Réforme du RSA : Martin Hirsch appelle à en corriger les «malfaçons»

Cinq ans après sa création, le Revenu de solidarité active (RSA) reste complexe et encore méconnu. La moitié des personnes qui y auraient droit ne le demandent pas, et sa réforme, promise, tarde à se concrétiser. Son initiateur Martin Hirsch, aujourd'hui directeur de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), estime ce vendredi qu'il faut corriger les «malfaçons» de cette prestation, selon lui imposées dès l'origine par crainte d'une trop grande demande.
«Quand on l'a créé, la hantise de mes interlocuteurs - gouvernement et parlementaires - était : "Nous allons être débordés par la demande. Voilà pourquoi il faut mettre des verrous, voilà pourquoi il faut le rendre compliqué», explique Martin Hirsch, qui était alors Haut commissaire aux solidarités actives, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Le RSA était né d'un rapport qu'il avait rédigé en 2005, «dans lequel une seule prestation englobait le RSA, la Prime pour l'Emploi et éventuellement les aides au logement, avec un grand souci de simplification». Mais cela a été écarté. «Depuis lors, jamais personne n'a voulu en tirer les leçons ni le simplifier», malgré plusieurs rapports parlementaires en ce sens, regrette-t-il.
«Des solutions assez simples»
Pour l'ancien président d'Emmaüs, «les solutions sont assez simples à mettre en Å?uvre si on en a la volonté». «Au lieu de faire une demande trimestrielle, les bénéficiaires du RSA activité pour lesquels les montants sont assez faibles - de l'ordre de quelques dizaines d'euros par mois - pourraient par exemple être autorisés à faire une seule demande annuelle». On pourrait aussi simplifier les formulaires de demande et le mode de calcul, afin de rendre le montant de la prestation plus prévisible pour les bénéficiaires, ajoute-t-il en substance.
Martin Hirsch déplore qu'il y ait eu «une campagne d'information il y a cinq ans, et pas une seule depuis». «On a basculé assez vite dans un système dans lequel on s'est dit que si le RSA était plus connu et plus simple, il coûterait un peu plus d'argent» aux finances publiques, a-t-il estimé. Pourtant, «la ressource créée pour financer le RSA - un prélèvement de 1,1% sur les revenus du capital - n'a jamais été dépensée jusqu'au bout».
Fin 2013, le RSA était versé par les Caisses d'allocations familiales (CAF) à 2,3 millions de foyers (+7% en un an), pour un coût de plus de 10 milliards d'euros.