Européennes : les coulisses de l'intervention télévisée de Hollande

Européennes : les coulisses de l'intervention télévisée de Hollande

    Personne ne l'a su, car l'Elysée tenait à garder le secret : lundi après-midi, un homme est entré au Palais par une porte dérobée pour échapper aux caméras. Cet homme, c'est Tristan Carné, le jeune réalisateur de « The Voice », « Danse avec les stars », « Mots croisés » ou le « Téléthon », qui avait aussi officié sur le débat du 2 mai 2012 entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. La présidence avait contacté ce spécialiste des directs acrobatiques au débotté, quelques minutes plus tôt, pour enregistrer l'intervention télévisée du président, qui devait être diffusée le soir même à 20 heures.

    C'est samedi que François Hollande a décidé, avant même le résultat choc des européennes, qu'il devait parler aux Français. Dès dimanche soir, il a commencé à coucher quelques idées sur le papier. Des mots qu'il a écrits seul. Mais il hésitait entre une allocution ou une interview.

    Lundi matin, la décision a été actée de faire une intervention solennelle depuis l'Elysée. Et qu'importe si l'UMP était, au même moment, en train d'exploser avec la confession au canon de Jérôme Lavrilleux sur BFM, que le président n'a pas regardée. Très critiqué sur le choix du timing et jugé « inaudible » jusque dans son propre camp, Hollande considérait pour sa part qu'il devait s'exprimer en ce moment qu'il juge « historique », et que le contraire lui serait reproché.

    Plusieurs lieux ont été envisagés : la salle des fêtes, le salon Napoléon III ou le studio télévisé du Palais. Mais le président voulait innover. Va donc pour la bibliothèque, comme un lointain hommage à François Mitterrand, qui avait choisi cette pièce pour sa photo officielle en 1981, tout comme Nicolas Sarkozy en 2007. Pour la première fois, il était assis (comme Mitterrand sur sa photo), la gestuelle déterminée et... la cravate droite !

    Trois prises ont été nécessaires pour enregistrer, avec comme toujours l'aide d'un prompteur. Las, dans la pièce, personne n'a réalisé que le président avait commis un lapsus (« partout, les partis européens progressent » au lieu des « partis anti-européens »). Ce n'est qu'au moment de la retranscription que la petite bévue présidentielle a été couchée sur le papier.