Européennes : pourquoi... les jeunes votent si peu

 

    Ils sont nés avec le traité de Maastricht et ont grandi avec l'euro. Malgré cela, les jeunes Français seront sans doute les premiers à bouder les urnes demain. Un coup d'oeil sur les résultats des dernières européennes suffit pour s'en convaincre. En 2009, presque 60 % des Français ne sont pas allés voter. Pour les 18-24 ans, le taux d'abstention a tutoyé les 70 %.

    Les études montrent pourtant que les jeunes sont attachés à l'idée européenne. Ludivine Bantigny, chercheuse au centre d'histoire de Sciences-po, analyse ce paradoxe : « Il y a un écart important entre leur idéal européen, synonyme de liberté de circulation, de multiplication des échanges, et la méfiance qu'ils peuvent avoir à l'égard des institutions européennes. Ce décrochage s'observe à partir du milieu des années 1990 et il s'est accéléré vers 2005, lors du débat sur le traité constitutionnel. Les 18-24 ans ont été élevés dans un climat de déception grandissante à l'égard de l'Union européenne. » De son côté, Céline Braconnier, spécialiste des comportements électoraux à l'université de Cergy-Pontoise, renvoie la balle dans le camp des institutions européennes : « L'Europe n'est pas assez présente ni mise en scène, notamment à l'école. Elle leur paraît loin alors qu'elle intervient très largement dans la vie quotidienne. »

    Une exception : la génération Erasmus

    Les choses pourraient-elles changer pour les prochaines élections ? C'est loin d'être gagné. Une étude CSA réalisée ce mois-ci confirme la faiblesse médiatique de ces européennes. Les JT de 20 heures leur ont consacré deux fois moins de temps qu'il y a quinze ans alors que la télévision reste un outil essentiel pour s'adresser aux plus jeunes. « Il ne faut pas tomber dans cette croyance qu'Internet et les réseaux sociaux poussent les jeunes à voter, souligne Céline Braconnier. Quand ils parviennent à mobiliser, ils touchent d'abord ceux qui s'intéressent déjà aux élections. »

    Tous les jeunes Français ne doivent pas non plus être mis dans le même sac. Il y a la fameuse « génération Erasmus » (nom du programme européen d'échanges universitaires), mais elle ne représente qu'une minorité.

    « Erasmus ne concerne que les étudiants et les diplômés, rappelle Céline Braconnier. C'est cette jeunesse qui vote le plus. Il reste à faire participer ceux qui habitent les quartiers populaires et qui ne connaissent pas l'Europe. »