Il y a trois siècles aux Etats-Unis, Thomas Jefferson travaillait debout à son bureau. La mode revient dans le pays, où de plus en plus d'experts s'alarment : rester assis au bureau toute la journée nuit gravement à la santé. Douleurs au dos, dégénérescence musculaire, maladies cardiaques, diabète, cancer du colon et même décès prématuré sont quelques-uns des risques qu'encourt le travailleur sédentaire.
DE TRÈS NOMBREUX SÉDENTAIRES
« Nous sommes une société qui s'avachit. On est assis avachi la plupart du temps au bureau et quand on rentre à la maison, on s'avachit sur le canapé devant la télévision. La combinaison peut être mortelle », assure Rob Danoff, médecin et membre de l'Association des ostéopathes américains (AOA).
Selon l'Institut américain de la santé, un adulte américain passe en moyenne 7,7 heures par jour sans bouger, et 70 % des employés de bureau passent plus de cinq heures par jour assis à leur bureau.
Une autre étude publiée dans The Archives of Internal Medecine montre une augmentation de 15 % de risque de décès prématuré pour les personnes restant assises 8 heures par jour, par rapport à celles assises moins de 4 heures par jour. Ce risque augmente à 40 % pour les plus statiques, restant assis 11 heures par jour en moyenne.

BUREAUX SURÉLEVÉS
En conséquence, l'Association médicale américaine a publié en 2013 une recommandation appelant « employeurs et employés à trouver des alternatives à la position assise, comme les bureaux en hauteur et les sièges ballons ».
Voir également : Les conseils du Washington Post pour ne pas rester trop longtemps assis au travail
Le message commence à passer. En 2012, le magazine Wired conseillait par exemple à ses lecteurs d'utiliser de tels « standing desks » pour avoir une meilleure santé.
En Californie, des entreprises high-tech comme Google et Facebook en ont installés plusieurs dizaines dans leurs locaux (voir ici et là des exemples de bureaux en hauteur utilisés au siège de Facebook à Menlo Park). Ceci pour que les utilisateurs d'ordinateurs puissent aussi se tenir debout quelques heures par jour, tout en continuant à travailler.
UN MARCHÉ EN EXPANSION
Ces bureaux « sont connus depuis une vingtaine d'années en Europe, mais aux Etats-Unis, on trouvait ça bête. J'ai vu un énorme changement » en 2013, indique le PDG d'une société sise dans l'Illinois, au nord des Etats-Unis, qui conçoit et vend de tels espaces de travail. Selon lui, les ventes de bureaux surélevés par son entreprise ont augmenté de 50 % en un an.
A Washington, la fondatrice de l'entreprise Rebel Desk explique également à l'AFP en vendre de plus en plus à des avocats, professeurs d'université ou professionnels de santé. Certains modèles des bureaux vendus par la société sont même assortis de tapis roulants pour encore plus d'exercice physique.
Une option qui n'est pas du goût de tout le monde : certains journalistes de Business Insider (dans un test à voir ci-dessous) expliquent avoir du mal à écrire, à utiliser leur souris, et être trop distraits par le fait de devoir marcher en écrivant.
Avec ou sans tapis roulant, le marché est florissant, avec de nombreux modèles existants, parfois très chers. Business Week a testé une dizaine de standing desks, dont certains peuvent rapidement passer de la position assise à la position debout, coûtant entre 500 et 4 500 dollars.
Dans un article sur la question, le New York Times signale toutefois des sites expliquant comment fabriquer le sien pour quelques dizaines de dollars. Par exemple en bricolant soi-même ses meubles Ikea.
« JE SUIS PLUS ACTIF »
En parallèle, les témoignages enthousiastes de travailleurs se sont multipliés. Les employés du magazine Forbes ont été rapidement conquis par le fait de pouvoir alterner entre la position debout et la position assise au bureau, grâce à la mise en place de quelques bureaux adaptés dans leur open space.
Sur son blog, un professeur de l'université de Columbia, qui a testé plusieurs modèles, indique avoir rapidement oublié le fait qu'il devait s'asseoir pour travailler, et parle de résultats très favorables en ce qui concerne ses problèmes de dos. Le site ReadWrite affirme même que les standing desks augmentent la productivité, permettant aux employés d'être davantage stimulés intellectuellement.
Un employé de 34 ans, travaillant dans une start-up à Washington, qui a récemment adopté un bureau modulable même s'il est en excellente santé, a expliqué à l'AFP :
« C'est à titre préventif, je veux rester en forme et actif quand je travaille. Je suis plus actif physiquement, et donc mentalement plus actif, et plus productif. Mais il faut avoir l'écran à la bonne hauteur, avec les bras perpendiculaires au corps (...) et quand je suis fatigué, je m'assois. »
« NE PAS ALLER D'UN EXTRÊME À L'AUTRE »
Face à cette vague, certains, comme la fondatrice de l'entreprise Rebel Desk, insistent toutefois une nécessaire « diversification », pour éviter également une trop grande fatigue liée à la position debout.
« On reste debout, on marche, et quand on en ressent le besoin, on s'assoit, on prend une pause. Nous encourageons nos clients à penser que s'asseoir, c'est prendre une pause. »
L'osthéopathe Rob Danoff donne les mêmes conseils :
« Nous ne sommes pas faits pour être assis toute la journée, nous ne sommes pas faits non plus pour être toujours debouts. Il ne faut pas aller d'un extrême à l'autre. »
Parmi les recommandations du médecin figurent : se lever une minute toutes les demi-heures, marcher dans le couloir, prendre l'escalier plutôt que l'ascenseur, aller voir son collègue au lieu de lui envoyer un courriel.
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