L’élection d’un nouveau gouvernement en Inde est le fruit d’un processus démocratique si gigantesque qu’il impose le respect. Et la critique n’est pas une tâche facile, plus encore si ces critiques anticipent sur l’avenir.

Et pourtant il y a de bonnes raisons de s’inquiéter. Commençons par cette promesse de développement ressassée à longueur de campagne et l’enthousiasme délirant suscitée par le modèle du Gujarat [Etat que Narendra Modi a dirigé de 2001 à 2014] auprès des classes moyennes et des élites. Rappelons que cet Etat a toujours été l’un des plus entreprenants et les plus prospères du pays. Et que, ces dix dernières années, même à l’aune simpliste de la croissance économique, les Etats du Maharashtra, du Bihar et du Tamil Nadu ont fait mieux que le Gujarat.

Par ailleurs, la croissance économique n’est pas le seul indice de la réussite d’un pays, puisqu’un grand nombre d’Indiens sont encore exclus de cette croissance et connaissent de nombreuses difficultés. Comment pourront-ils se faire entendre dans un modèle économique où les grandes entreprises dicteront leur loi ? Quelle sera la priorité accordée aux mesures sociales indispensables aux plus défavorisés ? Et ce développement sera-t-il vraiment pour tous ?

On nous demande de ne pas ressasser le passé en évoquant le carnage de 2002 [pogroms antim