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Les liens mortels du djihad et de l'antisémitisme

Editorial. La tuerie de Bruxelles signe le retour d'une judéophobie mortifère, cette haine raciste à l'état pur qu'est l'antisémitisme.

Le Monde

Publié le 02 juin 2014 à 11h10, modifié le 03 juin 2014 à 16h34

Temps de Lecture 2 min.

Dans l'Europe de ce début de XXIe siècle, on tue des hommes, des femmes et des enfants pour la seule raison qu'ils sont juifs. Ce n'est pas une violence indiscriminée, aveugle. Ce sont des agressions ciblées, précises, perpétrées contre des victimes choisies pour ce qu'elles sont – non pour ce qu'elles font ou auraient pu faire.

La vérité de l'attentat commis le samedi 24 mai contre le Musée juif de Bruxelles est là, dans toute sa brutalité et sa tragique simplicité. La veille de l'élection du Parlement européen, dans la « capitale » de l'Union européenne, et à quelques jours de l'anniversaire du Débarquement de juin 1944, étape cruciale dans la défaite du nazisme, l'antisémitisme a tué sur le Vieux Continent – encore.

La justice dira si le Français arrêté dimanche 30 mai à Marseille est bien l'auteur de la tuerie du samedi 24. Ce jour-là, un homme entre dans le Musée juif, en plein après-midi, au centre de Bruxelles. Il porte un sac, en sort une arme et ouvre le feu. Il tire une douzaine de fois avant de ressortir moins de deux minutes plus tard. Quatre personnes sont tuées.

La scène rappelle les crimes commis le 19 mars 2012 par Mohamed Merah dans une école juive de Toulouse. Ce jour-là, ce sont un professeur et trois enfants qui sont tués dans la cour – parce que juifs. Merah a rattrapé par les cheveux une fillette qui cherchait à s'enfuir, pour lui tirer une balle dans la tête.

Avant d'analyser, il faut « décontextualiser », ne prendre en considération que cette singularité factuelle, celle de Bruxelles comme celle de Toulouse, pour lui donner toute sa signification : le retour d'une judéophobie mortifère, cette haine raciste à l'état pur qu'est l'antisémitisme.

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Nombre d'indices semblent pointer la responsabilité du jeune Français arrêté dimanche dans le quadruple meurtre de Bruxelles. Dans ses bagages, la police a trouvé un fusil d'assaut Kalachnikov portant les inscriptions d'un groupe djihadiste actif en Syrie ; un revolver, des munitions et une caméra du type de celle utilisée par Merah pour filmer et « signer » ses crimes.

Comme Merah, le jeune homme paraît avoir mélangé gangstérisme et djihadisme, tuant au nom d'un combat islamiste ou al-qaïdiste dont la guerre en Syrie est le nouveau théâtre. Il y aurait séjourné un an, à l'instar de centaines d'autres jeunes Européens, d'origine maghrébine le plus souvent, pour lesquels la Syrie est devenue un camp d'entraînement au djihad.

Internet, et particulièrement Facebook, joue ici son rôle de plate-forme de recrutement et de diffusion de l'invraisemblable fatras idéologique qu'est le discours djihadiste. Celui-ci emprunte au vieil antisémitisme européen et aux théories du complot qui s'épanouissent sur le Net pour réhabiliter les archétypes racistes les plus ignobles.

La libération de la parole antisémite est l'une des marques de l'époque. Irréductible à telle ou telle explication géopolitique, elle est portée, en France, par l'islam radical et par les vitupérations d'un « comique » de boulevard trop célèbre. Ce serait fuir ses responsabilités que de ne voir là qu'une affaire relevant de la police.

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