La « guerre des prix » du mobile, officiellement déclarée par l'irruption de Free sur le marché en 2012, et souvent dénoncée comme destructrice par les opérateurs historiques, a fait chuter en 2013 les tarifs des services de 27,2 %, selon des chiffres publiés mardi 27 mai par l'Autorité des télécoms (Arcep) dans son observatoire annuel. La baisse s'accélère par rapport à 2012, où les prix s'étaient contractés de 11,4 %.
La pléthore d'offres « illimitées » (voix et SMS), calibrées pour tous les types de profils d'utilisateur et toutes les tailles de portefeuille, est selon l'Arcep largement responsable de cette baisse spectaculaire. La consommation en « voix » des détenteurs de forfaits (y compris les forfaits bloqués) augmente pour la première fois depuis 2007 et atteint 3 heures et 15 minutes par mois en 2013. Le nombre de SMS envoyés est resté stable.
Le recul des prix atteint 25,5 % en moyenne pour les clients souscrivant des abonnements. Du côté des abonnements sans subvention du terminal (essentiellement des contrats « sim only »), leur prix chute de 28,1 % sur un an. L'indice de dépense (évolution en valeur de la facture théorique des consommateurs) a quant à lui baissé de 20,2 % en 2013. Le prix des données (pour surfer sur Internet, utiliser des applications, etc.), qui ne sont jamais intégrées en illimité dans les forfaits, contribue néanmoins à limiter la baisse.
Un ralentissement lié à la consolidation du secteur ?
Le recul est impressionnant sur tous les types de forfait, mais l'Arcep souligne que si le rythme de baisse a été très rapide de la mi-2012 au printemps 2013, « il s'est significativement ralenti depuis lors ». Le ralentissement serait-il imputable aux perspectives de consolidation du secteur, phénomène qui tend à s'accélérer en Europe ? La fusion prochaine de SFR avec le câblo-opérateur Numericable fait craindre, notamment aux associations de consommateurs, une remontée possible des tarifs.
Si les patrons des grands opérateurs historiques se sont montrés rassurants ces derniers mois, les analystes spécialistes des télécoms soulignent que les prix les plus bas n'ont pas bougé depuis plus d'un an, et que l'on peut difficilement aller plus bas. La différenciation entre offres va se faire, pensent-ils, sur les forfaits intermédiaires, autour de 10 euros. En tout cas, le pari des opérateurs de faire un peu remonter les prix grâce aux offres 4G semble avoir fait long feu.
Si elle est la conséquence d'une concurrence bienvenue sur le marché des télécoms, la chute des prix continue à rogner les revenus des opérateurs et pénalise les investissements. Selon les chiffres de l'Idate, think tank spécialisé dans le numérique, les investissements dans le secteur sont deux fois plus élevés aux Etats-Unis qu'en Europe. Conséquence, les acteurs européens se retrouvent en position de faiblesse dans la compétition mondiale. Les Français encore plus : Orange, premier opérateur français, n'arrive qu'en 9e position sur la scène mondiale.
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