Longtemps hors d’atteinte des traitements, le mélanome, le plus grave mais le plus rare des cancers de la peau, bénéficie désormais de traitements. Pour preuve, plusieurs études positives communiquées à l’Asco, le congrès international de la Société américaine d'oncologie clinique qui s'achève aujourd'hui à Chicago. Déjà début mai, un congrès européen consacré aux cancers de la peau avait pointé ces avancées.
A Chicago, ce sont pas moins de trois essais cliniques qui ont été présentés le même jour dans cette affection responsable en France d’environ 10.000 nouveaux cas et de 1.600 morts chaque année.
Les bénéfices de l'immunothérapie
Le premier, réalisé par des chercheurs de l'Institut Gustave Roussy (IGR), illustre les bénéfices de l’immunothérapie, une stratégie très discutée cette année à l’Asco qui consiste à stimuler par différents traitements le système immunitaire pour lui permettre de combattre les cellules tumorales.
Ce premier essai dit de phase III a été mené sur 950 patients atteints d'un mélanome à un stade avancé. Il retrouve une réduction de 25 % du risque de décès avec un traitement appelé Ipilimumab ( Yervoy, BMS).
L’essai a surtout montré que ce traitement pouvait être administré plus tôt, et pas seulement pour des malades atteints d'un mélanome inopérable. "C’est la première fois qu’une telle donnée est disponible", a insisté lors de sa présentation à la presse le professeur Alexander Eggermont, directeur de l’IGR, qui a dirigé cette étude. Nous avons observé moins de réapparition du cancer parmi les patients qui ont un risque élevé de rechute", a-t-il souligné.
Une régression durable de la tumeur
Le second essai clinique, lui plus précoce et de phase I, a été mené auprès de moitié moins de malades (411), souffrant eux d'un mélanome invasif avec un nouvel anticorps baptisé MK-3475, (lamprolizumab, laboratoire Merck), qui agit selon un mécanisme différent de l’ipilimumab.
C’est le plus vaste essai de phase I mené en cancérologie", a souligné le Dr Antoni Ribas, UCLA.
Ici, c’est une régression durable de la tumeur pour 40% des patients traités qui a été observée. Des données qui pourraient bien accélérer l’arrivée sur le marché de cette molécule encore en phase de test.
Enfin, les résultats d'un troisième essai clinique lui aussi de phase I avec 94 malades souffrant d'un mélanome inopérable ont montré qu'une combinaison de deux anticorps (ipililumab, Yervoy et nivolumab, laboratoires BMS) permettait une survie sans précédent de trois ans et demi, soit le double atteint jusqu'ici.
A Chicago, Sylvie Riou-Milliot