brillent sur la scène internationale (Volkswagen notamment), mais demeurent largement attachés à un pays. Les projets censés engendrer un "Airbus de l’énergie", timorés, prouvent aussi la difficulté à dépasser la logique nationale.
Est-ce la faute des institutions européennes ? Clairement non. On fustige souvent la Commission, mais on oublie qu’elle n’a pas de mandat pour piloter une stratégie industrielle européenne. Son champ d’intervention se limite à celui d’un facilitateur, sa mission à créer un environnement favorable au développement des entreprises, notamment petites et moyennes. En matière industrielle, la balle est dans le camp des États. Et là, le problème du Vieux Continent, ce n’est pas l’absence de politique industrielle mais un trop-plein. Il y a autant de politiques que d’États membres… Le made in Europe n’est pas pour demain.
Thibaut de Jaegher
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