Comment Boudjellal a transformé le RCT

Mourad Boudjellal a repris le RC Toulon au bord de la faillite et en Pro D2, en 2006. Huit ans plus tard, le club est double champion d’Europe et va disputer sa troisième finale d’affilée du Top 14. La philosophie de ce nouvel homme fort du rugby-business à la Française est simple : faire de ses rêves une réalité !

Personnage excentrique et excessif s’il en est, Mourad Boudjellal est aussi et avant tout un redoutable homme d’affaires. De père algérien et de mère arménienne, le natif de la petite commune d’Ollioules, dans le Var, aujourd’hui âgé de 53 ans, a fait fortune dans le secteur des bandes dessinées. Dès 1989, il crée la société Soleil Éditions, qui enchaînera les succès commerciaux en misant notamment sur les rééditions des albums de Rahan, Tarzan ou Mandrake le magicien. Cette société, qu’il a revendue en 2011, réalise aujourd’hui plus de 40 millions de chiffre d’affaires et est le troisième éditeur francophone de bandes dessinées.

En Pro D2, un budget digne du 15e club de Top 14

Boudjellal se consacre désormais à temps plein à sa deuxième passion, le rugby. D’abord sponsor du RC Toulon via Soleil Editions, il a repris le club en 2006. Rétrogradé en Pro D2, le RCT est au bord de la faillite. Boudjellal voit les choses en grand. Il injecte un budget digne du 15e club de Top 14 et recrute une pléiade de joueurs confirmés, dont la superstar du moment, le Néo-Zélandais Tana Umaga. Pour cette première saison de l’ère Boudjellal, Toulon échoue en demi-finale d’accession. Alors le mécène procède à un recrutement plus spectaculaire encore pour la saison 2007-2008 ! Le légendaire Andrew Mehrtens, recordman de points avec les All Blacks, Anton Oliver, capitaine de la Nouvelle-Zélande à 10 reprises, ou encore Victor Matfield, qui vient d’être élu meilleur joueur du monde, sont de ceux-là ! Avec un tel effectif, Toulon écrase la Pro D2 et se hisse logiquement dans le Top 14.

En Top 14, le budget reste derrière celui de Toulouse

De retour dans l’élite, Boudjellal augmente année après année le budget du club, le portant cette saison à 23 millions d’euros, en restant néanmoins à distance respectable du Stade Toulousain et ses 35 millions d’euros. Le stade Mayol (15.000 places) est plein, les sponsors affluent et le club délocalise ses meilleurs affichent dans des stades de grande capacité, comme le Stade Vélodrome de Marseille ou, plus récemment, l’Allianz Riviera de Nice.

Il faut toutefois attendre la saison 2009-2010 pour que le RCT se hisse tout en haut de l’affiche. L’arrivée du manager Philippe Saint-André – aujourd’hui en charge du XV de France et remplacé par Bernard Laporte (Champion de France avec le Stade Français en 1998, sélectionneur du XV de France entre 1999 et 2007) – et surtout de l’ouvreur anglais Jonny Wilkinson – qui a pris sa retraite samedi après le gain du bouclier de Brennus – ont fait la différence. Le RC Toulon a remporté le Top 14 cette saison face à Castres, atteint la finale du championnat de France en 2012 et 2013, et a remporté deux Coupes d’Europe en 2013 et 2014.

Paradoxalement, Toulon n’est toujours pas le premier budget de France, même si quelques détracteurs remettent en cause celui-ci, pointant l’incohérence entre la richesse de l’effectif et le budget affiché. Depuis son arrivée, Boudjellal a injecté 6,8 millions d’euros de ses deniers personnels. Le président du RCT assure que son club s’autofinance. En homme d’affaires avisé, Mourad Boudjellal a su développer la marque Rugby club Toulonnais. Il existe plus d’une centaine de points de vente des produits dérivés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où le RCT bénéficie d’un riche bassin économique.

La saison prochaine, les Galactiques de Toulon seront encore l’équipe à battre avec le renfort du nouveau contrat de diffusion avec Canal+ pour le Top 14 (71 millions d’euros) et avec le recrutement annoncé des Quatre Fantastiques du rugby mondial, comprenez les quatre meilleurs joueurs actuellement en activité. Une expression issue d’un titre de BD. Mourad Boudjellal est un éternel rêveur…
Bugets du Top 14 en 2013-2014

1. Stade Toulousain : 35 M€
2. Clermont : 26 M€
3. Stade Français : 24 M€
4. RC Toulon : 23 M€
5. Racing-Métro 92 : 22 M€
6. Montpellier : 20 M€
7. FC Grenoble : 18 M€
8. Aviron Bayonnais :18 M€
9. Castres Olympique : 17 M€
10. Biarritz Olympique : 17 Me
11. USAP : 15 M€
12. UBB : 13 M€
13. Brive : 11 M€
14. Oyonnax : 9 M€