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Salaire minimum en Europe : comment se positionnent les partis ?

A la veille des élections européennes, l’idée d’un salaire minimum européen refait surface parmi les différents partis candidats, mais avec des modalités différentes.

Par Amandine Sanial

Publié le 21 mai 2014 à 17h41, modifié le 22 mai 2014 à 17h28

Temps de Lecture 4 min.

Manifestation de syndicats à Strasbourg.

Alors que les Suisses viennent de se prononcer contre un smic à 3 240 euros, l’idée d’un salaire minimum européen refait surface dans les débats avant les élections européennes des 22-25 mai. Les principaux partis semblent s’accorder pour sa mise en place, mais pas dans les mêmes conditions.

Lire notre éclairage : Salaire minimum : le grand écart européen

Six pays sans salaire minimum

Le Danemark, l'Italie, l'Autriche, la Finlande, la Suède et Chypre sont les seuls pays de l’Union à ne pas avoir de salaire minimum inscrit dans la loi. Dans ces pays, les salaires sont fixés soit par l'entreprise, à l'issue de négociations entre les partenaires sociaux, soit, plus généralement, par des accords de branche conclus dans la plupart des secteurs, constituant ainsi des salaires minimaux de fait.

Sur les 28 pays membres de l'UE, 22 ont déjà instauré le principe d’un salaire minimum. Dernier en date, l’Allemagne va mettre en place un salaire horaire minimal de 8,50 euros (contre 9,53 euros en France) à compter de 2015. Mais si la grande majorité des Etats tend vers un salaire minimum, l’Union fait encore face à un problème de taille : les écarts restent gigantesques, de 159 euros mensuels en Bulgarie à 1 874 euros au Luxembourg, soit douze fois plus.

Carte des salaires minimaux en Europe.

Quels pays ont mis en place un salaire minimum en Europe ?

Compte tenu de la diversité des situations économiques, l’instauration d’un salaire minimum unique dans l’Union européenne est difficile. En 2012, la Commission l’admettait elle-même : « Nous n’avons pas le pouvoir d’imposer ou d’harmoniser un salaire minimum partout au sein de l’Union, mais nous plaidons pour la généralisation de salaires minimaux. » Une mesure partagée par plusieurs alliances européennes, qui en font un des projets phares de leurs campagnes, mais qui peinent souvent à mettre tous leurs candidats d'accord.

Que proposent les partis européens ?

  • Un salaire proportionnel au niveau de vie pour les socialistes

A gauche, le Parti socialiste européen (PSE, qui regroupe les partis socialistes et sociaux-démocrates européens) en a fait son fer de lance. Martin Schulz, le candidat à la présidence de la Commission, proposait un salaire minimum européen proportionnel au PIB de chaque pays, pour limiter le dumping social dans l’Union. Divisés, les candidats du parti se sont finalement mis d’accord sur un salaire minimum dans tous les Etats de l'Union, dont le montant serait au moins égal à 60 % du salaire médian de chaque pays.

  • Les Verts et le Parti de gauche veulent harmoniser « vers le haut »

Les Verts se prononcent également en faveur d’un salaire minimum européen, mais pas question d’harmoniser les salaires par le bas : le parti écologiste européen EELV propose « une convergence automatique vers les plus hauts standards sociaux pour mettre fin au dumping social ». Le but étant, sans plus de précision, de garantir aux travailleurs un niveau de vie décent tout en tenant compte de la situation de chaque pays.

Comme le PSE, le Parti de gauche européen (PGE) propose dans son programme la mise en place d’un salaire minimum européen égal à au moins 60 % du salaire moyen de chaque pays, mais avec un agenda de convergence vers un salaire minimum européen unique, dont l’objectif est de tirer les salaires vers le haut. Pourtant, même au sein du parti, tous les candidats ne s’accordent pas : Jacky Hénin, tête de liste du Front de gauche dans la circonscription Nord-Ouest en France, prône quant à lui un salaire minimum de 1 600 euros étendu à toute l’Union.

  • Pour le Parti populaire européen, un salaire minimum mais pas unique

L’idée d’un salaire minimum européen séduit aussi les conservateurs. Jean-Claude Juncker, chef de file du Parti populaire européen (PPE) et candidat à la présidence de la Commission, s’est prononcé lors du débat des européennes du 15 mai pour l’instauration d’un « salaire minimum légal dans toute l’Union européenne ». « Je veux également l’instauration d’un revenu minimum d’insertion et d’un socle de règles communes en matière de droit du travail et de licenciement », a déclaré le candidat de la Commission. Une prise de position que les adversaires du PPE ont jugée trop tardive : pour l'eurodéputée socialiste Pervenche Berès, Jean-Claude Juncker « n'a jamais mouillé sa chemise » pour instaurer un salaire minimum, alors qu’il a été pendant huit ans à la tête de l’Eurogroupe.

Favorable à un salaire minimum dans chaque pays, l'UMP, qui est membre du PPE, s’oppose en revanche à l’instauration d’un smic européen unique, qui conduirait selon le parti à baisser le smic français.

  • Le centre et l’extrême droite contre un smic européen

Au nom des valeurs libérales, le centriste Guy Verhofstadt, candidat à la Commission avec l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), est contre l’instauration progressive d’un smic européen. Mais son groupe est divisé sur la question : les listes françaises de l’UDI et du MoDem veulent par exemple, selon leur programme, mettre en place « un véritable smic européen ».

L’extrême droite, avec l’Alliance européenne pour la liberté (AEL) menée par Marine Le Pen, s’oppose quant à elle à la mise en place d’un smic à l’échelle de l’Union, qui selon sa tête de liste « serait la moyenne des smics européens, soit 600 euros ».

Lire le décryptage : Elections européennes : les partis pensent-ils tous pareil ?

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