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Européennes : comparez les programmes des principaux candidats

Economie, fiscalité, immigration, environnement... « Le Monde » a analysé les propositions des listes françaises pour les européennes.

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Publié le 22 mai 2014 à 11h07, modifié le 25 mai 2014 à 08h39

Temps de Lecture 1 min.

Un tracteur repeint aux couleurs de l'Europe à Kloten, en Suisse, lundi 10 février.

Alors que se clôt la campagne des européennes, qui n'a, au vu du taux d'abstention attendu, pas passionné les Français, Le Monde a voulu se pencher plus précisément sur les programmes des candidats. Nous avons sélectionné six grands thèmes liés à l'europe, et avons comparé les propositions des six principales formations en lice, lorsqu'elles en avaient.

› Quelle politique pour l'euro ?

La monnaie unique continue d'alimenter des polémiques régulières. Mais très peu de partis plaident pour la supprimer purement et simplement.

Nouveau parti anticapitaliste

Le NPA critique le discours de sortie de l'euro qu'on retrouve chez le Front national, estimant qu'« un tel retour en arrière ne ferait qu’aggraver encore le sort des populations ».

Front de gauche

L’euro fait débat au Front de gauche. S’appuyant sur les propos de l’économiste Jacques Généreux, que Jean-Luc Mélenchon définit comme son « maître à penser », ce dernier a déclaré que « la question n’est plus de savoir si on doit sortir de l’euro, mais quand et comment on le fera ». Le programme du FG est pourtant clair sur ce point : prôner une sortie de l’euro est « économiquement hasardeux ». Pour la coalition de la gauche radicale, il est « indispensable » de réformer les statuts de la BCE pour qu’elle puisse prêter directement aux Etats et aux collectivités territoriales.

Parti socialiste

Pas question pour le PS de sortir de l'euro, mais si la monnaie unique a pu jouer pendant la crise « un rôle de tampon efficace », les socialistes estiment que « la construction de l'union économique et monétaire européenne n'est pas encore achevée ». Le PS demande une politique plus « audacieuse » et plus « favorable à la croissance et à l'emploi » de la Banque centrale européenne, qui suppose une baisse de la parité de l'euro face au dollar.

Europe Ecologie-Les Verts

EELV veut « redonner ses valeurs à l'euro » et demande un débat sur « une réforme de la gouvernance et des objectifs de la BCE ». Le parti juge que l’action des ministres des finances de la zone euro doit être « mieux contrôlée ». Dans sa ligne de mire : la troïka dont il demande la « suspension immédiate ».

UDI / MoDem

Les centristes veulent une zone euro plus intégrée. Leur proposition phare est la création d'un gouvernement de la zone euro pour renforcer la convergence sociale et fiscale. La zone euro devrait également être dotée d'un budget autonome alimenté par des ressources propres. Ce point devrait favoriser, selon les centristes, des politiques communes en matière d'emploi et d'investissements.

UMP

Contrairement au FN, l’UMP entend rester dans la zone euro. La droite plaide pour un respect absolu de la règle des 3 % de déficit et se dit pour « une maîtrise des dépenses publiques et de la fiscalité à tous les niveaux ». Elle ne dénonce pas l’euro fort, estimant que c’est avant tout le déficit de compétitivité de l’économie française qui pénalise son industrie. Le parti juge aussi « indispensable que l'action de la Banque centrale européenne, en plus de son rôle dans la lutte contre l'inflation et en faveur de la stabilité monétaire, soit davantage tournée vers le soutien à la croissance et à l'emploi ».

Front national

C'est le cœur du projet de Marine Le Pen : la sortie de l'euro. « Il faut rétablir notre monnaie nationale ainsi que les prérogatives de la Banque de France, en concertation avec nos partenaires, afin que nos exportations, notre industrie et l’emploi soient considérablement dynamisés », notent les frontistes. Le parti d'extrême droite exige aussi l'arrêt des plans de renflouements qui « aggravent notre dette ».

Mais le Front national n'est pas le seul parti sur ce créneau : Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) défend lui aussi une sortie de la monnaie commune.


› Politique économique et croissance

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L'Europe, bouc émissaire de l'austérité, doit-elle changer d'orientations économiques ? C'est le souhait d'une grande partie des formations françaises.

Nouveau parti anticapitaliste

Le NPA, qui appelle à faire « valser l’austérité et le gouvernement », voit dans cette élection l’occasion de dire non au pacte de responsabilité.

Front de gauche

Le Front de gauche a fait de la lutte contre les politiques d’austérité, qui « provoquent une catastrophe sociale et écologique », un axe fort de sa campagne. « L’arrivée au pouvoir du PS et de François Hollande n’a rien changé par rapport à l’alignement de la politique de Nicolas Sarkozy sur celle d’Angela Merkel », affirme leur document de campagne. « Le TSCG n’a en rien été renégocié comme promis. » Le parti propose aussi une « conférence sur les dettes publiques » qui « aboutirait à l’annulation d’une grande part des dettes insoutenables des Etats membres ».

Parti socialiste

Le PS veut « relancer l'économie » contre « la politique d'austérité qui a causé l'effondrement » économique de ces dernières années sur le continent. S'il ne remet pas en cause la lutte contre les déficits publics, son premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis souhaite qu'après l'élection, le critère des 3 % établi dans le traité de Maastricht en 1992 soit renégocié, car « il a été édicté à une époque qui ne correspond plus à la crise actuelle ». Par ailleurs, le PS veut « laisser davantage de marge de manœuvre pour les investissements via les budgets nationaux » et propose une « véritable coordination des politiques économiques et fiscales » européennes pour « gérer la dette publique » à l'échelle du continent. Les parlements nationaux doivent « conserver leur souveraineté » en matière économique et fiscale. « Les troïkas sont clairement un échec à cet égard », estime le PS.

Europe Ecologie-Les Verts

UDI / MoDem

Les candidats UDI-MoDem veulent une politique industrielle européenne. Contre la désindustrialisation, ils prônent le lancement de grands programmes sectoriels européens ainsi qu'un grand plan d'infrastructures au niveau de l'UE.

Ils défendent aussi l'émergence de champions industriels européens. A ce titre, ils sont favorables à un rapprochement entre le français Alstom et l'allemand Siemens. Concernant les PME, les centristes proposent de créer un « small business act » pour que les petites et moyennes entreprises de l'Union aient un accès privilégié aux marchés publics.

UMP

L’UMP veut faciliter l’emploi, en particulier des jeunes, en renforçant le Fonds social européen pour l’intégration professionnelle – un soutien renforcé à la formation, à l’apprentissage et à l’entrepreneuriat. Elle préconise le lancement de grands projets européens pour faire émerger des champions industriels à l’échelle mondiale. Ce qui suppose des politiques communes dans des secteurs d’avenir (énergie, numérique, spatial, recherche…).

Front national

Le Front national veut « opposer au libre échange et à la mondialisation sauvage une mondialisation régulée ». Pour cela, les frontistes veulent un « protectionnisme intelligent » grâce à des droits de douane pour « rétablir une juste concurrence avec les pays dont l’avantage concurrentiel est issu du moins-disant social et des manipulations monétaires ». Ces propositions vont de pair avec leur volonté de sortie de l'Union européenne.


Les deux négociateurs en chef du traité Tafta, le 14 mars à Bruxelles : Ignacio Garcia Bercero du côté européen, Dan Mullaney du côté américain.

› Commerce extérieur et traité transatlantique

Le traité de libre échange Tafta a focalisé les critiques lors de cette campagne. Et de fait, presque toutes les formations l'évoquent. Quasiment toutes demandent aussi de meilleures barrières douanières européennes.

Nouveau parti anticapitaliste

Pour le NPA, le traité transatlantique en négociation entre l'Europe et les Etats-Unis vise à "démanteler les normes limitant les profits des multinationales".

Front de gauche

Jean-Luc Mélenchon, qui en a fait son principal axe de campagne, a appelé à faire du 25 un « référendum » pour ou contre le traité transatlantique. Farouches opposants « à la concurrence libre et non faussée », PCF et PG mettent en garde contre « bœufs aux hormones, poulets à l’eau de Javel et OGM [qui] pourraient déferler dans nos assiettes ». Le Front de gauche s'oppose aussi au principe du recours à des tribunaux d'arbitrage. « Ce serait une remise en cause insupportable de la souveraineté juridique des Etats au profit du capital financier transnational », dénonce le programme du parti.

Parti socialiste

Le sujet divise les socialistes : l'aile gauche du PS est très méfiante à l'égard du projet Tafta. Mais le PS se veut rassurant et indique que « tous les accords commerciaux », dont le traité transatlantique, doivent « garantir la protection des droits de l'homme et des droits sociaux des citoyens, un travail décent, le respect des normes environnementales, la culture ainsi que la responsabilité sociale des entreprises et le juste échange ». Les socialistes préviennent qu'ils ne ratifieront pas un traité qui remettrait en cause « le modèle social de la France et de l'Europe ».

Europe Ecologie-Les Verts

Pour EELV, ce traité placerait « les intérêts des multinationales au-dessus de l’intérêt général ». Egalement dans le viseur du parti, le principe du recours à des tribunaux d’arbitrage.

UDI / MoDem

Les candidats UDI-MoDem ne remettent pas en question l'existence du traité mais demandent de la transparence. Ainsi, ils exigent « une harmonisation par le haut » des normes de qualité et de sécurité. « Notre modèle aux standards élevés n'est pas négociable », estiment-ils. Ils s'opposent également « au remplacement de la justice régalienne par une justice privée arbitrale ».

UMP

Sans parler de protectionnisme, la droite plaide pour un strict respect du principe de réciprocité dans tous les accords commerciaux. Elle propose que l’Europe réserve l’accès à ses marchés publics aux entreprises des pays ayant eux-mêmes ouvert leur marché. L'Union doit également « soutenir la croissance » des entreprises à travers un « small business act », (réserver une part des marchés publics aux PME) et un « buy european act » (réserver aux entreprises qui fabriquent en Europe, notamment les PME, une part des marchés publics de l'UE). L’UMP est le seul parti français à approuver le principe des discussions dans le cadre du traité transatlantique, pour lesquelles elle demande tout de même de la transparence.

Front national

L'opposition au traité transatlantique, « machine de guerre ultralibérale, antidémocratique, antiéconomique et antisociale », est l'un des arguments de campagne majeurs du FN. Le parti espère mobiliser sur ce thème pour convaincre les derniers hésitants eurosceptiques à voter pour lui. Dans son argumentaire, ce texte signifierait une régression généralisée. « Toutes les normes environnementales, agricoles et alimentaires seraient modifiées au profit de grandes firmes multinationales. Cela signifie que demain, vous et vos familles pourriez manger du bœuf aux hormones, du poulet à la Javel, des OGM fabriqués en masse aux Etats-Unis. » Une oppostion ferme, partagée par Nicolas Dupont-Aignan.


› Fiscalité et social

Evasion fiscale, Europe sociale... les partis rivalisent de propositions autour de ces questions, sans doute les plus vendeuses pour l'électorat.

Nouveau parti anticapitaliste

Le NPA est pour l'interdiction des licenciements et pour un salaire minimum européen, et appelle à la mise en place de « services publics européens » dans plusieurs domaines comme les transports, l’énergie ou la santé.

Front de gauche

Le Front de gauche défend la distinction entre banque de dépôt et banque d'investissement et veut « en finir avec l’Europe de la finance ». Il souhaite également la création d’une taxe « couvrant toutes les transactions financières ». Le parti veut interdire les licenciements boursiers et prône un salaire minimum européen. Le parti affirme qu’ils refusera d’appliquer la directive européenne sur les travailleurs détachés et obligera les employeurs à appliquer le droit du travail à tous les salariés quelle que soit leur nationalité.

Parti socialiste

Le PS veut réduire « de moitié » l'évasion fiscale en Europe d'ici à 2020. Outre le « renforcement de la régulation du secteur bancaire », le « plafonnement des bonus des banquiers » et la mise en place de la taxe sur les transactions financières, les socialistes souhaitent que « la future réglementation oblige les banques à servir les citoyens plutôt [qu'à] les dépouiller ». Le PS veut créer « une agence européenne de notation de crédit » indépendante et publique, pour que le secteur financier « contribue » à la société.

Côté social, le PS veut mettre fin aux abus concernant les travailleurs détachés et milite pour l'instauration de salaires minimaux « décents » dans tous les pays européens, au moins égaux à « 60 % du salaire médian du pays ». Il juge « indispensable » de « définir des objectifs contraignants en matière d'emploi, d'éducation et de cohésion sociale », au même titre qu'en matière de réduction des déficits. La mise en œuvre d'une « garantie européenne pour l'emploi des jeunes » et d'une « politique industrielle ambitieuse » doit permettre de « ramener le plein emploi ». Pour lutter contre le « dumping social », les socialistes proposent des « règles strictes » visant à « garantir l'égalité de rémunération pour un travail équivalent » entre les salariés européens.

Europe Ecologie-Les Verts

EELV veut mettre « la finance au pas ». Pour y arriver, les écologistes réclament la création d’un parquet européen « qui s’attaque à la corruption et à la criminalité financière » et d’une liste noire européenne des paradis fiscaux. Ils souhaitent séparer « de manière stricte » banques de dépôt et banques d’investissement.

Côté social, les écologistes préconisent un fonds européen d’indemnisation chômage avec « une convergence automatique vers les plus hauts standards sociaux pour mettre fin au dumping social », et sont en faveur d'un salaire minimum européen.

Concernant les travailleurs détachés, le parti demande que les conditions soient durcies pour les entreprises européennes bénéficiant de cette directive."

UDI / MoDem

Les centristes proposent « un nouveau traité de convergence sociale et fiscale » afin de lutter contre le dumping. Cette harmonisation devrait concerner « l'assiette et les taux effectifs des impôts sur les socités et les montants des cotisations sociales ». Toujours pour combattre la concurrence entre salariés de différents Etats membres, est proposée l'instauration d'un droit du travail européen, dont l'initiative devrait être laissée aux partenaires sociaux.

Concernant le statut du travailleur détaché, Les Européens proposent que l'employeur « paye, dès 2014, les charges sociales du pays dans lequel il emploie le salarié ». Les centristes plaident aussi pour la mise en place d'un smic européen, dans l'idée d'une « harmonisation par le haut »."

UMP

L'UMP plaide pour une convergence fiscale et sociale au sein de l'Union pour « mettre fin à la concurrence déloyale ». Elle juge nécessaire de réduire les écarts causés par une application disparate du droit du travail et des trop grandes différences de coût de travail entre les 28. Le parti défend « l’application des améliorations adoptées sur la directive concernant les travailleurs détachés, qui vise à lutter contre les abus, notamment dans le secteur du bâtiment ».

Front national

Le Front national fait de la directive détachement un épouvantail anti-UE. « L’UMPS encourage la mise en concurrence des travailleurs européens afin de faire baisser les salaires », affirme le parti d'extrême droite. Pour le FN, ce texte « autorise, pour le même poste, à payer un travailleur étranger moins cher qu’un travailleur français ». Un « scandale » auquel le FN promet « de mettre fin ».


› Environnement et agriculture

Autre grand sujet européen, l'environnement. Mais pas seulement : la politique agricole commune, qui représente près de la moitié du budget communautaire, est aussi au cœur des enjeux.

Nouveau parti anticapitaliste

Le NPA souhaite mettre en place un "plan de rupture énergétique" en sortant du nucléaire et des énergies fossiles et en développement les énergies renouvelables et la sobriété énergétique. Le parti anticapitaliste s'oppose fermement au gaz de schiste, aux pesticides et aux OGM.

Front de gauche

Le Front de gauche souhaite une « refondation » de la PAC pour développer « une agriculture écologique, paysanne, de proximité ». Le parti promet également « un grand plan d'investissement pour reconstruire les économies et enclencher la transition écologique » avec l’instauration d’une taxe kilométrique au niveau national et européen et des visas sociaux et environnementaux aux frontières de l’UE.

Parti socialiste

A échéance de 2020, le PS plaide pour la définition de « nouveaux objectifs contraignants » sur les émissions de carbone, et pour l'augmentation de la part des énergies renouvelables. Les socialistes veulent financer des investissement à l'échelle continentale dans l'économie et les technologies vertes. Côté agricole, ils promettent de réformer la PAC pour « rompre avec le modèle de l'agriculture intensive » et développer le bio.

Europe Ecologie-Les Verts

Les écologistes voient grand avec « une Europe zéro carbone et zéro nucléaire ». Ils proposent trois objectifs : réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre, porter à 45 % la part de renouvelables dans la production d'énergie, et améliorer de 40 % l'efficacité énergétique d'ici à 2030. Leur programme inclut la promesse d’un moratoire européen sur les gaz de schiste, un plan de sortie du diesel sur dix ans et une taxe carbone aux frontières de l'Europe. Cette dernière sera déclarée « zone sans OGM ». EELV veut aussi affecter 50 % de la PAC à l’agriculture paysanne et aux circuits courts et développer le bio avec l’objectif de 30 % de production en Europe pour 2030.

UDI / MoDem

Les centristes défendent une « politique agricole qui permette l'autosuffisance alimentaire en Europe ». Ils défendent le respect des règles de développement durable et « la protection du secteur de l’élevage et de la viticulture au travers du maintien des autorisations de plantation ».

Le MoDem et l'UDI veulent mettre en place un Grenelle de l'environnement au niveau de l'UE pour « stimuler la croissance et la réduction des gaz à effet de serre ». Ils fixent l'objectif d'une réduction des émissions de CO2 de 50 % d'ici à 2030. Enfin, ils défendent l'instauration d'une contribution carbone sur tous les produits fabriqués hors de l'Europe qui ne respecteraient pas nos normes environnementales.

UMP

La question environnementale n'est pas directement abordée par l’UMP, qui appelle néanmoins à en finir avec une multitude de normes trop contraignantes. « La Commission européenne doit arrêter de vouloir trop réglementer. Il faut arrêter de produire des directives et des règlements, qui imposent des contraintes coûteuses et parfois inutiles à nos entreprises », écrit l’UMP dans son programme.

En matière d’agriculture, l’UMP reste très floue : elle juge que l’Europe doit en faire un secteur « hautement stratégique » et exige « le maintien d’une politique agricole forte, durable et dotée d’un budget ambitieux ».

Front national

Si la question environnementale n'est quasiment jamais abordée par le FN, celle de la PAC est un élément important de son projet. « La politique agricole commune est le premier facteur de l’affaiblissement de l’agriculture et de l’agroalimentaire de notre pays », avancent les frontistes.

Contre la PAC, ils veulent créer la PAF – politique agricole française.Selon eux, une politique agricole nationalisée aurait plusieurs avantages. D'abord « augmenter, puis sanctuariser, le budget dédié aux aides agricoles. Cette augmentation peut être financée en cessant de financer Bruxelles ». Ensuite, elle permettrait d'« interdire ou taxer, via les barrières douanières, les produits issus des pays qui ne respectent pas nos normes ou ont massivement recours au dumping social ». Enfin, la PAF pourra « soutenir, quand cela est nécessaire, les prix des denrées agricoles afin de pérenniser la diversité de nos productions ».


› Institutions

Faut-il réformer l'Union ? La plupart des partis estiment que oui, et font des suggestions en ce sens.

Nouveau parti anticapitaliste

Le NPA appelle à sortir des traités européens qui ne servent « qu'à imposer la liberté de circulation des capitaux, la mise en concurrence des travailleurs et l'austérité ».

Front de gauche

Héritier du « non » au traité constitutionnel européen en 2005, le FG appelle à « désobéir et rompre » avec les traités européens. De Maastricht au TSCG, ces derniers organisent selon lui « le dumping social et fiscal » et « imposent des politiques d’austérité permanentes ». Le FG juge également qu’il faut « refonder » une Europe plus démocratique. Pour cela, les parlements nationaux doivent recouvrer leur compétence budgétaire et être associés aux processus d’élaboration des lois et des règles européennes.

Parti socialiste

Martin Schulz, le candidat des socialistes européens à la présidence de la Commission, le répète à chacun de ses discours : l'Europe doit cesser de légiférer sur « les bouteilles d'huile d'olive » ou sur « le volume des chasses d'eau », et s'occuper des « priorités quotidiennes des Européens ». Le PS veut renforcer le rôle du Parlement européen en le dotant de l'initiative législative qu'il n'a pas et en étendant « son pouvoir de codécision et de contrôle dans les domaines économique et budgétaire ». Le président de la Commission doit être élu au suffrage universel indirect et les décisions du Conseil des chefs d'État et de gouvernement doivent être prises à la majorité qualifiée et non plus à l'unanimité.

Europe Ecologie-Les Verts

Pour EELV, la mise en œuvre d’une Europe fédérale doit avoir pour but de « simplifier ses institutions pour établir un lien plus étroit entre les citoyens et leur Europe ». Trois principes sont essentiels selon les écologistes : « contrôle étendu » des parlementaires européens sur la Commission et ses politiques, transparence et responsabilité accrues à tous les niveaux de décision et augmentation du budget européen pour que l’Union européenne ait « les moyens de ses ambitions ». Les écologistes s'engagent aussi à relancer un travail sur la Constitution européenne dont le texte serait validé par un référendum organisé le même jour partout en Europe.

UDI / MoDem

Les centristes défendent un projet européen qui tend vers le fédéralisme, même si le mot n’est jamais utilisé. La proposition numéro 55 de leur projet veut faire élire le président de l'Union européenne au suffrage universel. D'abord, par un « congrès composé de parlementaires européens et des représentants des Parlements nationaux », pour, à terme, aboutir à une élection par les citoyens eux-mêmes. Dans le même sens, MoDem et UDI veulent une politique étrangère et une défense européenne communes. Sur ce dernier point, les partisans de Jean-Louis Borloo et de François Bayrou souhaitent « mutualiser les moyens de recherche, de renseignement et de projection des forces militaires et humanitaires ».

UMP

L’UMP défend désormais une Europe « à géométrie variable », qui doit « permettre aux pays qui veulent avancer plus vite et plus loin de pouvoir le faire ». Le parti cite plusieurs exemples de « coopérations à géométrie variable » : « sur les questions d'immigration avec les États du nord de la Méditerranée », « dans le domaine nucléaire avec le Royaume-Uni et la Finlande », « avec l'Allemagne et les pays nordiques dans le domaine du développement des industries électroniques et de communication ». Pour la droite, qui appelle à « redéfinir la répartition des missions entre les Etats membres et l’Union européenne, le principe de subsidiarité doit primer : « L’Europe ne doit agir que dans les domaines où une politique européenne sera plus efficace qu’une politique nationale. » Les politiques familiales et les questions de société doivent relever de la sphère nationale, juge par exemple l’UMP. En revanche, la droite presse l’Europe de se doter d’une politique et de moyens de défense communs, chaque pays de l'Union devant consacrer « une part significative de son PIB à cette mission ».

Front national

Le Front national rejette tout projet supranational et appelle au retour à une Europe des nations.


› Immigration

L'espace douanier commun, les contrôles aux frontières, la nécessité ou non de réformer l'accord de Schengen qui régente l'immigration dans l'UE... Le sujet est lui aussi au centre des préoccupations des partis.

Nouveau parti anticapitaliste

Le NPA prône la libre circulation et la régularisation des sans-papiers, l'arrêt de toutes les discriminations, en particulier contre les musulmans ou les Roms, le droit de vote pour les étrangers résidents.

Front de gauche

Le Front de gauche s’engage à supprimer les zones de rétention administrative « qui sont des zones de non-droit » et à renégocier les accords de Schengen.

Parti socialiste

Pour les socialistes, « en matière de contrôles aux frontières extérieures, la répression ne peut pas devenir l'alpha et l'oméga de la stratégie poursuivie ». D'accord pour « mieux encadrer » la libre circulation des personnes, pour lutter contre l'entrée des clandestins et pour mieux surveiller l'accès aux frontières, mais la seule répression « ne saurait tenir lieu d'une politique européenne de l'immigration ».

Europe Ecologie-Les Verts

Pour EELV, qui juge que la liberté de circulation et d’installation est « une chance » pour les Européens, la gestion actuelle des frontières de l’Europe est « indigne ». Le parti écologiste demande la refonte totale du dispositif Frontex, « qui verrouille l’accès à l’Europe et met en danger la vie des candidats à l’exil ».

UDI / MoDem

Les centristes veulent « une politique européenne cohérente » en matière d'immigration, qui passe par l’instauration d'une « logique de quotas annuels par métier et par pays ». « Le Parlement européen et les parlements nationaux se prononceront annuellement sur ces objectifs », avancent-ils. Ils veulent aussi créer une police européenne des frontières et favoriser le codéveloppement avec l'Afrique.

UMP

C’est le point phare du programme de l’UMP, qui reprend des propositions déjà formulées par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle de 2012. La droite insiste lourdement sur cette thématique censée retenir les électeurs tentés par le Front national. Elle affirme que l’Europe doit avoir des frontières mieux protégées « pour réduire l’immigration en France », s’oppose à tout nouvel élargissement, et refuse catégoriquement l'entrée de la Turquie. L'UMP souhaite renforcer les contrôles aux frontières de l’Union grâce à une grande réforme de Schengen prévoyant la création d’un poste de commissaire européen de l’immigration, qui serait à la tête d’une agence chargée de faire respecter une discipline commune. L’UMP souhaite qu’en cas de défaillance, un Etat puisse être sanctionné, suspendu, voire même exclu de l’espace Schengen. Elle veut encore que la France suspende sa propre participation « sans progrès sérieux dans les douze mois ». La droite préconise un renforcement des moyens de Frontex, l'agence chargée de surveiller les frontières extérieures de l'Union, et la mise en place de garde-frontières européens. Elle réaffirme aussi son opposition à l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'espace Schengen.

Front national

Sur l'immigration, les solutions du FN sont claires : sortir de l'espace Schengen et revenir aux frontières nationales. « Stopper Schengen, c’est rompre avec le laxisme de l’Union européenne pour qui la seule réponse à l’immigration clandestine consiste à encourager l’accueil de masse et les régularisations quasi-systématiques. A nos yeux, il faut compléter cette mesure [avec] la suppression dans notre droit de la possibilité de régulariser les clandestins », est-il ainsi écrit dans le projet.

Par ailleurs, le Front a des exigences drastiques en matière de lutte contre l'immigration : suppression du regroupement familial, réduction en cinq ans de l'immigration légale à 10 000 entrées par an ou encore suppression du droit du sol.

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