Il y a deux mois, au lendemain des élections municipales, le coup de colère était venu de l'aile gauche du parti socialiste. Cette fois, au soir même des élections européennes, dimanche 25 mai, l'aile dite réformiste ou « droitière » du PS a voulu dégainer en premier. Vingt-et-un députés, emmenés par Christophe Caresche (Paris) et Pascal Terrasse (Ardèche) ont signé une tribune longue de cinq pages, intitulée « poursuivre dans la voie de la réforme » et dont Le Monde a eu copie.
Entre les résultats des européennes et les résultats économiques de la France, tous deux en-dessous des attentes de la majorité, « ce contexte va raviver le débat sur la politique économique française » et « il est probable que les Cassandre de tous poils vont redoubler de critiques », anticipent ces élus. Mais pour eux, « il ne saurait être question de remettre en cause les équilibres du pacte de responsabilité ».
« Abandonner la politique de réduction des déficits publics »
« Nous nous attendons à ce que la question de la ligne économique soit reposée », explique au Monde Christophe Caresche, en assurant que la prise de position des 41 députés PS qui se sont abstenu sur le vote du pacte de stabilité fin avril « a fait un appel d'air : certains députés veulent que l'orientation réformiste soit plus entendue et plus défendue ».
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« Le décrochage économique et social de la France risque de s'amplifier si notre pays ne maîtrise pas sa dette et ne rétablit pas rapidement une offre compétitive de son appareil productif », assurent les signataires pour qui « abandonner la politique de réduction des déficits publics et revenir sur notre engagement en faveur de la reconstitution d'une offre performante et durable ruinerait plus certainement les chances de la France de sortir de la situation dans laquelle elle se trouve ».
« Nourrir le débat »
Dans cette tribune, les députés signataires proposent une série de pistes. « Repenser notre système de retraites et d'assurance-chômage pour aboutir à une réforme véritablement systémique », « réformer le marché du travail en assouplissant certaines rigidités », « accélérer le choc de simplification » ou encore « ouvrir un certain nombre de professions réglementées ou fermées qui constituent autant de rentes pour ceux qui les exercent ».
Même si Christophe Caresche assure qu'il n'y a pas « d'opération politique » derrière leur démarche, il est certain que cette tribune ne déplaira pas au premier ministre, Manuel Valls, ou encore au secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, ancien membre de ce « pôle des réformistes » lorsqu'il siégeait à l'Assemblée.
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