
POLITIQUE - Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a jugé mercredi 28 mai que faute de "majorité", "ce n'est pas la peine" de présenter au Parlement un texte sur le droit de vote des étrangers extra-communautaires (c'est à dire hors-UE) aux élections locales. Le ministre a également appelé à se "concentrer sur l'essentiel" après les revers des élections municipales puis européennes.
"Il n'y a pas de majorité constitutionnelle pour faire cela (...) Ce n'est pas la peine de poser des questions dont on sait qu'on n'a pas les moyens de les résoudre (...) Nous devons nous concentrer sur l'essentiel de ce que nous pouvons faire immédiatement avec la majorité dont nous disposons: le redressement des comptes du pays, la croissance...", a-t-il déclaré lors de l'émission "Questions d'info" LCP/France Info/Le Monde/AFP.
L'engagement n°50 du candidat Hollande
Une façon de réenterrer cet engagement de campagne porté par le candidat François Hollande. Il s'agissait du n°50 dans la liste de 60 propositions défendue par l'actuel président de la République, rappelle Le Monde, mais le droit de vote des étrangers aux élections locales fait débat depuis 2012 au sein-même de la majorité. En septembre 2012, le ministre de l'Intérieur de l'époque Manuel Valls avait déjà désavoué 75 députés qui avaient lancé un appel en ce sens dans Le Monde, estimant que ce n'était "pas une revendication forte de la société française".
Jamais totalement fermé, le débat a été relancé plusieurs fois depuis deux ans, notamment par Jean-Marc Ayrault lorsqu'il était encore Premier ministre, et plus récemment par le nouveau secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis (qui a annoncé "une campagne à l'automne sur le droit de vote des étrangers") ainsi que par François Hollande lui-même.
A l'occasion de son intervention sur RMC/BFM TV le 6 mai, deux ans jour pour jour après son élection, le président avait à nouveau affirmé sa volonté de porter cette proposition. "Je n'ai pas voulu introduire ce texte avant les élections municipales, parce qu'on nous en aurait fait le reproche, déclarait alors François Hollande, avant d'assurer que "ce texte sera de nouveau proposé". Visiblement, ce n'est pas pour tout de suite.