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Lors de son congrès, la CFDT va afficher ses distances avec le gouvernement

La centrale réformiste, qui réunit ses syndicats à Marseille lundi, célébrera ses 50 ans.

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Publié le 31 mai 2014 à 10h36, modifié le 02 juin 2014 à 13h29

Temps de Lecture 5 min.

Laurent Berger dans le cortège de la CFDT lors de la manifestation pour un pacte sociale en Bretagne, à Lorient, le 22 novembre 2013.

Laurent Berger se serait bien dispensé d'un tel lever de rideau – la victoire du FN aux élections européennes – pour son premier congrès en tant que secrétaire général de la CFDT, du 2 au 6 juin à Marseille. Encore sous le choc, 1 800 délégués, dont 250 jeunes de moins de 35 ans, vont débattre pendant cinq jours.

A la tête d'une centrale réformiste d'autant plus homogène politiquement que les opposants les plus à gauche sont partis, M. Berger sera réélu sans difficulté. Mais le congrès ne sera pas un long fleuve tranquille. Il devra dissiper l'image d'une trop grande proximité avec un pouvoir de plus en plus impopulaire. A la présidentielle de 2012, 56 % des sympathisants de la CFDT avaient voté pour François Hollande au premier tour. Le 25 mai, le vote PS est tombé à 29 %.

Le congrès de Marseille sera d'abord celui des 50 ans de la CFDT. M. Berger, 45 ans, né quatre ans après la déconfessionnalisation de 1964, a osé le toilettage des textes sacrés. Ancien secrétaire général de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), comme le fut Eugène Descamps – l'artisan de la transformation de la CFTC en CFDT –, il va remanier le préambule et l'article premier des statuts, inchangés depuis 1964, en supprimant la référence à « l'humanisme chrétien ».

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Par rapport à sa première version (Le Monde daté 9-10 février), le texte, qui ne pourra plus être amendé, a été musclé à la demande de syndicats et d'anciens dirigeants. Le cédétisme n'est plus défini seulement comme « un contre-pouvoir essentiel », mais comme « une force de proposition, d'action et de transformation ». L'accent a été mis sur les « valeurs humanistes, démocratiques et laïques », et le « recours à la grève » a été ajouté dans les formes d'action.

Partenaire privilégié du gouvernement socialiste, la CFDT durcit le ton comme pour se dégager de son emprise. Cela se traduit dans le rapport d'activité qui fait le bilan de son action, « dans un contexte particulièrement complexe », depuis le précédent congrès de Tours, en juin 2010. M. Berger, aux manettes de la centrale depuis le 28 novembre 2012, après avoir été le numéro deux de François Chérèque, demandera – et obtiendra – le quitus.

Lire : Berger (CFDT) critique Valls et met la pression sur le patronat

« Dans ce contexte national difficile, où les inégalités s'accroissent et les craintes sociales s'enracinent, la nouvelle majorité politique n'a pas répondu aux attentes qu'elle avait suscitées », peut-on lire. « L'accumulation de mesures fiscales sans cadre global, sans cohérence d'ensemble et les atermoiements qui ont présidé aux arbitrages des lois de finance, ont accru la confusion et le sentiment d'une fiscalité instable, punitive et inefficace, terreau des dérives populistes. » La CFDT assure qu'elle a « mis en garde le gouvernement au sujet d'une politique d'austérité brutale et contre-productive » et « plaidé pour un calendrier assoupli de réduction des déficits publics qui préserve les initiatives de relance économique ».

La CFDT, qui a cautionné la réforme des retraites et signé quatre accords, dont celui, controversé, sur la sécurisation de l'emploi en 2013, avertit que « l'objectif de stabilité monétaire ne doit pas conduire à l'asphyxie de l'économie ». Le rapport s'accorde un satisfecit sur son « syndicalisme d'engagement », légitimé par ses succès dans le dialogue social, seul bon point accordé à François Hollande, jamais cité. La CFDT « a tenu son cap et affirmé son autonomie d'analyse, de proposition et d'engagement ».

La CGT fait l'objet d'un simple avertissement, le rapport notant que la CFDT « ne fait pas de ses divergences assumées » un « élément de rupture » mais qu'elle « n'entend pas se laisser dicter son action par les mots d'ordre ou appels à des manifestations décidées par d'au-tres ». Signataire du pacte de responsabilité, dont elle attend avec une impatience croissante la mise en œuvre, la CFDT dénonce la « posture belliqueuse » du Medef, jugeant que le patronat « est en proie à la montée du poujadisme » et « tend à s'exonérer de son rôle et de sa responsabilité d'acteur du dialogue social, pourtant gage d'efficacité économique et sociale ».

Lire aussi : Le président de la CFTC s’en prend au Medef

Seul bémol, le rapport note que la « dynamique collective de développement s'est essoufflée ». Il y aurait eu un tassement des effectifs en 2013. M. Berger, qui a rendu 102 visites aux militants depuis son élection, soucieux de prouver l'efficacité du syndicalisme réformiste, a réussi à préserver la cohésion. Malgré quelques départs limités – à La Redoute, dans le commerce ou chez le transporteur Mory Ducros –, les dissensions ont été marginales. La CFDT se fixe l'objectif d'une hausse des adhérents de 5 % en 2015.

Le projet de résolution, qui donnera lieu à 18 amendements, affirme haut et fort que « le syndicalisme de la CFDT prône la transformation de la société pour plus de solidarité, de justice sociale et de démocratie. La CFDT entend intervenir sur la vie quotidienne des femmes et des hommes en situation de travail et hors travail ».

« NOUVEAU PACTE SOCIAL »

Mettant l'accent sur la lutte contre les inégalités, la « mise à plat » de la fiscalité, la démocratie sociale, la proximité avec les adhérents (en développant des services individuels), le projet européen, la résolution reprend les revendications de la CFDT. Elle prône « un nouveau modèle de développement qui concilie performance économique, justice sociale et préservation de l'environnement » et un « nouveau pacte social ».

Plus nouveau, elle veut réinventer le rôle de l'Etat qui doit être « visionnaire et anticipateur », « investisseur », « partenaire et facilitateur », « régulateur et arbitre », « garant de la cohésion sociale et de l'équité entre les territoires » et évaluer les actions publiques.

Pour mettre en œuvre ces orientations, M. Berger a recomposé son « gouvernement » – la commission exécutive (CE) – porté à dix membres, avec le départ de deux poids lourds – Marcel Grignard et Patrick Pierron – et l'entrée de quatre nouveaux. Deux ont moins de 50 ans : Jocelyne Cabanal (Bretagne) et Yvan Ricordeau (Pays de la Loire, comme M. Berger) ; deux ont moins de 40 ans : Marylise Léon (chimie-énergie) et Inès Minin (permanente confédérale). Pour la première fois mixte, la CE est rajeunie, comme pour conjurer le vieillissement des cadres qui guette tous les syndicats.

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