Nadine Morano : «Le triumvirat Fillon-Juppé-Raffarin n'a aucune légitimité»

Pour l'hypersarkozyste Nadine Morano, le trio des anciens Premiers ministres s'est installé à la tête du parti en toute illégalité.

Nadine Morano : «Le triumvirat Fillon-Juppé-Raffarin n'a aucune légitimité»

    Ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, déléguée générale chargée des élections à l'UMP, et nouvelle élue au Parlement européen, Nadine Morano charge violemment la présidence transitoire de l'UMP.

    Avec le recul, comment avez-vous vécu ce bureau politique où Jean-François Copé semblait seul contre tous ?

    Nadine Morano. Le bureau politique s'est tenu dans une atmosphère de fébrilité et d'agressivité. Je ne peux cautionner la sortie de crise qui s'est dessinée à ce moment-là, tout simplement parce qu'elle n'est en rien conforme à nos statuts. Nous devons faire fonctionner notre parti politique. Or juridiquement, dans la situation actuelle, il est bloqué !

    Concrètement, vous dites que l'UMP est dans une situation de blocage ? Rien n'est réglé avec le départ de Copé ?

    Non, concrètement c'est le vice-président, Luc Chatel, qui doit assurer l'intérim jusqu'au congrès. C'est la seule voie juridique possible. Nous avons des commissions d'investiture pour les élections sénatoriales à tenir dans les jours à venir, les salaires des permanents à payer, etc.

    Vous ne reconnaissez donc pas la légitimité du triumvirat Juppé-Fillon-Raffarin pour diriger temporairement l'UMP ?

    En l'état, je le répète, c'est impossible. Ce ne peut être, à la rigueur, qu'une équipe informelle qui entoure le président par intérim, mais qui ne dispose pas de légitimité. Cela ne pouvait être qu'eux pour diriger provisoirement le parti ? Seuls ? En aucun cas ! Après la crise de l'élection interne de novembre 2012, nous nous sommes dotés de nouveaux statuts. J'observe que ceux qui les réclamaient avec vigueur les bafouent aujourd'hui. Je ne peux accepter cette situation qui nous met dans l'illégalité.

    Vous semblez exaspérée...

    Comment ne pas l'être ! Je pense à nos militants qui portent des convictions avec sincérité et désintérêt et qui ont contribué par leur générosité, avec bien souvent de faibles moyens, à régler ensemble 11 Mâ?¬ en un mois. Après ce que nous venons de découvrir, je dis que cet argent est bien quelque part. Si fraude il y a eu, cet argent doit revenir dans les caisses de l'UMP et contribuer à l'animation militante des fédérations.

    En fait, ne craignez-vous pas que Fillon, Juppé et Raffarin cherchent à contrer un éventuel retour de Nicolas Sarkozy ?

    Si Nicolas Sarkozy souhaite revenir, rien ne le bloquera ! Il est tellement désiré et attendu par nos militants qui voient notre parti sans chef et maintenant sans ligne politique claire.

    Vous l'avez vu ou eu au téléphone ces derniers jours ?

    Il est excédé par tout ce qui se passe : notre famille politique est gravement fragilisée, la France s'enfonce dans le déclin et n'exerce plus sa position de leader sur la scène internationale.

    Si vous réagissez ainsi aujourd'hui, c'est justement pour préserver ses chances de retour ?

    C'est d'abord en pensant aux intérêts de ma famille politique. Nous avons besoin d'un chef ! Mais je le dis aussi, nous avons besoin d'une ligne politique de droite qui s'assume sans complexe et sans tabou.

    Hier, Laurent Wauquiez estimait que le salut de l'UMP ne doit pas passer par un rapprochement avec le centre, contrairement à la ligne Juppé. Et vous ?

    Quel centre ? L'UMP est le grand parti de la droite et du centre. Jean-Louis Borloo, qui a gouverné avec nous, était au premier rang des meetings de Sarkozy. Il a fait une faute politique en s'alliant avec François Bayrou qui a appelé à voter François Hollande et porte donc la responsabilité d'avoir à la tête de la France le plus mauvais président de la Ve République. Je ne veux pas d'un centre mou à géométrie variable capable de s'associer un jour avec nous et le lendemain avec le PS.

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