En ces temps d'élections européennes et de négociation du traité de libre-échange transantlantique, l'affaire ne pouvait pas mieux tomber. La Suède a confirmé, jeudi 22 mai, par la voix de sa ministre de l'environnement, la centriste Lena Ek, son intention de poursuivre la Commission européenne pour son inaction sur le dossier des perturbateurs endocriniens (PE).
Ces substances chimiques présentes dans de nombreux produits d'usage courant et qui se retrouvent dans la chaîne alimentaire augmentent les risques de contracter une variété de troubles et de pathologies (retard de développement chez l'enfant, infertilité, cancers hormono-dépendants, obésité et diabète de type 2, etc.). Elles ne sont pas régulées en tant que telles : il n'existe pas, aujourd'hui, une définition réglementaire de cette grande famille de molécules capables d'interférer avec le système hormonal humain.
Sans cette définition prise au niveau communautaire, aucune action globale ne peut être entreprise contre les PE. La Commission s'était engagée à prendre une telle définition pour décembre 2013. Cela ne s'est pas produit. Pourquoi ? Mme Ek a son idée et formule des accusations d'une extrême gravité. « Cela est dû au lobby européen des chimistes qui a exercé des pressions sur différents commissaires, a-t-elle déclaré à l'AFP. La Commission nous empêche d'améliorer les choses. » Les mots sont forts mais – hélas ! – ils se fondent sur des faits. Ainsi, en lieu et place de la définition attendue, Bruxelles a annoncé le lancement d'une étude sur l'impact économique des différentes options réglementaires envisageables.
PROTÉGER LA SANTÉ DE 500 MILLIONS D'EUROPÉENS
Il y a là un terrible aveu. Car, l'écran de fumée des fausses controverses scientifiques s'étant dissipé, on ne cherche même plus à contester l'impact sanitaire des PE. On cherche des arguments économiques afin de peser sur des mesures destinées à protéger la santé de 500 millions d'Européens. Cette mise en balance est d'autant plus choquante que les risques posés par les PE ne sont pas librement consentis par les consommateurs et qu'ils concernent au premier chef la santé des générations qui nous suivront.
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