Affaire Bygmalion : Sarkozy est «tombé de l'armoire»

Affaire Bygmalion : Sarkozy est «tombé de l'armoire»

    Ironie du sort, une réunion des riches donateurs du « premier cercle » était prévue ce matin au siège de l'UMP. Bien sûr annulée. Certains des convives, qui se faisaient déjà prier ces temps-ci, se sont téléphoné, consternés. « On assiste à l'implosion en direct de l'UMP », soupire l'un, éberlué par les confessions télévisées de Jérôme Lavrilleux. Tout juste rentré d'Israël, d'où il a suivi le séisme des européennes entre deux chansons du concert de Carla, Nicolas Sarkozy a à peine eu le temps de poser son sac. Avant de rejoindre rapidement sa garde rapprochée à son bureau rue de Miromesnil pour passer des coups de fil, notamment à son ex-directeur de campagne Guillaume Lambert et à son ex-trésorier Philippe Briand. « Il n'était pas au courant, il est tombé de l'armoire ! », affirme son entourage, qui dément tout maquillage de ses comptes de campagne et évoque une possible manipulation.

    Hier, les rares sarkozystes joignables s'efforçaient de dédouaner l'ancien candidat. « En 2012, il est allé à la bataille comme un champion de boxe monte sur le ring. Il ne demandait pas si la serviette éponge était rouge ou noire ! », lance un hiérarque. Sous-entendu : ce n'était pas à lui de s'intéresser au montant des factures. Sans mettre totalement hors de cause l'ancien président, dont il est proche, Lavrilleux a d'ailleurs juré qu'il ne l'avait pas informé des dérapages... sans exclure que d'autres l'aient fait. « Sarko, il n'a jamais su ! Il disait : il faut d'autres meetings. Et tout le monde disait : oui monsieur le président. Personne n'a jamais eu les c... de lui dire non ! A aucun moment on ne l'a alerté. On savait que Bygmalion abusait. Ses conseillers l'ont envoyé dans le mur, c'est encore lui qui va payer ! », enrage un ami, qui admet qu'un retour pourrait être « compliqu?. « C'est un missile de Copé, qui ne veut pas couler tout seul », fulmine un ex-pilier de la campagne.

    Une « campagne de bras cassés », de « l'amateurisme »

    Un nom revient parfois dans les bouches sarkozystes, celui de Guillaume Lambert, devenu préfet de Lozère. Lampiste idéal ? « Le pauvre, il ne voulait pas faire la campagne... », le disculpe un ancien du staff. Mais sous couvert d'anonymat, d'autres doutent. « Soit Sarkozy et Copé n'étaient pas au courant et c'est de l'incompétence, soit ils savaient et ils ont enfreint la loi ! Dans les deux cas, ils sont discrédités », assène une figure de la campagne.

    Certaines langues se délient. D'aucuns évoquent une « campagne de bras cassés », de « l'amateurisme », des salles réservées in extremis à prix d'or. Et avancent de possibles explications aux dérives. « C'est pour éponger Villepinte. On va le payer jusqu'au bout, ce meeting », peste l'un d'eux. Plusieurs parlent des réunions au QG de campagne où un proche conseiller du candidat s'était agacé des montants réclamés par Bygmalion. Ou cet autre encore, qui raconte que les fédérations UMP tordaient le nez devant les factures épicées qu'on leur présentait pour de prétendues locations de chaises et s'entendaient répondre : « Ne discutez pas ! »

    Quid du retour de l'ex-président en vue de 2017 ? Mezzo voce, certains n'y croient plus guère. « Les gens commencent à parler. C'est le grand déballage. C'est fini pour Sarkozy », veut croire un responsable UMP. Un cadre du parti s'énerve carrément : « C'est pour lui qu'on est allé chercher onze millions d'euros ! Les militants vont se dire qu'on leur a fait les poches ! Le plus grand danger pour la droite, ce serait le retour de Sarkozy, parce qu'il nous fera perdre pour se sentir exister ». En privé, le député UMP Pierre Lellouche, lui-même mis en cause dans l'affaire, est beaucoup moins catégorique. « Il n'est pas encore cuit, mais le Sarkothon et les 11 Mâ?¬ vont lui revenir à la figure comme un boomerang. » Malgré la tempête, Nicolas Sarkozy a décidé de maintenir son déplacement prévu aujourd'hui à Madrid, où il doit rencontrer le Premier ministre Mariano Rajoy et Juan Carlos d'Espagne. On ne fait pas attendre le roi.

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