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Jean-François Copé, le jour d'après

Jean-François Copé: «De toute façon, je ne vois personne d'autre dans ma génération que moi.» KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Jean-François Copé livre ses sentiments au lendemain de son éviction de la présidence l'UMP sur fond d'affaire Bygmalion.

«Je m'étais dit que si on gagnait les européennes - oui, je croyais qu'on pouvait les gagner -, je pourrais quitter la présidence de l'UMP, après.» Jean-François Copé sourit un peu tristement. «Le dilemme n'a pas duré longtemps. J'avais répondu non, bien sûr.» Trop «accro», Jean-François Copé. Comme toujours. Incapable d'appuyer sur le bouton pause, c'est finalement contraint et forcé qu'il a dû quitter la présidence de l'UMP.

Mercredi, au siège de l'UMP, au lendemain de la réunion houleuse du bureau politique de l'UMP, Jean-François Copé a l'air certes touché - un peu plus pâle, un peu amaigri - mais pas coulé. Il maintient sa version des faits. Non, il ne savait pas. Oui, il a appris il y a douze jours. Non, il ne craint pas vraiment pour son avenir, car, dit-il, «je dis vrai». Quant à ceux qui s'étonnent qu'il ait pu ne pas connaître les agissements de ses propres collaborateurs, il s'insurge: «“T'aurais dû savoir”, disent-ils! Mais je n'ai pas vocation à repasser derrière les gens! Comment imaginer que ses propres collaborateurs…»

Pense-t-il se remettre de cette démission forcée, de ce premier grave désaveu? Manière de minimiser la portée de l'événement, il énumère, comme des médailles de guerre accrochées au revers de sa veste, ses échecs passés, dont il s'est toujours remis. «Il y a eu 1997, quand j'ai été battu après la dissolution, il y a eu 2007 quand j'ai été, le seul de ma génération, foutu dehors du gouvernement et qu'il a alors fallu me reconstruire», dit-il drôlement, comme on dit après un deuil. «Sans compter évidemment, ajoute-t-il, la crise interne de décembre 2012.» Il semble certain que son honneur sera lavé. Certain, aussi, d'être indispensable. «De toute façon, je ne vois personne d'autre dans ma génération que moi.»

«Les gens te veulent toi»

Néanmoins, il a beau se rassurer, il ne peut s'empêcher de revenir sur cette réunion de mardi, à l'Assemblée nationale, «sur le spectacle physique de cette haine». Et sur certaines interventions qui l'ont plus heurté que d'autres. Celles de Nathalie Kosciusko-Morizet ou de François Baroin notamment. «NKM a été inouïe, je l'ai vue physiquement la haine aux lèvres.» Baroin, «la main sur le cœur m'a dit “c'est bien pour toi”, lui qui a passé deux ans à me flinguer! C'est tout juste s'il ne m'a pas dit: tu rebondiras». Il se marre: «Aucun n'a manqué, ils étaient tous là. Les gentils ont été gentils et les méchants, méchants. Sans surprise.» Quant à Nicolas Sarkozy, il ne lui a pas fait signe.

Jean-François Copé ne veut surtout pas montrer qu'il a baissé pavillon. Il tente de se convaincre que, comme le lui répètent certains de ses proches depuis longtemps, cette retraite forcée l'obligera à une cure d'austérité médiatique salutaire. «J'ai essayé mais à chaque fois c'est la même chose, la pression. Les gens te veulent toi.» Là, il n'aura plus le choix. On dirait que c'est presque ce qui lui fait le plus peur. Comme si c'était sa came. Il le reconnaît: «Jusqu'à maintenant, ma tartine, c'était d'aller le matin sur une radio ou une télé. Maintenant, il va falloir que je trouve d'autres tartines au petit déjeuner, je suis obligé de changer de vie», dit-il. Quand on lui fait remarquer que sortir du champ de la politique politicienne ne peut pas lui faire de mal, il acquiesce. «Je perdais beaucoup de temps à voir le secrétaire départemental UMP de Haute-Saône ou d'ailleurs», dit-il. Un silence. Puis il ajoute: «Mais moi j'aimais bien voir le secrétaire départemental UMP de Haute-Saône.»

Jean-François Copé, le jour d'après

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139 commentaires
  • alberto b

    le

    Les français délirent , ils veulent des politiciens qui n'ont aucune ambition personnelle et qui ne pensent qu'au bonheur de la France , les politiciens ne sont pas des saints , de n'est pas sur leur moralité qu'il faut les juger mais sur leur efficacité

  • 2227901 (profil non modéré)

    le

    L'éviction de M Copé, c'est comme une opération chirurgicale. C'est désagréable, on n'est jamais tout à fait certain des conséquences, mais il est néfaste de tergiverser trop longtemps. C'est maintenant fait, c'est bien.

  • Charles Fortin

    le

    Faisons une typologie et leurs bilans, des 15 figures de proues de l' UMP.
    La messe sera dite...

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