"Nous avons construit des partis jetables"
INTERVIEW - Cynthia Fleury, philosophe et professeur à l'American University of Paris, évoque la crise politique française.
La victoire du FN aux élections européennes , est-ce d'abord une déroute des partis politiques traditionnels?
Cette victoire découle du désaveu non pas du politique mais des outils politiciens. Les électeurs sanctionnent le fait que les partis de gouvernement ne sont que des machines électoralistes alors qu'ils devraient être aussi des instruments au service de la vie délibérative, de l'élaboration de contre-propositions, de la formation et du renouvellement des élites dirigeantes.
D'où vient cette déliquescence?
Elle s'est sans doute accélérée depuis la création de l'UMP, un non-parti. Une machine uniquement au service de la conquête du pouvoir. Cela allait très bien dans un premier temps mais, dans un second, cela génère sa propre érosion ; quand le chef n'est plus là, et qu'il organise lui-même le gel du parti, ce dernier entre en crise. Si on ajoute à cela que l'espace public est saturé par la vie des partis et des personnalités qui y sont liées… C'est cela qui est désavoué par les Français. Il faut aussi contextualiser le vote, avec tous les scandales afférents dont l'affrontement Copé-Fillon, ressenti par les militants UMP eux-mêmes comme une insuffisance de la part de leurs propres chefs.
Est-ce similaire pour le PS?
De ce côté-là, c'est plus un problème de fond que de forme. François Hollande s'est fait élire sur un programme assez clair, assez transparent, avec 60 propositions, de grands items contre la finance, pour la renégociation du traité européen, pour l'Europe sociale, la création d'un grand pacte de responsabilité sur l'emploi. Il ne s'est pas fait élire sur une poignée de main avec les notions de compétitivité qui ne sont pas, pour le coup, des notions socialistes. Il est sanctionné car il a fait campagne sur un logiciel traditionnel du Parti socialiste qu'il désavoue dans son exercice gouvernemental.
Si Nicolas Sarkozy revenait, pourrait-il encore sauver l'UMP?
Quand l'outil est cassé, surtout dans ces époques d'obsolescence aussi programmée, avec la construction de partis jetables… Il peut revenir, bien entendu, mais pas sûr qu'il soit souhaitable d'utiliser l'outil cassé. Et puis aujourd'hui, la frontière entre le come-back et le has been n'est pas aisée à traverser. La mode a réussi à faire cela, à créer le vintage. Peut-être va-t-on voir émerger le premier président vintage? Juppé s'y risque, d'ailleurs. Plaisanterie à part, je ne suis pas certaine que l'UMP soit le meilleur outil pour le come-back.
Nicolas Sarkozy ne veut pas de primaires . N'est-ce pourtant pas l'occasion de véritablement débattre des idées?
Il est vrai que les Français se sont emparés de ce principe de régulation des élections. Les primaires sont populaires car elles font le travail que les partis ne font plus : elles permettent le renouvellement des élites, font émerger de nouvelles idées. Elles redonnent un vague sentiment démocratique. François Hollande, s'il souhaite se représenter en 2017, a tout intérêt à repasser par des primaires et à le revendiquer. Ce serait la première fois qu'un président sortant ferait un tel acte d'adoubement des primaires comme faisant partie de la procédure normale de la présidentielle. Et, pour le coup, cela rendrait le modèle de leadership de Nicolas Sarkozy has been.
Les partis sont-ils voués à la disparition?
Ce qui est intéressant, c'est de créer des outils citoyens de régulation qui permettent ensuite de créer une plus grande éligibilité des uns et des autres. Nous ne sommes qu'au début de la révolution numérique de la politique. Demain, créer un rapport de confiance et les prémices d'un leadership sera possible grâce au Net. Les partis sont de loin encore les plus efficaces, mais sans doute allons-nous évoluer vers des régimes mixtes, mêlant candidats traditionnels et nouveaux types de candidats.
Source: JDD papier
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