Brad Pitt, George Clooney, Mark Wahlberg… acteurs, producteurs et sauveurs du cinéma

Ils offrent leur notoriété et leurs idées à des auteurs indépendants. Quand les acteurs se font producteurs, Hollywood a du souci à se faire…

Par Frédéric Strauss

Publié le 16 mai 2014 à 22h00

Il brandit fièrement la statuette dorée, Brad Pitt. L'acteur n'a pourtant jamais reçu d'oscar… Le 2 mars 2014, c'est en tant que producteur qu'il est appelé sur scène devant le tout-Hollywood, pour le sacre de 12 Years a slave. Sans lui, ce film n'aurait jamais pu exister, assure le réalisateur Steve McQueen. Une manière de résumer ce qu'il doit à Pitt : avoir porté son projet, lui avoir donné de la crédibilité, des moyens et de l'envergure.

Un travail sérieux que ce producteur play-boy paracheva en acceptant de remettre sa casquette d'acteur, mais juste le temps d'une apparition et seulement pour aider le financement du film. L'important n'était pas d'être dans la lumière une fois de plus mais de braquer les projecteurs sur une œuvre de qualité et un réalisateur de talent. Mission accomplie.

Ce phénomène, qui n'est pas nouveau, n'attirait pas l'attention jusqu'ici. En 2003, Nicole Kidman apparut au générique d'In the cut, de Jane Campion, en qualité de productrice : elle avait acheté les droits du roman d'origine et envisagé de jouer dans le film, qui fit un four Rideau.

Mais aujourd'hui, les acteurs producteurs, de plus en plus nombreux, représentent un espoir nouveau : ils pourraient, tout simplement, sauver le cinéma. Que les studios hollywoodiens seraient en train de tuer en ne misant plus que sur des productions gigantesques avec superhéros. 12 Years a slave, pour eux, c'est du chinois. Comme Le Stratège, qui offrit à Brad Pitt sa première nomination de producteur, en 2012. Pour trouver la formule de ce film de base-ball pas comme les autres, des années et des années d'efforts furent nécessaires : chercher le réalisateur adéquat, ajuster le scénario et le budget Un travail d'orfèvre que les studios n'ont plus le temps ni le talent de faire. Et qui peut pourtant rapporter gros : Le Stratège fut un succès au box-office américain et son réalisateur, Bennett Miller, était en compétition à Cannes cette année (avec Foxcatcher), preuve qu'il y avait des raisons de croire en son talent…

Têtes chercheuses

Nouvelles têtes chercheuses, les comédiens qui se lancent dans la production sont guidés par le respect des cinéastes et par l'envie d'histoires fortes, complexes. A l'image du cocktail politique-réalité-spectacle élaboré pour Argo, de Ben Affleck, oscar du meilleur film en 2012. Cette année-là, la statuette fut récupérée par le producteur George Clooney. Derrière La nuit nous appartient (2007), de James Gray, ou Fighter (2010), de David O. Russell, de véritables auteurs dans le cinéma américain, il y a le juvénile et populaire Mark Wahlberg, familier des films pop-corn. Devenu producteur de metteurs en scène estimés, cet acteur sympathique a décroché là des personnages plus consistants. Etre à l'origine de films intéressants en tant que producteur, permet d'être le premier sur le coup pour un bon rôle. Le Stratège offrit aussi à Brad Pitt une nomination à l'oscar du meilleur acteur…

Soif de créativité ou de contrôle ? La frontière est mince, assure le producteur Antoine de Cazotte, un Français de Hollywood qui avait été de l'aventure de The Artist, de Michel Hazanavicius : « Il y a une compétition de plus en plus grande autour des histoires dont on peut tirer des films. Pour Capitaine Phillips, Tom Hanks a pris les choses en main très tôt et de façon assez agressive, en utilisant sa notoriété. Mais si les financiers ont suivi, c'est parce qu'il avait Sony, un gros studio, derrière lui. Etre un acteur connu ne suffit pas à être pris au sérieux en tant que producteur. » C'est à conquérir cette crédibilité que travaillent Brad Pitt, Mark Wahlberg et beaucoup d'autres. Encore un coup de maître comme 12 Years a slave et les stars pourraient faire trembler Hollywood.

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