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Quand les députés FN votent avec l'UMP et le PS à Bruxelles

Marine Le Pen dénonce les votes communs gauche-droite au Parlement européen. Sauf que dans près de la moitié des cas, les eurodéputés français, frontistes compris, expriment les mêmes opinions.

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Publié le 23 mai 2014 à 16h04, modifié le 23 mai 2014 à 17h19

Temps de Lecture 3 min.

Marine Le Pen a une nouvelle fois dénoncé l'« UMPS », lundi 19 mai. A travers ce mot-valise, elle pointe du doigt les orientations supposées communes de l'UMP et du PS sur les grandes questions qui sont du ressort de l'Union européenne.

Dans un débat qui l'opposait à Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, sur  i>TELE, elle a soutenu que PS et UMP adoptaient les mêmes positions pour « 97 % des votes au Parlement européen, (...) main dans la main ».

Ce qu’elle a dit :

« Le débat gauche-droit n'existe plus depuis bien longtemps, et je suis venue l'expliquer depuis de nombreux mois. C'est une fausse fracture, ils votent tout ensemble, ils décident tout ensemble. »

POURQUOI CE N'EST PAS TOUT A FAIT VRAI

Marine Le Pen n'a pas totalement tort : le Parlement européen pousse aux coalitions. Il arrive fréquemment qu'un même texte soit adopté par la gauche et la droite ; ce qui n'est guère surprenant dans la mesure où aucun des groupes d'eurodéputés n'a suffisamment de sièges pour voter un texte seul.

Les eurodéputés UMP et PS font équipe dans 70 % des cas, selon le rapport Des visages sur des clivages de la Fondation Robert-Schuman. Et en particulier sur des questions comme l'union bancaire, le vote du budget de l'Union européenne, la politique agricole commune (PAC) ou le contrôle aux frontières.

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« En premier lieu, je vais voir les Verts ou les GUE [Gauche unitaire européenne]. Et puis, si ça ne suffit pas, je vais voir les libéraux », explique Pervenche Bérès, eurodéputée de l'Alliance progressiste des socialistes & démocrates (S&D) et tête de liste PS pour l'Ile-de-France. « Le vote au Parlement européen, c'est comme si on était cinq à choisir un restaurant pour aller dîner. Imaginez que vous avez très faim. Trois du groupe décident de se rendre dans un restaurant que vous n'avez pas choisi. Mais comme vous avez faim, vous y allez ! »

Lire notre éclairage : Tous les partis pensent-ils pareil dans l'Union européenne ?

En clair, tous les partis sont amenés à forger des alliances, et le FN n'échappe pas à la règle. En fustigeant ce qu'elle appelle l'« UMPS » qui voterait comme un seul homme, Mme Le Pen oublie que les eurodéputés FN votent, eux aussi, ces textes.

Le parti d'extrême droite français se joint à plus de la moitié des coalitions PS et UMP. Et, globalement, les eurodéputés français expriment les mêmes opinions sur 40 % des votes, quelles que soient leurs allégeances.

Le vote des députés de France au Parlement européen

« Ce n'est pas étonnant. (...) La plupart des dossiers sont consensuels. (...) A la différence de l'Assemblée nationale, on fonctionne toujours ici sur le compromis », explique Alain Cadec, eurodéputé au Parti populaire européen (PPE, conservateurs) et conseiller général UMP des Côtes-d'Armor. « Je fais mes choix en fonction des intérêts de mon pays. (...) Et nous ne sommes pas obligés de suivre les consignes de notre groupe européen. » 

L'eurodéputé apparenté FN Bruno Gollnish confirme « qu'il y a parfois eu des convergences sur des sujets très précis » comme l'exception culturelle, la protection des consommateurs, celle des citoyens avec l'accord anti-contrefaçon ACTA, l'aide alimentaire et les excès de la spéculation financière... Où il a ajouté sa voix à celles de la droite et de la gauche.

Le 16 janvier 2014, Marine Le Pen, Daniel Cohn-Bendit, Brice Hortefeux, Françoise Castex et Marie-Christien Vergiat ont exprimé un vote identique. Qu'ils soient frontistes, Verts, UMP, socialistes ou Front de gauche, ils se sont tous opposés à l'autorisation de nouvelles variétés de maïs génétiquement modifié par la Commission. C'est un exemple de ce que la Fondation Robert-Schumann a identifié comme un cas de « majorité de consensus ». 

Pour Pervenche Bérès, si le PS et le FN appuient sur le même bouton au moment du vote électronique dans l'hémicycle, c'est un hasard. Elle assure « ne jamais négocier » avec les eurodéputés du FN. Reste que les partis d'extrême droite et de gauche radicale français se joignent à plus de la moitié des rapprochements PS et UMP.

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