Age, prédisposition génétique, mais aussi tabagisme, consommation de café, travail de nuit, ou encore port de soutien gorge, port de prothèse en silicone... De nombreux facteurs ont été accusés de favoriser les cancers du sein, mais le niveau de preuve est variable, de même que l'excès de risque associé. La Haute autorité de santé (HAS) publie lundi 19 mai un volumineux rapport pour faire le tri, et proposer un dépistage spécifique en fonction des facteurs de risque les plus pertinents.
Actuellement, en France, les tumeurs mammaires touchent près de 50 000 femmes par an, elles sont le cancer féminin le plus fréquent et le plus meurtrier.
Le dépistage organisé s'adresse aux femmes de 50 à 74 ans, et consiste en une mammographie tous les deux ans.
La HAS a répertorié et analysé 69 facteurs de risque, et en a retenu 4 justifiant d'un dépistage spécifique : antécédents personnels de cancer du sein ou de carcinome canalaire in situ (un stade très précoce de cancer du sein) ; antécédents de radiothérapie thoracique à haute dose ; certains cas d' antécédents familiaux de cancer du sein (sans mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2 identifiée dans la famille) et antécédents de certaines lésions du sein (hyperplasie canalaire ou lobulaire atypique, carcinome lobulaire in situ).
Ainsi, pour les femmes ayant déjà souffert d'un cancer du sein ou d'un carcinome canalaire in situ, la Haute autorité de santé recommande un examen clinique tous les six mois pendant deux ans puis annuellement. Elle préconise aussi une mammographie annuelle, éventuellement associée, selon ses résultats, à une échographie.
Le rapport de la Haute autorité de santé n'aborde pas deux facteurs de risque important. D’une part, le cas des femmes présentant une mutation génétique BRCA, pour lesquelles les recommandations sont en cours d'actualisation sous la responsabilité de l'Institut national du Cancer. D’autre part, la question de la pertinence d’un dépistage organisé chez les femmes plus jeunes (40 à 49 ans) et chez celles de plus de 74 ans est étudiée à part (publication prévue fin 2014) .
Après examen de la littérature, les experts ont dans un premier temps écarté un certain nombre de paramètres où le niveau de risque est peu élevé ou insuffisamment argumenté pour justifier un dépistage particulier. Par exemple, l'hypothèse selon laquelle les soutien gorge à armature ou à ajustement serré favoriserait les cancers du sein n'est soutenue par aucune étude scientifique. De même, concernant le rôle délétère des déodorants, « peu de résultats existent et ils sont contradictoires » estime la HAS.
Pour la HAS, aucune surveillance radiologique spécifique n'est actuellement recommandée pour les femmes avec un traitement hormonal de la ménopause, ni pour celles présentant une densité mammaire radiologique supérieure à 75 % après la ménopause. Dans ce dernier cas, « seule une échographie mammmaire peut être réalisée par le radiologue devant des difficultés d'interprétation de la mammographie, en raison de l'effet masquant de la densité sur la détection des lésions », précise le rapport.
Face aux critiques récurrentes du programme de dépistage organisé, concernant son efficacité en regard de ses risques (notamment surdiagnostic, irradiation), la HAS rappelle que le surdiagnostic est « unanimement reconnu mais inhérent à toute procédure de dépistage ». Quant au bénéfice, la HAS estime que 150 à 300 décès par cancer du sein seraient évités pour 100 000 femmes participant régulièrement au programme de dépistage pendant 7 à 10 ans.
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