"La France qui innove a trente ans de moins que celle qui nous dirige"

Du 12 au 14 juin, plus de 500 start-up ouvrent leurs portes au public. Une idée de Marc-Arthur Gauthey pour en finir avec la peur de l'innovation.

Par Marc-Arthur Gauthey

Marc-Arthur Gauthey.
Marc-Arthur Gauthey. © DR

Temps de lecture : 4 min

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Startup Assembly est une initiative pour démocratiser la culture de l'innovation et de l'entrepreneuriat auprès du plus grand nombre. Son initiateur Marc-Arthur Gauthey, 28 ans, entrepreneur et membre du collectif Ouishare, estime qu'il y a tout à inventer. Et que ce serait dommage de s'en priver. Tribune.

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"Tout autour de moi, j'observe des gens pour qui le monde change trop vite, emportant dans son mouvement les valeurs, les normes et les principes qui ont, jusque là, été le ciment de notre société. Voilà pourquoi le repli sur soi et la préférence nationale séduisent tant de nos citoyens : ceux qui se sentent laissés pour compte ont avant tout peur d'une époque qu'ils ne comprennent pas. Hors du petit monde des acteurs du numérique et des nouvelles technologies majoritairement jeunes, diplômés, masculins, citadins et ouverts sur le monde, une nouvelle fracture se dessine : la fracture entrepreneuriale. Elle est à la fois sociale, territoriale, générationnelle et sectorielle.

Sociale d'abord, car les communautés innovantes, si ouvertes soient-elles, ont leurs codes, leurs jargons, leurs pratiques et quelquefois leurs rites initiatiques. Ces barrières à l'entrée les rendent bien moins accessibles qu'elles ne semblent, ou prétendent, l'être.

Territoriale ensuite, car les régions et les villes n'ont pas toutes amorcé le virage de notre siècle avec les mêmes vision, ambition ou prise de conscience de leur rôle pour permettre l'éclosion d'un écosystème dynamique. Des territoires entiers sont dépourvus d'infrastructures déterminantes que sont les incubateurs, les laboratoires, les espaces de coworking ou encore les fablabs. Or, ce sont ces infrastructures qui constituent le socle de l'innovation et de la mixité, conditions nécessaires à la maturation et la mise en oeuvre des idées.

Sectorielle aussi, car certains métiers sont fragilisés plus frontalement que d'autres par les technologies et le développement de nouveaux usages et exigent une révision profonde des manières dont on les exerce.

Générationnelle enfin, car, sans tomber dans le jeunisme, nombre des pratiques sociales de ceux qui sont nés après 1980 restent énigmatiques pour leur aînés. La France qui innove a trente ans de moins que la France qui dirige. Elles ne parlent pas la même langue et ne se comprennent pas toujours. Il est temps que ces deux-là apprennent à mieux se connaître.

Rapprocher deux mondes qui s'ignorent

Il y a quelques mois, j'écrivais une tribune intitulée "Il manque en France une culture d'entreprendre". Les choses évoluent vite et on observe partout l'éclosion de structures d'accompagnement et autres cours consacrés à l'entrepreneuriat. Entreprendre est devenu de plus en plus cool, à la mode. Une idée, trois mille euros, un site internet, et c'est parti ! Vous voilà dans le grand bain.

Mais dès l'instant où entreprendre signifie innover, cela implique de remettre en question de modèles existants. Et c'est là que le bât blesse. Au cours des mois écoulés, nous avons vu les acteurs de l'innovation entrer en conflit avec un monde plus conservateur. Les taxis contre les VTC, les hôteliers contre le logement chez l'habitant, la presse contre les moteurs de recherche et bientôt l'industrie cinématographique contre la VOD. Au fond, c'est chaque fois la même question qui se pose : comment assurer l'éclosion et le développement d'innovations tout en limitant la casse sociale.

Ce qui est arrivé aux industries du cinéma, de la photo, de la musique, de la presse, du livre depuis quinze ans n'est rien face à ce qui est à venir. La mobilité, le tourisme, l'éducation sont déjà en mutation. Demain, la banque, l'assurance, la médecine, le droit, la distribution, l'industrie, la politique seront aussi amenés à se réinventer, bousculés pas de nouveaux entrants plus innovants, plus agiles, plus dynamiques. Face à cette certitude, il n'y a que deux options : se laisser bercer par le sens de l'histoire ou prendre les devants et contribuer à l'écrire. Nous avons tout à inventer, c'est ce qui rend notre époque passionnante.

Un festival de start-up pour soigner la fracture numérique

Partout en France, l'engouement de l'écosystème pour la French Tech est une chance, car il crée peu à peu des passerelles entre ces différents mondes et contribue à soigner la fracture par le dialogue et l'échange. Le Festival de la French Tech a pour but de familiariser les Français à l'innovation. Nous y contribuons à notre manière avec Startup Assembly. Du 12 au 14 juin, partout en France, plus de 500 start-up ouvrent leurs portes au grand public pour lui faire découvrir le quotidien d'une génération d'innovateurs. Qui que vous soyez, j'espère que vous y ferez de belles rencontres."

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Commentaires (23)

  • c21

    J ai 50 ans et mon associe 65 et on developpe un business depuis 15 ans croissance a 2 chiffres et profitable
    il y a des jeunes bien mais souvent ils ont des raisonnements formates et simplistes. C est avec l experience qu on devient bon. Notre monde avec son culte de la jeunesse se plante, les jeunes sont dynamiques mais leurs comportements sont en general tres previsibles et dans le business c est la pire des choses.

  • monsieur en colère

    C'est top que le point parle enfin de la révolution que l'on ai en train de vivre. Ce serait cool de se réveiller.

    Le séisme qu'on a vu avec les taxis et Uber c'est du pipi de chat à côté de ce qui arrive : -)

    En tout cas moi, je me ma petite pierre pour tenter de changer le monde.
    Mon crédo c'est la flexibilité des entreprises, 10 ans que je suis ce qu'on appelle "un travailleur précaire" mais j'adore ça, je revis depuis que j'ai réussi à m'échapper de la prison du salariat.

  • pemmore

    Mais quand à innover, créer des emplois, je suis comme soeur Anne, je ne vois rien venir.
    Parceque-nous on en a fait du boulot de 1962 à maintenant, un pays à peine sorti du moyen âge sans tracteurs ni autoroutes ni aérodromes tgv et grands barrages, on a même créé trop d'emplois ce qui nous a (soi-disant) obligé à faire venir 4 millions d'étrangers.
    A quand la première usine Bull 3000 employés par exemple ?
    Nous on l'a fait votre hight tech mais a fait bosser bien du monde.