Les inégalités entre les parcours professionnels des hommes et des femmes se lisent dans les trajectoires de quatre promotions de diplômés de HEC.

Les inégalités entre les parcours professionnels des hommes et des femmes se lisent dans les trajectoires de quatre promotions de diplômés de HEC.

L'Express

Un diplôme de HEC ne protège pas du plafond de verre. HEC au Féminin, commission féminine de la grande école, publie une étude sur les itinéraires de quatre générations de diplômés -1978, 1988, 1998 et 2008. Or "ces parcours ne se réalisent pas de la même façon selon qu'on est un homme ou une femme", constate l'enquête.

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Globalement, tous sont satisfaits de leurs situations et de leurs parcours. Ils attribuent leur réussite aux mêmes facteurs: leurs qualités, leurs compétences, leur détermination et leur réseau. Mais dans le détail, le sexe des uns et des autres ne destine pas aux mêmes carrières. Seules 17% des sondées sont devenues dirigeantes, contre 32% de leurs homologues masculins. Elles ne sont que 9% à exercer un mandat d'administratrice, contre 17% des hommes. Et celles qui "managent" encadrent des équipes plus petites: pas plus de cinq salariés le plus souvent.

L'étude confirme en fait un phénomène largement connu: les femmes sont "plus souvent impactées par des contraintes liées à la vie personnelle et familiale". Les hommes qui déclarent avoir donné la priorité à leur travail dans leurs choix de vie sont 10% de plus que les femmes. Alors que près de 19% des femmes sont, elles, prêtes à abandonner des projets professionnels pour leur vie de famille, contre 14% des hommes.

A l'étranger... pour suivre son conjoint

L'envie de concilier les deux gagne peu à peu les hommes. Sur la promo 2008, ils sont plus nombreux que les femmes à s'efforcer de ne pas sacrifier leur vie familiale. Et les deux sexes sont à égalité à l'heure de faire passer le travail avant tout le reste. Mais les longues années de "sacrifice" des femmes se lisent encore dans leurs parcours.

Les diplômées de HEC sont par exemple beaucoup moins nombreuses que les hommes à faire carrière à l'étranger. Et parmi celles qui ont sauté le pas, 31% l'ont d'abord fait pour suivre leur conjoint. Alors qu'aucun homme sondé n'avance cette raison-là... Les femmes imaginent aussi moins souvent créer ou reprendre une entreprise, et s'installer en indépendante. A moins que ce ne soit pour "se créer un emploi sur mesure, permettant de concilier leurs différentes contraintes".

Ces parcours divergents se lisent sans suprise dans les salaires: 30% des anciens de HEC déclarent gagner plus de 200 000 euros bruts annuels, contre seulement 11% des femmes. Ces dernières sont d'ailleurs moins souvent satisfaites de leurs revenus que les hommes.

Une énergie vaine

Les auteurs de l'étude concluent le sondage en demandant aux sondés sur quels obstacles ils ont buté au cours de leur carrière. Quand les hommes évoquent "le côté politique de la vie des grands groupes" ou "l'intensité du contenu, rythme de travail, niveau d'exigence", les femmes avancent des combats plus intimes: "s'imposer dans une entreprise machiste", "ne pas baisser les bras dans les moments difficiles", "le renoncement à des projets pour suivre mon conjoint", etc.

Pour elles, "les enjeux sont de démontrer qu'on peut faire aussi bien en étant une femme, concilier sa carrière avec sa vie personnelle et rester motivée, ne pas craquer". Or "l'énergie déployée par les [diplômées de] HEC pour gérer les contraintes inhérentes aux femmes les met en retrait face aux vrais enjeux de l'entreprise", conclut l'étude. Tristement éclairant...

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