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Barack Obama défend un interventionnisme mesuré

Le président américain a défini les grands principes de sa politique étrangère. Et considère toujours que l'Amérique conserve le « meilleur marteau ».

Par  (San Francisco, correspondante)

Publié le 29 mai 2014 à 11h18, modifié le 29 mai 2014 à 12h26

Temps de Lecture 4 min.

Le président américain a défini les grands principes de sa politique étrangère. Et considère toujours l'Amérique conserve le « meilleur marteau ».

S'il n'y avait qu'une phrase à retenir de l'ambitieux discours de politique étrangère prononcé par Barack Obama, mercredi 28 mai, devant les cadets de l'école militaire de West Point, ce serait cet aphorisme du clou et du marteau :

« Ce n'est pas parce qu'on a le meilleur marteau qu'on doit voir chaque problème comme un clou. »

Une variante de la « loi de l'instrument » popularisée par le psychologue Abraham Maslow, et un raccourci saisissant de la philosophie d'un président qui considère que l'action est parfois pire que l'inaction.

Qu'on se rassure, a lancé Barack Obama, l'Amérique conserve le « meilleur marteau ». Ceux qui parlent de déclin le font pour des raisons électoralistes. Elle a l'économie, l'énergie et la population qui lui permettent de rester la première puissance du monde. Quand un typhon frappe les Philippines ou que des écolières sont kidnappées au Nigeria, c'est « vers l'Amérique que le monde se tourne pour chercher secours ». Les Etats-Unis restent « la nation indispensable ».

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Mais le monde a changé. La technologie et la mondialisation ont diffusé le pouvoir dans les mains des individus, y compris extrémistes ; la multiplication des réseaux d'information fait qu'il n'est plus possible d'ignorer « les conflits, les Etats en faillite et les révoltes populaires qui auraient été à peine remarqués il y a une génération ».

L'ISOLATIONNISME N'EST « PAS UNE OPTION »

La tentation est grande, chez les interventionnistes « de droite et de gauche », de vouloir résoudre toutes les crises. Les réalistes veulent n'intervenir que là où l'intérêt national est en danger. Ni les uns ni les autres « ne répondent pleinement aux besoins du moment », estime-t-il en tentant de définir une troisième voie.

L'isolationnisme n'est « pas une option » pour l'Amérique, encore moins au XXIe siècle. Mais c'est aussi une erreur de penser que les problèmes ont tous des solutions militaires. Barack Obama se dit encore « hanté » par sa décision de 2009 d'envoyer des renforts en Afghanistan.

Cette année-là, il avait aussi été invité à la cérémonie de fin d'année à West Point. Quatre des diplômés ont péri en Afghanistan. D'autres ont été blessés et leurs blessures le « hantent » aussi. S'il continue de penser que sa décision de ne pas se mêler d'une guerre civile en Syrie était « la bonne décision », il n'avance aucune certitude comparable sur l'Afghanistan.

UN SEUIL « PLUS ÉLEVÉ » EN CAS D'ACTION MILITAIRE

Barack Obama, à l’académie militaire de West Point (Etat de New York), le 27 mai.

Ne voyons pas tous les problèmes comme des clous, invite M. Obama :

« Depuis la seconde guerre mondiale, certaines de nos erreurs les plus coûteuses sont venues non pas de notre retenue mais de notre précipitation à nous lancer dans des aventures militaires, sans penser aux conséquences. »

L'action militaire « ne peut pas être la seule, ou même la principale, composante de notre leadership ». Le président définit les conditions d'une intervention. Lorsque l'intérêt national est menacé, les Etats-Unis ne doivent pas hésiter à frapper l'adversaire, unilatéralement si nécessaire, dit-il, quoique avec le souci d'une certaine proportionnalité : « L'opinion internationale a du poids. »

Lorsque les intérêts nationaux ne sont pas en jeu, même si la crise qui survient « remue notre conscience », alors, « le seuil pour une action militaire doit être plus élevé ». S'il y a intervention, elle ne saurait être que multilatérale.

« JE CONTINUERAI À POUSSER POUR FERMER GUANTANAMO »

Pour combattre les terroristes, plutôt que d'envahir les nations qui les abritent (en vertu d'une doctrine, celle de son prédécesseur, qu'il juge « naïve et intenable »), M. Obama propose une formule de sous-traitance : un partenariat avec les pays confrontés à la menace islamiste.

La Maison Blanche va demander au Congrès de financer un fonds de partenariats antiterroristes (Counter-Terrorism Partnerships Fund) de 5 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros). La mission ira de l'entraînement des forces de sécurité au Yémen à l'équipement d'une force multinationale de maintien de la paix en Somalie, ou encore « la facilitation des opérations françaises au Mali ».

Dernier volet du leadership américain : prêcher par l'exemple. Comment demander aux pays pollueurs de faire des efforts quand « tant de nos responsables politiques nient » la réalité du changement climatique ? Comment demander à la Chine de résoudre ses différends maritimes sous le régime de la convention sur le droit de la mer quand le Sénat américain refuse de la ratifier ?

Les Américains sont « exceptionnels », tance M. Obama, non pas par « leur capacité à faire fi des normes internationales », mais à les mettre en valeur par leurs actes : « C'est pourquoi je continuerai à pousser pour fermer Guantanamo. » En effet, insiste le professeur de droit qui dirige le pays depuis plus de cinq ans, « les valeurs de l'Amérique et ses traditions juridiques n'autorisent pas la détention indéfinie d'individus au-delà de nos frontières ».

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