Le Mediator aurait pu être retiré du marché en 1997, au même titre que les autres anorexigènes.

Le Mediator aurait pu être retiré du marché en 1997, au même titre que les autres anorexigènes.

L'Express

Sans dédouaner le laboratoire Servier, les conclusions définitives du rapport d'expertise judiciaire, bouclé en décembre 2013, transmis au début du mois de mai aux parties, et dont l'Express a eu connaissance, n'épargnent pas les autorités de tutelle dans l'affaire du Mediator.

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"Dès 1997 un certain nombre d'informations étaient parvenues à l'Affsaps (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), évoquant le fait, qu'après le retrait du marché des anorexigènes, notamment de la felfluramine de la dexfenfluramine [ponderal, isomeride, NDLR], les indications détournées du Médiator augmentaient en nombre", relèvent ainsi les auteurs du rapport.

Des outils inutilisés, des alertes oubliées

Des prescriptions hors AMM (autorisation de mise sur le marché) qui, pour certains patients, se sont révélées désastreuses. Or, soulignent les experts, la Caisse nationale d'assurance maladie dispose depuis 2004 d'une base de données permettant le suivi des mésusages des médicaments.

Mais, pendant dix ans, les autorités s'appuient sur les seuls chiffres de la société privée IMS Health, estimant le volume des prescriptions du Mediator hors AMM, pour justifier le maintien du médicament sur le marché. Et ce, en dépit des nombreuses alertes lancées par des médecins, recensées par le rapport de l'Igas publié en janvier 2011.

Sur ce point, les trois experts judiciaires (les professeurs Ricordel, Rieu et Farrington) versent d'ailleurs une nouvelle pièce au dossier : le 5 décembre 1998, un médecin généraliste, le Dr Morin, alerte le centre de pharmacovigilance de Montpellier, l'information est transmise à l'Agence du Médicament. Mais elle restera sans suite.

Au final, la première enquête n'a été déclenchée par les autorités qu'en 2010, après la révélation du scandale par Irène Frachon.

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