Les fruits et légumes dits "moches" ont désormais leur label, Quoi ma gueule?, développé par le collectif Les Gueules cassées.

Les fruits et légumes dits "moches" ont désormais leur label, Quoi ma gueule?, développé par le collectif Les Gueules cassées.

PHOTOPQR/SUD OUEST/Salinier Quentin/MAXPPP

Ils sont moches et le revendiquent haut et fort. Les fruits et légumes hors calibre ou difformes étaient auparavant destinés soit à être consommés par les producteurs soit à être détruits. Un énorme gaspillage alimentaire, en somme. Désormais, ils font leur retour en grandes surfaces. Un label a été lancé, Quoi ma gueule?, poussé par le collectif Les Gueules cassées. Les grandes surfaces, comme Intermarché, Auchan et Monoprix, invitent les "moches" dans leurs rayons et déroulent même le tapis rouge.

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Laids, mais goûteux et peu coûteux

Depuis une semaine, Auchan, associé au label Quoi ma gueule?, propose temporairement des pommes "moches" dans son établissement de Vélizy (Yvelines). S'y ajouteront bientôt des abricots et des cerises. Mais qu'appelle-t-on des fruits ou légumes "moches", au juste? Ceux présentant un défaut d'aspect, de petit ou de trop gros calibre, ou qui ont des marques à la suite d'intempéries. "Si l'aspect extérieur de nos 'gueules cassées' peut présenter certaines imperfections, leurs qualités propres représentent leur premier atout", affirme le label. "C'est moins beau, mais tout aussi bon", résume Antoine Carissimo, responsable de l'offre fruits et légumes d'Auchan France, qui travaille avec le label.

logo label Quoi ma gueule?

Le logo du label Quoi ma gueule?, qui vis à promouvoir les fruits et légumes dits "moches".

© / Les Gueules cassées

"Chaque année des milliers de kilos de pommes, d'abricots déformés, de cerises à peine fendues, de tomates biscornues sont jetés par les producteurs qui n'ont pas de débouchés valorisants pour ces fruits et légumes moins jolis et pourtant exquis, explique le collectif sur son site. Nous avons décidé de nous mobiliser pour faire en sorte qu'ils puissent être à nouveau proposés à la vente et que nous puissions profiter de leurs saveurs et de leur goût identiques à leur voisin de panier de récolte, en évitant un gaspillage qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui."

Un développement national à l'étude

Les fruits et légumes moches seraient-ils un bon plan pour le consommateur, le producteur et le distributeur? Côté client, ces produits affichent un prix 20 à 30% moins chers que les "beaux". Ce qui intéresse davantage les gens, aujourd'hui plus attirés par un côté "retour à la terre" que dans les années 1990. Donc vendus en nombre: bon point pour la distribution. Côté producteur, fini la perte générée par l'incinération des produits hors-calibre. Sans oublier la lutte contre le gaspillage alimentaire, "un engagement primordial pour Auchan", poursuit Antoine Carissimo. Un voeu pieux? "Le label Quoi ma gueule? est allé voir nos fournisseurs, répond le responsable. En n'utilisant pas ces produits, nos fournisseurs non seulement ne gagnaient rien dessus, mais ils perdaient souvent de l'argent, eu égard aux frais de destruction."

En mars 2014, Intermarché avait lancé une opération de quelques jours "fruits et légumes moches" à Provins (Seine-et-Marne). Contactée alors, l'enseigne nous avait confirmé le succès de l'événement et la réflexion que cela lançait sur le plan national. Même son de cloche chez Auchan. "En une semaine, les retours sont très positifs, confirme Antoine Carissimo. On a même du mal à fournir les rayons! Ce qui démontre la demande du consommateur et motive l'ensemble des acteurs."

Pour l'heure, seules des initiatives locales ont été testées. 17 Monoprix (14 magasins d'Ile-de-France, Monoprix Rond-Point à Marseille, Monoprix Croix-Rousse à Lyon, Monoprix du Croisé Laroche à Marcq-en-Baroeul) leur emboîtent le pas depuis le 26 mai avec des pommes, des cerises et des abricots. Auchan et Intermarché, forts de ces succès, pourraient bien développer le rayon "moche" petit à petit au niveau national.

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