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Exception française

Par Nicolas Barré

Publié le 26 mai 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Mépriser le peuple n'est jamais une bonne option. C'est même le signe d'une démocratie profondément malade. Nous avons connu cela aux heures sombres de l'Europe, nous devrions nous en souvenir. Alors, cessons d'accabler les Français parce qu'ils ne sont pas allés voter en masse hier ou parce que les plus motivés l'ont été dans le camp de ceux qui sont « contre ». Et cherchons-en plutôt les causes. Le fait est que l'offre politique, à quelquesremarquables exceptions près, était sans saveur, parfois même indigente. Qui a-t-on entendu porter haut et fort un projet politique, dans cette campagne ? Ceux qui voulaient tout casser, et ils sortent vainqueurs. On se serait passé de cette nouvelle exception française en Europe, la Grèce mise à part...

Que chacun balaie maintenant devant sa porte. On sait comment les partis ont constitué leurs listes, avec ces recalés du suffrage universel, ces copains qu'il fallait recaser et ces improbables revenants que l'on expédie à Strasbourg. Les électeurs n'ont pas voté pour eux ? Quelle surprise ! Les partis devraient maintenant éviter d'aggraver leur cas avec ces commentaires contrits sur « les Français qui n'aiment pas l'Europe ». Ce qu'ils n'ont pas aimé, ce sont les figures qui se sont présentées à leurs suffrages. D'ailleurs, en fait de figures, combien d'électeurs connaissaient, avant de se rendre dans le bureau de vote, le nom de la tête de liste du parti pour lequel ils allaient voter ? Comment pourraient-ils « aimer l'Europe » quand toute la campagne fut une course à qui dirait le plus fort tout ce qu'elle fait mal : l'euro trop fort, les frontières mal gardées, la capitulation face aux Chinois, la soumission aux ultralibéraux américains et l'on en passe... Les électeurs ne se sont pas mobilisés pour l'Europe qui leur était serinée, celle des échecs et des ratages. Dès lors, évitons aussi de tirer des leçons définitives sur l'équilibre politique qui émergerait de ce scrutin sans passion. Que signifie réellement le score relatif des partis, avec un peu plus de 40 % de participation ?

Le message des électeurs et des abstentionnistes à l'égard de l'Europe est plutôt celui d'un grand désarroi face à des projets politiques qui leur paraissent vides, offrant le choix entre le retour en arrière, pour lequel il est toujours difficile de s'enthousiasmer, ou la marche en avant, mais sans que l'on sache très bien vers où. Le statu quo n'étant pas non plus une option, tant il est peu satisfaisant, on peut comprendre qu'un grand nombre d'électeurs aient boudé les urnes ou voté « contre », comme si une impasse pouvait tenir lieu de projet.

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