C'est la fin d'un long bras de fer entre le Niger et Areva. Le gouvernement nigérien et le groupe français du nucléaire ont annoncé lundi 26 mai avoir signé, après dix-huit mois de négociations, l'accord renouvelant le contrat d'exploitation de deux mines d'uranium, en vigueur depuis des décennies.
Alors que les précédents renouvellements d'accord étaient des formalités, le Niger a cette fois-ci entamé un bras de fer avec Areva pour obtenir « un accord équilibré », permettant au pays de tirer davantage de revenus de l'extraction de l'uranium, dont il détient les quatrièmes réserves mondiales. « Il y a une injustice au niveau de l’uranium comme source d’énergie. Il n’est pas payé en fonction de son pouvoir calorifique », avait déclaré le président Mahamadou Issoufou le 18 mai dans le cadre d'« Internationales », émission coanimée par TV5 Monde, RFI et Le Monde.
LA TAXATION PASSE DE 5,5 % À 12 %
Le point central de désaccord portait sur les exonérations fiscales consenties à Areva. Le Niger a obtenu dans l'accord de lundi que soit appliquée la loi minière de 2006, qui prévoit une redevance de 12 % de la valeur du minerai extrait, contre 5,5 % actuellement. En revanche, les deux sociétés contrôlées par Areva, la Somaïr (Société des mines de l'Aïr) et la Cominak (Compagnie minière d'Akouta) seront exemptées de TVA.
Cet accord, initialement prévu pour dix ans mais dont le communiqué ne mentionne pas la durée, « engage les partenaires sur le long terme » et « consacre la place majeure du Niger au sein de l'industrie mondiale de l'uranium », a déclaré Luc Oursel, le président du directoire d'Areva, à Niamey.
LE PROJET D'IMOURAREN REPOUSSÉ
Areva et le Niger ont aussi annoncé un nouveau report de l'exploitation de l'énorme gisement d'Imouraren, dont la mise en exploitation « dépendra de l'amélioration des conditions de marché », les prix actuels de l'uranium ne permettant pas sa rentabilité.
Afin de rendre le partenariat avec le Niger « équilibré », Areva accepte également de financer un tronçon de la route dite « de l'uranium », dans le nord du pays, pour 90 millions d'euros, ainsi qu'un programme de développement agricole pour 17 millions d'euros. Le groupe français devra aussi construire un nouveau siège social à Niamey regroupant « l'ensemble des sociétés nigériennes liées à ses activités », et privilégier la nomination de « directeurs généraux de nationalité nigérienne ».
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