Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Rachat de Beats par Apple : Dr. Dre, « premier rappeur milliardaire »

Apple a racheté, pour 3 milliards de dollars, une marque fondée par le rappeur, qui a réussi sa reconversion dans le monde des affaires.

Par 

Publié le 29 mai 2014 à 04h58, modifié le 29 mai 2014 à 12h17

Temps de Lecture 5 min.

En 1988, Dr. Dre faisait trembler l'Amérique avec Fuck The Police. Mercredi 28 mai 2014, il s'affiche tout sourire aux côtés du PDG d'Apple, Tim Cook, après le rachat par la marque à la pomme de son entreprise Beats Electronics, pour la somme de 3 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros).

Apple a pour l'occasion également confirmé l'embauche de Dr. Dre en tant que conseiller – dessinant l'avenir de la stratégie musicale du groupe, dont les fondamentaux, comme iTunes, s'essoufflent.

Lire nos explications sur ce rachat : Pourquoi Apple dépense 3 milliards de dollars pour Beats

PRÈS DE 800 MILLIONS DE DOLLARS

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences
Découvrir

Toutes ces annonces sonnent comme une consécration dans la carrière déjà très riche d'Andre Youn, le vrai nom de l'artiste. Elles vont lui permettre d'occuper la tête du palmarès Forbes des rappeurs les plus fortunés.

Forbes a en effet indiqué mercredi que le rachat de Beats par Apple ferait passer la fortune de Dr. Dre à une somme estimée entre 700 et 800 millions de dollars. C'est moins que les 970 millions de dollars estimés pour l'autre fondateur de Beats, également ami de longue date de Dr. Dre : Jimmy Iovine, lui aussi embauché par Apple pour son expertise et son réseau dans l'industrie musicale.

Mais c'est suffisant pour que Dr. Dre remplace Sean « Diddy » Combs (dont la fortune est estimée à 700 millions de dollars) comme rappeur le plus riche du monde, devant Jay Z (520 millions), Bryan « Birdman » Williams (160 millions) et 50 Cents (140 millions).

De quoi lui permettre de continuer à se vanter d'être « le premier milliardaire du hip-hop (...) sur la côte ouest » américaine, comme il le clamait dans une vidéo publiée alors que le rachat de Beats par Apple n'était pas encore confirmé.

« CALIFORNIA LOVE »

Pour en arriver là, Dr. Dre s'est d'abord forgé une solide réputation dans le milieu du rap américain, qu'il a ensuite réussi à transformer en machine à dollars avec les casques de Beats Electronics.

Tout a commencé dans des rues gangrénées par les gangs, à Compton, dans le sud de Los Angeles, où Andre Romell Young naît en février 1965. Après avoir été DJ, il sort avec son groupe N.W.A. (pour « Niggaz Wit Attitudes », dont les rangs comptent également Ice Cube et Eazy-E) un premier album, Straight Outta Compton, en 1988.

Les morceaux sont remarqués, puis censurés, pour leur texte jugé très violent, mais redéfinissent également certains standards du hip-hop américain de l'époque.

Dr. Dre quitte N.W.A en 1991, mais participe avec plusieurs de ses membres à la création du label Death Row Records, sur lequel il publie son premier album solo, The Chronic, en 1992.

L'album est son premier énorme succès commercial, et introduit sur le devant de la scène son acolyte Snoop Dogg, dont il produira DoggyStyle en 1993. En 1995, Death Row Records accueille Tupak Shakur (2Pac) parmi ses artistes, un autre emblème des sonorités « West Coast », au côté duquel Dr. Dre apparaît sur le tube imparable California Love.

Le rappeur fonde ensuite en 1996 son propre label, Aftermath Entertainment, dont les productions seront distribuées par Interscope Records – un label cofondé par un certain Jimmy Iovine, avec qui Dr. Dre va nouer de solides relations et créera ensuite Beats Electronics.

DÉCOUVERTE D'EMINEM

Le meurtre de Tupak Shakur, qui traumatise la scène hip-hop californienne, et le succès plus mitigé de son album  Dr.Dre Presents The Aftermath calment temporairement le jeu pour Dr. Dre.

Il reviendra toutefois sur le devant de la scène en 1999, avec plusieurs albums qui laisseront une empreinte durable dans l'histoire du rap. Tout d'abord, son 2001, qui remportera six disques de platine.

L'opus consacre Dr. Dre comme un producteur hors-norme, capable de réunir autour de lui ce qui se fait de mieux dans le genre musical, et de graver dans le marbre l'image du rappeur bling-bling californien, entouré dans ses clips de filles en maillot de bain, de grosses voitures et de nuages de fumée.

Auréolé du succès de 2001, Dr. Dre révèle également Eminem, repéré en 1998 par Jimmy Iovine. En quatre ans, les trois premiers albums de l'enfant terrible de Detroit (The Slim Shady LP en 1999, The Marshall Mathers LP en 2000 et The Eminem Show en 2002), en partie produits par Dr. Dre, sortent sur le label Aftermath puis font le tour des radios, des télévisions, et se vendent à des millions d'exemplaires.

Après l'avalanche de tournées et les nombreuses récompenses de la profession, marquées notamment par le sacre d'Eminem aux Grammy Awards de 2001, Dr. Dre enlève peu à peu son costume de rappeur, repoussant constamment la sortie d'un nouvel album pour se concentrer sur les affaires, destinées d'abord à faire prospérer son label Aftermath.

Il contribuera fortement à populariser des nouveaux artistes comme 50 Cents et Kendrick Lamar, dont il produit certains albums ou morceaux, tout en continuant à œuvrer pour les productions de ses protégés, notamment pour les derniers albums d'Eminem.

MARKETING POUSSÉ

Son sens du business le pousse toutefois à s'occuper davantge de Beats Electronics à partir de 2006. L'entreprise de Santa Monica fonde sa croissance sur la vente de caques audio aux couleurs vives portant son nom : « Beats by Dr. Dre ».

Le nom du rappeur contribuera largement à les populariser, en plus de savantes opérations marketings qui afficheront les écouteurs sur les oreilles de nombreuses stars du sport ou de la musique, des milieux qu'il connaît bien (Lady Gaga, Justin Bieber, David Guetta, Sean Combs ou encore LeBron James figurent parmi les ambassadeurs).

Lady Gaga et son casque

Malgré un prix élevé, et des critiques faisant état d'une reproduction des lignes basses beaucoup trop fortes (censées reproduire la qualité avec laquelle Dr. Dre travaille en studio), le succès est au rendez-vous  : sur la période de Noël 2012, 40 % des écouteurs vendus aux Etats-Unis sont marqués d'un B de couleur rouge, rapporte The Financial Times.

Fort de ces chiffres, Dr. Dre s'implique fortement dans la diversification de la marque en dehors du matériel audio, en lançant notamment Beats Music, un service de streaming avec Trent Reznor, du groupe Nine Inch Nails, dont le but est de chasser sur les terres de Spotify.

Autant de succès et d'initiatives qui ont poussé Apple à dépenser la somme la plus importante de son histoire pour acheter Beats Electronics. Et de s'assurer au passage que la renommée de Dr. Dre, qui a réussi à construire son propre empire musical, lui soit désormais profitable.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.