Nucléaire iranien : la France félicitée par l'Américain McCain sur Twitter

Nucléaire iranien : la France félicitée par l'Américain McCain sur Twitter

    L'Iran et les six grandes puissances - Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France, Allemagne - ont quitté Genève sans qu'un consensus ait pu être trouvé sur le dossier du nucléaire iranien. Les négociations ont  buté sur les exigences de clarification de certains participants, en particulier Paris, dans la rédaction d'un accord temporaire de six mois, première étape «vérifiable» vers un accord permament. Au passage, la position de Laurent Fabius a eu pour effet d'agacer certains diplomates étrangers. Elle a, en revanche, été saluée ce dimanche soir par l'ancien candidat républicain à la présidence américaine, John McCain, sur Twitter.

    Dans la nuit de samedi à dimanche, le ministre des Affaires étrangères est le premier à sortir de la salle de réunion et à annoncer aux médias que les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran ont achoppé à l'issue de trois jours de discussions. Elles «ont permis d'avancer mais nous n'avons pas pu conclure parce qu'il y a encore quelques questions qui restent à traiter», déclare le ministre des Affaires étrangères, soufflant la politesse à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Une maladresse qui s'ajoute aux multiples interventions du ministre français mettant en garde contre un éventuel accord au rabais.

    La France n'a eu de cesse de tenter d'élever le niveau de l'accord envisagé durant les négociations entre l'Iran et les six ministres des Affaires étrangères, quitte à ce que celui-ci soit repoussé dans le temps. Laurent Fabius garde en tête l'échec de 2003-2004, lorsqu'un accord international prévoyant la suspension de l'enrichissement d'uranium par l'Iran avait volé en éclats faute d'avoir été suffisamment sécurisé.

    Le soutien de John McCain sur Twitter

    Samedi, l'agence de presse officielle iranienne Irna a été jusqu'à affirmer que le ministre français «entravait» l'accord entre l'Iran et les grandes puissances. Le même jour, un diplomate étranger, sous couvert d'anonymat, avait déclaré que ces réserves à répétition n'étaient «rien de plus qu'une tentative de Fabius de se donner une importance tardivement.» Des critiques balayées par la France, qui assure simplement vouloir éviter les malentendus et les imprécisions «si on veut un accord crédible pour longtemps.» «Personne ne nous dit : Vous êtes trop exigeants», s'était défendu l'entourage de Laurent Fabius.

    Une position au contraire saluée par les conservateurs aux Etats-Unis, d'abord par plusieurs observateurs, qui applaudissaient sans attendre la France à qui ils attribuaient l'entière responsabilité de l'absence d'accord. «Ce soir je mange des French fries», plaisantait l'ancien porte-parole américain aux Nations unies sur Twitter. Quelques heures plus tard, c'est l'ancien candidat républicain à la présidence John McCain qui tweetait «La France a eu le courage d'empêcher un mauvais accord nucléaire avec l'Iran. Vive la France !»

    Rohanni : l'Iran ne renoncera pas à ses «droits nucléaires»

    Les six puissances et l'Iran s'étant interdits de parler publiquement du contenu des discussions pour préserver leurs chances d'aboutir à un accord, la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton et le secrétaire d'Etat américain John Kerry se sont abstenus de toute déclaration sur la position défendue par la France. Kerry s'est contenté d'assurer que le groupe des six puissances chargées du dossier iranien «est absolument uni.» «Nous travaillons très étroitement avec les Français, nous sommes d'accord avec les Français sur le fait qu'il y a certaines questions sur lesquelles il faut travailler», a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a quant à lui affirmé qu'il y avait eu «un excellent travail d'équipe, en particulier entre les Européens.»

    Catherine Ashton a d'ores et déjà annoncé qu'une nouvelle réunion aurait lieu le 20 novembre, que la Suisse s'est dite prête à accueillir. Mais dimanche matin, le président iranien Hassan Rohani a souligné que son pays ne renoncerait pas à ses «droits nucléaires», y compris l'enrichissement d'uranium.

    L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui surveille régulièrement les installations nucléaires iraniennes, espère en parallèle trouver un accord avec Téhéran pour vérifier la nature de ses activités, malgré l'échec de Genève. Son directeur, Yukiya Amano, qui se rend en Iran lundi en vue de discussions, s'est montré optimiste : «L'Iran a présenté une nouvelle proposition (à l'AIEA) le mois dernier, qui inclut des mesures pragmatiques pour renforcer la coopération et le dialogue, et nous espérons consolider cela.» Il a par ailleurs rappelé que les négociations de l'AEIA étaient indépendantes de celles entamées à Genève avec les six grandes puissances.

    Un réacteur à eau lourde parmi les sources d'inquiétude

    L'une des inquiétudes principales porte sur le réacteur à eau lourde en construction sur le site d'Arak, à l'ouest du pays, qui pourrait ouvrir une autre voie vers l'arme atomique en fournissant du plutonium, même si l'Iran assure que cette extraction n'est pas dans ses projets. A Genève, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif n'a pas exclu de nouvelles négociations sur ce sujet. «Le projet d'eau lourde à Arak fait partie après tout du programme nucléaire iranien, et nous devons en discuter», avait-t-il déclaré. «Nous insistons sur nos droits et sur notre technologie (nucléaires) mais en même temps nous sommes disposés à dissiper les inquiétudes des autres parties.»