Européennes : des ténors UMP appellent à une réforme profonde du parti

 

ARCHIVES. L'ancienne ministre Valérie Pécresse a déclaré que l'UMP devait retrouver «le chemin de la probité». Elle a prévenu qu'elle pourrait quitter l'équipe dirigeante du parti «si des décisions très fortes» n'étaient pas prises.
ARCHIVES. L'ancienne ministre Valérie Pécresse a déclaré que l'UMP devait retrouver «le chemin de la probité». Elle a prévenu qu'elle pourrait quitter l'équipe dirigeante du parti «si des décisions très fortes» n'étaient pas prises.
Kenzo Tribouillard

    Le réveil est douloureux pour l'UMP. Au lendemain des élections européennes, le parti de droite,

    , accuse le coup. La direction et le mauvais climat au sein du parti sont mis en cause par de nombreux ténors du parti.

    Les désaccords internes sur les enjeux européens d'une part et

    d'autre part ont en effet entaché la campagne européenne de l'UMP, qui pouvait se targuer «d'être le premier parti» de France après des municipales menées en bon ordre de bataille. A l'issue des européennes, à l'inverse, l'UMP a fait campagne en ordre dispersé, avec cette fronde notamment d'Henri Guaino qui a proclamé publiquement n'avoir pas voté pour les listes UMP.

    S'ajoute à ces divisions l'affaire Bygmalion, qui implique Jean-François Copé, président de l'UMP. Ce dernier est soupçonné d'avoir fermé les yeux sur les

    , agence de communication dirigée par ses proches, dans le cadre de la campagne présidentielle de 2012.

    Après la contre-performance politique de l'UMP de ce dimanche, plusieurs responsables, en alerte, en appellent à une refondation du mouvement.

    »

    Depuis dimanche soir, c'est l'avalanche de déclarations chez les responsables UMP. François Fillon a déclenché les hostilités avec des mots durs. L'ex-Premier ministre, l'un des premiers à prendre la parole dès les estimations de sortie des urnes, a fustigé une UMP «atteinte dans sa crédibilité» qui «doit s'interroger sur les raisons de son échec». «Elle n'a pas été en mesure de rassembler et son honneur est mis en cause», a tancé le politique, faisant notamment référence à l'affaire Bygmalion et à son grand rival Jean-François Copé.

    Le Vice-président du parti, Laurent Wauquiez, a estimé dans la soirée que «l'UMP (aurait) besoin d'une profonde reconstruction». Bruno Le Maire a renchéri : «La direction de l'UMP doit faire la transparence totale sur ce qu'il s'est passé», en allusion à Bygmalion. «Le changement doit être radical». Et d'interpeller : «La direction de l'UMP doit rendre des comptes, on ne peut pas vivre au fil des révélations de la presse». Concernant le maintien de Jean-François Copé à la tête du parti, Bruno Le Maire s'y est dit favorable, en attendant de faire la «transparence» sur l'affaire Bygmalion.

    «L'UMP doit changer», prônait pour sa part Alain Juppé dimanche soir. «Recréons les bases d'un accord entre droite et centre», a plaidé le maire de Bordeaux, «la droite doit se réformer» et le faire «avec le centre».

    Jean-Pierre Raffarin, dont le nom circule par ailleurs pour la présidence de l'UMP, a réclamé ce lundi matin sur iTélé une «initiative commune» de son parti et des centristes de l'UDI pour éviter la mise en place d'une opposition «bipolaire». Jean-Pierre Raffarin a également proposé la création d'un «conseil d'éthique et de gouvernance» à l'UMP le temps de connaître la vérité sur l'affaire Bygmalion.

    «Si (l'UMP) éclate, nous risquerions de faire un boulevard au FN», a enfin alerté Luc Chatel. «Nous avons besoin d'une thérapie de groupe, de se mettre autour d'une table et réfléchir», prône le politique de droite. «Nous sortirons de cette crise collectivement».

    L'ancienne ministre Valérie Pécresse a de son côté déclaré que l'UMP devait retrouver «le chemin de la probité». Elle pourrait quitter l'équipe dirigeante du parti «si des décisions très fortes» n'étaient pas prises, a-t-elle prévenu.

    Son intervention était attendue. Jean-François Copé, fragilisé par les affaires internes, s'est défendu ce lundi sur BFM TV concernant l'affaire Bygmalion. Le président de l'UMP s'est dédouané de toute responsabilité dans les

    lors de la campagne de l'UMP. Il a affirmé qu'il «ne savait rien» des pratiques de Bygmalion. «Ce n'était pas dans ma vocation de repasser derrière, a martelé le maire de Meaux, moi je faisais confiance aux gens dont c'était le métier de traiter les factures».

    En guise d'alternative, Jean-François Copé a précisé qu'il convoquerait ce mardi «un bureau politique pour présenter les éléments dont j'ai connaissance», à l'occasion en réalité de la réunion hebdomadaire. «Je vais donner tous les éléments chiffrés dont j'ai connaissance au bureau politique (...) il y a une enquête (judiciaire), je souhaite que l'UMP ouvre toutes ses portes, qu'elle se mette à la disposition pleine et entière de la justice», a martelé le président de l'UMP.

    Mentionné dans l'affaire Bygmalion, l'ancien ministre Pierre Lellouche, qui conteste toute participation à une conférence facturée à l'UMP, est convoqué ce lundi par la justice afin d'être entendu comme témoin. Ce dernier a annoncé ce matin qu'il portait plainte pour usurpation d'identité. «On m'a volé mon nom et on l'a accolé à quelque chose de très probablement frauduleux», a-t-il justifié.

    Deux autres députés UMP, Arnaud Robinet et Dominique Dord (ex-trésorier), seront également entendus par la justice. Après sa défaite européenne humiliante, le parti entre dans nouvelle zone de turbulences.

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