Le futur des médias sociaux par l’analyse des acquisitions de Facebook
L’acquisition de WhatsApp par Facebook aura fait parler d’elle. 19 milliards de dollars pour une application en pleine croissance, c’est l’un des plus grands rachats de l’histoire. Certains y verront encore un signe du retour de la bulle internet mais cette fusion n’a rien à voir avec celle d’AOL-Time Warner, ni avec les nombreuses acquisitions désastreuses qui ont conduit les années 2000 vers le chemin de la ruine…
La simple notion d’argent générée par les acquisitions historiques de Facebook ne doit pas nous faire oublier la vraie question :
Là où Facebook va, les autres médias sociaux vont !
C’est avant tout la propagation de Facebook qui a fabriqué le concept des « médias sociaux » d’aujourd’hui. Mark Zukerberg est à l’origine des normes mises en place et a continuellement élargi le rôle de ces médias dans notre société. Résultat : Les utilisateurs sont satisfaits par Facebook et aiment le montrer.
L’ombre de Facebook est toujours bien présente dans la sphère sociale
Les concurrents ont grandi, les jeunes utilisateurs fuient vers des sites plus nichés ou plus privés mais Facebook résiste. Le réseau a peut-être atteint son niveau de maturité mais il sait reconnaître les entreprises à la pointe du développement pouvant s’intégrer à sa plateforme.
Facebook est donc toujours dans une perspective d’avenir florissant
Que ce soit en termes de talent ou de produits, et surtout dans le contexte de l’achat de WhatsApp. Mais avant de commencer une analyse en profondeur, regardez avec attention cet outil retraçant la chronologie des acquisitions des 5 meilleures entreprises de haute technologie mondiale pour les comparer efficacement.
L’histoire et la stratégie des acquisitions de Facebook
Les acquisitions de Facebook se découpent en phases dans le temps. Mais celles-ci peuvent parfois se chevaucher.
Phase 1 : Les achats évidents – faits par Facebook les yeux fermés
Dès son plus jeune âge, la société Facebook a fait un certain nombre d’achats qu’il aurait été stupide de ne pas faire !
- Facebook.com et une foule de domaine semblable
- Les brevets Friendster
- Le brevet ConnectU
- FriendFeed…
Ce sont des achats évidents parce qu’ils ont tous émergé du même ragoût des sites proto-sociaux que Facebook cherchait à dominer. En les acquérant, Facebook se positionne comme le premier site social émergeant et bénéficie du coup de brevets basiques comme le système de « like ». L’achat de l’importateur de contacts Octazen permet au site d’étendre ses fonctionnalités. Les utilisateurs peuvent ainsi trouver facilement leurs amis. Encore une acquisition qui contribue à l’expansion rapide de Facebook.
Phase 2 : Etendre l’idée des médias sociaux
Une fois ces bases établies, Facebook part dans l’idée d’étendre notre conception de ce qu’est le média social et se positionne au centre de la vie de nombreux utilisateurs. Pendant cette phase il achète entre autres :
- Divvyshot pour les partages de photo
- Sharegrove pour les conversations privées et les forums
- Nextstop pour les conseils en voyage
La réunion de ces fonctions propulse le média social bien au-delà du simple flux de mise à jour de nos statuts. Il permet de se connecter avec famille, amis et collègues de 1000 manières différentes. Les utilisateurs découvrent des besoins qu’ils n’auraient jamais pu imaginer auparavant. Depuis, nombre de ces manières de communiquer sont entrées dans les mœurs, tant au niveau des réseaux sociaux que dans la vie courante.
Phase 3 : La monétisation
A l’approche de son introduction en Bourse, Facebook sent la pression de la monétisation se rapprocher. Pas surprenant que le réseau social toujours n°1 se tourne alors vers l’acquisition d’entreprises génératrices de revenus :
- Rel8tion Atlas pour la publicité
- Tagtile et ses applications de fidélisation de clientèle
- Karma pour les dons sociaux
- Spaceport avec les jeux
Ces acquisitions fournissent au site soit des fonctionnalités croissantes, soit un cadre idéal pour la stabilisation de technologies déjà existantes. Les modèles qui en découlent sont encore les normes établies dans le monde du réseau social actuel.
Phase 4 : le Tout Mobile
En tant qu’innovateur technologique, Facebook a su voir le passage au mobile relativement tôt en acquérant plusieurs sociétés :
- Application mobile HTML5
- Strobe, de retour avec un véritable talent en 2011
- Hot Potato avec sa fonctionnalité d’enregistrement sur mobile
Depuis l’envolée des jeunes utilisateurs vers les applications mobiles, la pression sur Facebook augmente. Ces gamins nés avec un portable greffé dans la main représentent l’avenir. Ainsi, les acquisitions de Facebook s’axent d’avantage autour du mobile :
- Snaptu, un développeur d’applications mobiles
- Gowalla, service basé sur la localisation
- Spool, bookmarking mobile et partage de contenu
- Oseta, un logiciel pour mobile
- Onavo, l’analyse pour mobile
Les acquisitions Instagram et WhatsApp pour un pas vers le futur des médias sociaux
Ces sont les deux plus grandes acquisitions de Facebook et elles s’intègrent parfaitement dans la trajectoire mobile tout en offrant des avantages différents.
Instagram :
L’application mobile de Facebook n’était pas terrible, celle d’Instagram l’était. Le rachat d’Instagram a ajouté une couche de fonctionnalités mobile à Facebook ainsi que des données supplémentaires pour insérer de la pub en ligne. Et c’est sans comptez sur la modernisation des fonctionnalités photos avec des filtres amusants. Petit plus crucial lorsque l’on sait que les réseaux sociaux tendent vers un mode de partage d’images au détriment du partage de texte.
Vous avez besoin de preuve ?
Regardez les concurrents de Facebook et d’Instagram question partage de photos. La plupart se sont mis au diapason avec ces filtres, une intégration qui n’était pas dans la norme quelques années plus tôt.
WhatsApp :
Bien qu’étant dans une sphère différente, l’achat de WhatsApp a été fait pour des raisons similaires. Facebook voit clairement la messagerie mobile comme l’avenir du réseau social, on a déjà pu le remarquer lors de son achat manqué de SnapChat.
La fonctionnalité de WhatsApp dépasse de loin le chat de Facebook et sa base d’utilisateurs croît rapidement.
Cet investissement de 19 milliards ne sera peut-être jamais remboursé de manière directe, mais cela permet à Facebook d’absorber l’exode des jeunes utilisateurs et de mettre à nouveau en place le modèle du futur des médias sociaux, qui pourrait bien valoir des milliards. Bien plus que ce qui a été dépensé au final selon Mark Zuckerberg.
Alors qu’est-ce que cela signifie pour le futur du social ?
Nous savons que le social est mobile et qu’il continuera dans ce sens. Maintenant la question est : « Qu’allons-nous faire avec toute cette fonctionnalité mobile ? » Ou « Comment Facebook va gérer l’espace qu’il s’efforce de dominer avec ses achats ? » Selon Facebook, ce futur du mobile aura un impact majeur sur la communication sociale et le marketing.
Le partage mobile
Les derniers achats de Facebook se basent sur le principe de la simplicité. Des plateformes basiques offrant plus de fonctionnalités et une utilisation simplifiée pour les utilisateurs dans le cadre de leur propre plateforme. Parallèlement, c’est vers un système rationnel et une vie privée que l’on tend, car les messages de WhatsApp garantissent plus d’intimité entre expéditeurs et destinataires.
Le marketing
Avec cette tendance, les entreprises de médias sociaux et les blogueurs peuvent allier accès mobile, brièveté et simplicité. Aujourd’hui, les marketeurs doivent s’attendre à ce que les lecteurs consomment leur média sur de plus petits appareils, comme l’explique cet article sur le futur du blogging. Ces appareils appellent aux messages courts ou tout du moins aux messages bien repartis sur l’écran.
L’envolée vers la communication sociale va sûrement mettre le consommateur dans un état d’esprit plus interactif. Les marketeurs peuvent utiliser cet aspect à leur avantage avec une expérience plus gamifiée.
Et vous, comment voyez-vous l’évolution de Facebook dans cet avenir de communication plus mobile et sociale ?
Sources :
- Inspiré de l’article de Rosie Barry-Scott, stratège en contenu dans l’entreprise de marketing digital The New Craft Society.
- Illustrations de Tony Founs
6 commentaires
Bonjour Haydée,
Toujours un plaisir de lire tes articles 😉
Le rachat de WhatsApp par Facebook traduit la volonté de ce dernier de combler son retard à l’international dans la course à la messagerie mobile. WhatsApp avait pris beaucoup trop d’avance : plus de 450 millions d’utilisateurs actifs à travers le monde et 1 million de nouveaux utilisateurs par jour. Mark Zuckerberg devait soit abandonner le marché soit avaler WhatsApp avant qu’il soit hors de portée. Il a fait le choix de rester le numéro 1 !
Bonjour Geoffrey,
WhatApp a de l’avance et Facebook de l’argent !
Zuckerberg aurait été bien bête de ne pas investir en effet. 19 milliard c’est cher, certes, mais combien aurait-il payé par la suite sans cette acquisition ? Restera-t-il numéro 1 ?
Google+ arrive en force, une belle « course » à suivre… 😉
Merci Haydée de ce point de vue.
Que l’usage du mobile continue à grandir parait inéluctable. On peut même se demander si d’ici quelques années, il y aura des mobiles qui ne serviront qu’à téléphoner.
Cependant les usages sur mobile seront toujours diversifiés. Irons nous par exemple dans un avenir de « magasins connectés », où le client reste toujours enclin à désirer toucher et voir le produit?
Ou irons nous vers un magasin virtuel?
L’approche sociale dépendra du positionnements des marques.
Mais aussi de la capacité de nos sociétés au sens plus large à imaginer une société sans magasins.
Bonjour Jacques,
Je me demande pour ma part si le mobile ne sera pas complètement remplacé par les Google glass (ou autre glasses) d’ici quelques années ! J’ai lu un article intéressant à ce sujet concernant un type qui a porté des Google glass pendant un an, son premier aveu a été de dire qu’il haïssait son téléphone depuis et qu’il ne comprenait plus qu’il pouvait l’avoir greffé à sa main pendant toutes ces années.
Je suis une adepte de l’achat via internet depuis des années et cette envie de toucher le produit n’est pas indispensable pour moi. D’ailleurs je me demande comment les jeunes de la génération Y le vivent de leur côté (je suis proche de cette génération en même temps).
La démocratisation des magasins virtuels est déjà bien avancée dans certains secteurs. Je pense à l’essor des banques en ligne par exemple. Je pense que cette dématérialisation est une bonne chose pour le futur.
« Et vous, comment voyez-vous l’évolution de Facebook dans cet avenir de communication plus mobile et sociale ? »
Comme un media, avec de la publicité targetée et re-targetée, socialement localisée, contextualisée et geolocalisée, formatée sous forme d’application mobile freemium, correspondant pourquoi pas selon les heures aux diffusion pub TV en rapport des usages second-screen
« Your life magazine, your facebook » en bref !
Bonjour Nipetu,
Le monde change et les entreprises ciblent de plus en plus. Pour ma part je fais de même à mon échelle.
Le tout pour Facebook est de ne pas aller trop loin niveau pub, car à force de targeter et de cataloguer ses utilisateurs, le réseau peut parfois s’égarer dans certaines dérives intrusives.
Pour le reste, l’évolution n’est pas un mal en soi et si je me pose en tant que cible je préfère qu’on réponde précisément à mes besoins que l’inverse.
Mais ne résumons pas Facebook uniquement à sa publicité, ce serait un peu réducteur.