Quel pays tire la consommation mondiale d'énergie ? La planète se mobilise-t-elle vraiment pour lutter contre les émissions de CO2 à l'origine du réchauffement ? Quel est l'impact de l'exploitation massive des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis ? Où en est le prix du gaz ?...
En publiant, mardi 27 mai, son « Bilan énergétique mondial 2013 », Enerdata, société française de conseil spécialisée dans l'énergie, dont la base de données existe depuis trente ans, permet de dresser en sept graphiques explicites le tableau des grands bouleversements en cours.
- LA CONSOMMATION D'ÉNERGIE DANS LES PAYS DU G20
En 2013, la consommation d'énergie a augmenté de 2,1 % dans les pays du G20 (qui représentent 80 % de la consommation mondiale d'énergie), un chiffre à mettre en parallèle avec la croissance économique de 2,8 % (à parité de pouvoir d'achat). Même si l'activité chinoise ralentit un peu, c'est bien elle qui explique à 75 % cette demande en hausse. Rien d'étonnant donc, qu'entre 2000 et 2013, elle se substitue à l'Europe pour faire route en tête avec les Etats-Unis dans la consommation mondiale d'énergie.
- LE POIDS MAJEUR DU CHARBON
Au niveau mondial, le pétrole continue de dominer, mais un grand nombre de pays du G20 restent fidèles au charbon qui satisfait la moitié de l'augmentation de la consommation d'énergie. La houille est largement exportée à un prix bon marché par les Etats-Unis qui ont développé, eux, les hydrocarbures non conventionnels.
Même si la Chine se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables – le marché du photovoltaïque s'y développe vite avec 11 GW supplémentaires installés en 2013 –, le pays reste le plus gros consommateur de charbon au monde. Aux Etats-Unis, la demande a un peu repris (+ 3,9 % vs - 10,7 % en 2012) suite à la légère augmentation du prix du gaz : 2, 7 dollars/mbtu en 2012 contre 3,7 dollars en 2013.
- PÉTROLE : LES ÉTATS-UNIS AUTOSUFFISANTS EN 2020 ?
Aux Etats-Unis, le boom du pétrole de schiste pourrait conduire le pays à être autosuffisant, et donc à se passer des exportations des monarchies du Golfe, en 2020. Un scénario déjà évoqué par l'Agence internationale de l'énergie et confirmée par Sylvain Chateau, Deputy General Manager d'Enerdata. En 2005, la consommation de pétrole du pays était trois fois supérieure à la production. En 2013, c'est moins d'une fois et demie.
- LES ÉTATS-UNIS, BIENTÔT UN ACTEUR MAJEUR SUR LE MARCHÉ DU GAZ LIQUÉFIÉ
Les Etats-Unis commencent à développer des unités de liquéfaction de gaz naturel afin de pouvoir exporter – surtout vers l'Asie – sa production de gaz de schiste dont le prix est le plus faible du monde. Selon Sylvain Chateau, « le pays va devenir un acteur majeur des échanges gaziers dans les années qui viennent ». Ces projets ne devraient pas être remis en cause par la légère hausse du prix du gaz américain, provoqué par la stagnation de la production des forages conventionnels.
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, le marché gazier continue d'être partagé en trois zones de prix : très bas aux Etats-Unis ; élevé au Japon depuis Fukushima et l'arrêt des réacteurs nucléaires ; moyen, en Europe approvisionnée par la Norvège, les Pays-Bas, la Russie et l'Algérie. La fluidité entre les trois zones reste limitée malgré le développement du gaz naturel liquéfié.
- L'ALLEMAGNE CONTRAINTE DE RELANCER LE CHARBON
La décision de Berlin d'arrêter le nucléaire d'ici à 2022, après la catastrophe de Fukushima de mars 2011, s'est traduite par une hausse du recours au charbon, meilleur marché que le gaz européen. Les efforts des Allemands en matière d'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables n'ont pas suffi pour limiter cette demande.
Des centrales au gaz qui ont besoin, selon Enerdata de tourner 4 000 heures/an pour être rentables ont été mises sous cocon.
LES RENOUVELABLES VEDETTES DU MIX ÉLECTRIQUE EUROPÉEN
En Europe, pour la première fois, les énergies renouvelables – y compris hydro-électricité et biomasse – ont dominé le mix électrique en 2013, dépassant de très peu le charbon et le nucléaire. Le gaz apparaît en fort déclin : plus de 20 GW de capacités ont été fermées ou mises sous cocon depuis 2010. En cause : la compétitivité accrue du charbon, la baisse de la demande d'électricité et l'utilisation des énergies renouvelables.
- LA « DÉCARBONISATION » DES ÉCONOMIES SE FAIT ATTENDRE
La croissance en 2013 de la consommation énergétique (+ 2,1 %) au sein du G20, s'est traduite par une hausse des émissions de CO2 quasiment équivalente de 2 % : « En clair, constate Sylvain Chateau, les pays qui annoncent la décarbonisation de leurs économies ne le font pas. »
La Chine a beau mettre en avant la fermeture de ses centrales au charbon les plus sales, le pays émet de plus en plus de CO2 par habitant, désormais presque autant que l'Europe, alors qu'un européen consomme 1,5 fois plus d'énergie qu'un Chinois.
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