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Barack Obama s’attaque aux émissions de CO2 de la puissante industrie du charbon

Le président américain veut « montrer l’exemple » dans la lutte contre le changement climatique, à l'approche de la conférence de Paris en 2015.

Par  (San Francisco, correspondante)

Publié le 02 juin 2014 à 13h14, modifié le 02 juin 2014 à 14h49

Temps de Lecture 4 min.

Barack Obama, le 9 mai à Mountain View, en Californie.

Avant d'embarquer lundi 2 juin pour Varsovie, première étape d'une tournée qui va le conduire à Bruxelles et en Normandie, Barack Obama a décidé d'une mesure qui devrait réjouir les Européens : un plafond d'émissions de carbone au niveau national. Pour la première fois, les centrales au charbon, source majeure de pollution atmosphérique, vont être contraintes de réduire leurs émissions de CO2. Selon le New York Times, il s'agit de « l'une des actions les plus fortes jamais prises par un gouvernement américain pour combattre le changement climatique ».

La décision découle du plan d'action sur le climat annoncé par M. Obama le 25 juin 2013. Prenant acte de la paralysie du Congrès, le président américain avait décidé de contourner l'obstacle en passant par la voie réglementaire plutôt que législative. Il avait donné un an à l'Agence pour la protection de l'environnement (EPA) pour établir des normes de pollution.

« MONTRER L'EXEMPLE »

La concomitance de l'annonce avec le voyage du président américain en Europe fait que le message est clair : sur le climat, M. Obama entend « montrer l'exemple » à l'approche de la conférence de Paris en 2015, comme il l'a indiqué le 28 mai dans son discours à l'académie militaire de West Point. « L'an prochain, j'entends assurer que l'Amérique soit au premier rang dans les efforts pour mettre en place un cadre global pour préserver la planète », a-t-il promis.

Les Etats-Unis se sont engagés à réduire d'ici à 2020 les émissions des gaz à effet de serre de 17 % par rapport à leur niveau de 2005. Selon la Maison Blanche, les nouvelles mesures prises par Barack Obama feront partie de la discussion sur le climat et l'énergie pendant la réunion du G7, le 5 juin, à Bruxelles.

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Gina McCarthy, le 2 août 2013 à Washington.

Les détails du plan devaient être annoncés lundi par la directrice de l'EPA, Gina McCarthy. En septembre 2013, l'agence avait d'abord décidé de mesures concernant les futures centrales. Cette fois, il s'agit de s'attaquer à celles en activité, dont certaines dans des Etats où républicains – mais aussi démocrates – font front contre les « diktats » de Washington.

Les 1 600 centrales électriques du pays, dont 600 au charbon, émettent 38 % de la pollution au CO2 et 31 % des gaz à effet de serre. Selon les éléments qui ont filtré dans la presse, elles se verraient dans l'obligation de réduire leurs émissions de 30 % par rapport à 2005, dans l'espace de quinze ans.

« CE N'EST PAS MALIN »

L'EPA a fait preuve de flexibilité. La limitation des émissions n'entrera pas en vigueur avant un an. L'agence ne propose pas de système national de marché d'émissions, le fameux cap and trade (« limiter et échanger »), dont l'aspect bureaucratique n'avait pas été pour rien dans la défaite de la loi sur l'environnement en 2009 au Sénat. A la place, les Etats ont toute latitude pour choisir eux-mêmes la meilleure formule. Une douzaine d'entre eux ont d'ailleurs déjà instauré des systèmes de marchés d'émission, et plus de mille maires ont décrété des limitations de pollution.

M. Obama devait annoncer lui-même les détails des mesures. Finalement, il a décidé d'en laisser le volet le plus controversé (la réglementation) à l'EPA pour se concentrer sur un aspect plus populaire : la santé.

A Benedict, dans le Maryland, devant une centrale à charbon, le 29 mai.

Samedi, c'est de l'Hôpital national pour enfants de Washington, où il avait visité de jeunes asthmatiques, qu'il a enregistré son allocution radiophonique hebdomadaire. « Il n'y a aucune limite nationale aux émissions que les centrales existantes peuvent injecter dans l'air que nous respirons. Aucune, a-t-il fait valoir. Nous limitons les produits chimiques toxiques comme le mercure, le soufre et l'arsenic, que les centrales déversent dans notre air et notre eau. Mais elles peuvent rejeter des quantités illimitées de carbone dans l'air. Ce n'est pas malin et ce n'est pas sain. »

Dans sa réponse au nom des républicains, Mike Enzi, sénateur du Wyoming, l'Etat qui assure à lui seul 40 % de la production nationale de charbon, a accusé l'administration d'avoir décidé « de tuer le charbon et ses 800 000 emplois ». « Nous allons tous payer beaucoup plus pour l'électricité, si nous réussissons à nous en procurer », a renchéri le sénateur.

Avant même l'annonce de lundi, une féroce polémique s'est engagée entre les défenseurs de l'environnement et les adversaires de l'EPA. Les écologistes ont prévu d'accompagner la mise en oeuvre des nouveaux standards d'une campagne de publicité intensive.

« NOTRE AIR EST DEVENU PLUS PROPRE »

A l'opposé, la chambre de commerce a publié un rapport chiffrant à 50 milliards de dollars (36,7 milliards d'euros) par an le coût des nouvelles réglementations d'ici à 2030. Selon elle, ces mesures feraient perdre à l'économie 224 000 emplois par an. Encore plus catastrophiste, l'Association nationale des mines a assuré que le coût de l'électricité allait augmenter de 80 %.

M. Obama a balayé ces arguments : « On nous avait dit que lutter contre le smog qui étranglait nos villes et les pluies acides qui empoisonnaient nos lacs tuerait l'économie. Cela n'a pas été le cas. Notre air est devenu plus propre, les pluies acides réduites de manière spectaculaire, et la croissance a continué (…). En Amérique, il n'est pas besoin de choisir entre l'état de santé des enfants et celui de l'économie. »

Les républicains dénoncent aussi ce qu'ils estiment être un abus de pouvoir présidentiel. Ils prévoient de demander à la justice de dénier à l'EPA l'autorité de réglementer les émissions. Or, depuis 2009, la Cour suprême a déjà tranché plusieurs fois en faveur de l'agence et validé son autorité au nom du Clean Air Act de 1970. La guerre devrait se poursuivre jusqu'aux élections de mi-mandat du 4 novembre. Avec plusieurs Etats « charbonniers » en balance, le sujet va être l'un des grands thèmes de la campagne.

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