Alstom : General Electric veut créer 1 000 emplois sur trois ans

L'Allemand Siemens se positionnerait dans la course au rachat du Français Alstom, convoité par l'Américain General Electric.
L'Allemand Siemens se positionnerait dans la course au rachat du Français Alstom, convoité par l'Américain General Electric.
(AFP/TIMM SCHAMBERGER ; SEBASTIEN BOZON ; YASUYOSHI CHIBA.)

    C'est presque comme dans une émission de télé-réalité. Les prétendants de ce qui pourrait être «Qui veut épouser Alstom ?» rivalisent de belles promesses, alors que les fiançailles doivent être scellées au plus tard le 23 juin. Si François Hollande a reçu la seconde fois, ce mercredi à 8 heures, Jeffrey Immelt, Pdg de General Electric, c'est devant l'Assemblée nationale, mardi, que le groupe américain et son challenger Siemens ont livré leur première véritable opération de séduction.

    Avec d'un côté, General Electric qui a déjà déposé une offre ferme de 12,35 milliards d'euros pour reprendre la branche énergie d'Alstom, et de l'autre le groupe allemand Siemens, qui a annoncé mardi qu'il déposerait une offre de rachat du pôle énergie d'Alstom «au plus tard» le 16 juin. «Nous préparons notre offre avec sérénité, sérieux et détermination en nous appuyant sur deux piliers: une vérification approfondie de la situation financière d'Alstom et une large concertation avec toutes les parties prenantes», a expliqué devant les députés Christophe de Maistre, le président de Siemens France. Et d'ajouter qu'il fallait, de surcroit, «un processus qui garantit bien une égalité de traitement et un juste accés à l'information jusqu'au bout.»

    Pour Alstom, son coeur balance pour GE

    Alstom n'en fait pas un mystère. A plusieurs reprise, le Pdg d'Alstom Patrick Kron a répété que l'offre de GE était une bonne chose pour l'entreprise française, sur le thème : Alstom renforce GE et GE renforce Alstom. En d'autres termes, les activités complémentaires des deux groupes permettent de garantir l'emploi. Mieux, mardi, Jeffrey Immelt a souligné que le conglomérat américain, implanté de longue date dans l'hexagone où il compte 10.000 employés, a promis d'augmenter l'emploi et de localiser en France ses centres mondiaux pour ses activités turbine à vapeur, énergie hydraulique, éolien offshore et réseaux électriques, tandis que le «centre d'excellence» pour les turbines à gaz resterait à Belfort.

    «Nous allons prendre un engagement chiffré qui pourra être passé au crible», a-t-il ajouté, réservant l'annonce de ces mesures concrètes au chef de l'Etat. Une promesse qui, en attendant, semble séduire les syndicats d'Alstom mais aussi les élus de la région de Belfort. Une avancée qui semble aussi rassurer l'Elysée: «Aujourd'hui, il a été possible de constater que la proposition de General Electric s'est précisée, s'est améliorée, s'est renforcée, notamment sur l'emploi», s'est-on félicité, ce matin, à la présidence de la République à l'issue de la réunion en ajoutant qu'il restait «du travail à accomplir au cours des prochaines semaines». General Electric s'est engagé à créer 1 000 emplois sur trois ans.

    Faire deux champions européens

    Le hic, c'est que le gouvernement a d'autres ambitions et préfère Siemens en vue d'une alliance européenne. Du coup, Christophe de Maistre, patron de Siemens, a aussi été obligé d'être rassurant. «Nous sommes absolument persuadés que notre union ferait la force de nos deux entreprises et qu'ensemble nous construirions deux champions européens de taille mondiale, capables de faire durablement face à la concurrence, qu'elle vienne d'Amérique du Nord ou d'Asie», a-t-il déclaré devant les députés de la Commssion des affaires économiques.

    Et de livrer sa vision d'avenir: «Concrètement, cette alliance verrait Siemens acquérir, pour les faire croître, les activités énergie d'Alstom», à l'exception de «celles que les pouvoirs publics jugeraient essentielles à la souveraineté énergétique de la France», en particulier dans le nucléaire. «Nous nous engagerions à conserver ces activités, car elles présenteraient toutes un intérêt», a-t-il précisé, en posant un jalon supplémentaire. «Siemens apporterait à Alstom toutes ses activités de matériel roulant, des trains à grande vitesse aux bus électriques». Selon lui, ce «grand Alstom Transport» serait détenu majoritairement par des capitaux français, et son siège se trouverait en France, comme celui des activités de transmission, d'hydraulique et de turbines à vapeur. Autre argument: Siemens a assuré que son projet «ne serait pas celui d'une restructuration défensive» et que l'emploi serait au moins préservé «pour une durée de trois ans à compter de la clôture de la transaction».

    Place aux concessions

    Cette bataille est loin d'être terminée. Les deux prétendants vont devoir faire des concessions jusqu'à la ligne d'arrivée. GE s'est dit prêt à discuter avec l'Etat pour « trouver des solutions permettant de garantir à nos clients français un accès privilégié aux turbines à vapeur les plus fiables du marché afin d'équiper leurs centrales nucléaires dans le monde entier». GE se dit même ouvert à «un engagement de l'Etat français dans une alliance économique.» Cerise sur le gâteau, GE serait disposé à étudier avec Alstom la possibilité de créer une coentreprise avec son activité mondiale de signalisation alors que Siemens veut garder cette activité lucrative dans son seul giron.

    Enfin, selon les rumeurs, Siemens ne serait prêt à débourser que 7 milliards de cash dans ce mariage. Et là, ce sont surement les membres de la famille d'Alstom, c'est à dire les actionnaires, qui vont demander un geste au groupe allemand.

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