Un an après Méric, destins ambivalents pour les groupuscules d'extrême droite

Guillaume DAUDIN, Tristan MALLE
<p>Manifestation en hommage à Clément Méric le 8 juin 2013 à Toulouse</p>

Un an après la mort de Clément Méric, les groupuscules d'extrême droite dissous connaissent des destins ambivalents: si les pétainistes de l'ex-Oeuvre française sont actifs, Serge Ayoub et son groupe "Troisième Voie" sont "dans la nature".

Entre 4.000 et 8.000 personnes, selon une source policière, sont attendues pour le rassemblement des "anti-fa" samedi à Paris organisé en mémoire de Clément Méric.

TROISIEME VOIE ET LES JNR: fondé en 2010 par Serge Ayoub, alias "Batskin", l'ancien chef des skinheads d'extrême droite parisiens, Troisième voie réunissait quelques centaines de sympathisants en France. Les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) étaient leur service d'ordre. Vêtus de noir, ils arboraient la devise "Croire, obéir, combattre", héritée des fascistes italiens. Les deux structures ont été dissoutes le 10 juillet 2013.

Depuis? "Serge Ayoub a arrêté son activité politique. Je serais étonné qu'il retourne vers une activité militante d'ici un certain temps. La dissolution a eu un effet: à ma connaissance il n'y a pas eu d'incident depuis l'affaire Méric", selon Jean-Yves Camus chercheur spécialiste de l'extrême droite.

Que font les personnes qui étaient autour de lui? "C'est une bonne question. On n'en sait rien, c'est tout le problème des dissolutions, on a des personnes dans la nature sans surveillance" remarque Stéphane François, autre spécialiste de l'extrême droite, maître de conférences à Valenciennes.

Une activité en berne ? "Evidemment, on est sous le coup d'une dissolution. On est en recours, on en attend le résultat", répond M. Ayoub à l'AFP. Que font ses ex-troupes? "Il y a certaines personnes qu'on continue à voir", élude-t-il. Mais il affirme avoir tiré bénéfice de cette dissolution sur internet avec une progression des vues de ses vidéos. Du "militantisme virtuel", pour M. Camus.

<p>Serge Ayoub le 8 juin 2013 à Paris</p>

L'OEUVRE FRANCAISE ET LES JEUNESSES: L'Oeuvre française était un groupuscule antisémite et pétainiste, longtemps présidé par Pierre Sidos, et dirigé jusqu'à sa dissolution, en juillet 2013, par Yvan Benedetti. Bras droit de Bruno Gollnisch dans la campagne de succession à Jean-Marie Le Pen au FN, M. Benedetti avait été exclu des rangs frontistes. Un de ses très proches, Alexandre Gabriac, jeune élu FN exclu du parti après la diffusion d'une photo le montrant faisant un salut nazi, avait fondé en octobre 2011 les Jeunesses nationalistes. Ce groupe, dissous aussi en juillet 2013, était en quelque sorte la branche activiste de l'Oeuvre française.

La dissolution n?a pas empêché les deux mouvements de continuer à agir au grand jour, par des manifestations et des réunions, et d?entretenir des liens avec des mouvements d?extrême droite en Europe, à tel point qu'une procédure pour reconstitution de ligue dissoute serait en cours à Lyon.

La dissolution n?a pas empêché non plus Gabriac et Benedetti de se présenter sur la même liste aux municipales de Vénissieux. Cette liste qui a bénéficié de l'absence de liste FN (motif officiel : ils n?avaient pas pu trouver suffisamment de candidats) a eu deux élus, dont Benedetti. Gabriac, troisième, n?a pas été élu.

Le préfet du Rhône, Jean-François Carenco, a déposé un "déféré" demandant l?annulation de l?élection d?Yvan Benedetti et de l?autre élue. Le Tribunal administratif de Lyon doit statuer à l?automne sur ce recours.

La dissolution "n'a pas fait diminuer leur niveau d'activité", constate M. Camus. Pierre Sidos, dirigeant historique de l'Oeuvre française, est "passé par de nombreuses dissolutions", note Nicolas Lebourg, historien de l'extrême droite. "Ce ne sont pas des gens faciles à dissoudre".

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