Gaz de schiste : Berlin ouvre la voie à la fracturation hydraulique
Selon le « Financial Times », le gouvernement allemand se prépare à lever l’interdiction de ce procédé controversé pour extraire du gaz à partir des roches mères.
Par Les Echos
La crise entre la Russie et l’Ukraine autour de l’approvisionnement en gaz pourrait bien avoir des conséquences… en Allemagne. Selon le « Financial Times », Berlin se prépare à autoriser la technique de la fracturation hydraulique, ce procédé controversé pour extraire du gaz à partir des roches mères. Selon le quotidien britannique, l’Allemagne pourrait ainsi lever son interdiction l’an prochain.
Un courrier adressé par le ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, à une commission du Bundestag révèle que les autorisations de procéder à des forages seraient soumises à l’approbation des autorités régionales de contrôle de l’eau. Les autorisations de forage seraient toutefois conditionnées à une évaluation environnementale dans le cadre d’une nouvelle législation qui serait discutée avant les vacances d’été.
Comme en France, les entreprises allemandes s’inquiètent de la dégradation de leur compétitivité et font pression sur leur gouvernement pour qu’il desserre l’étau réglementaire sur l’exploration et l’exploitation de gaz de schiste. Les acteurs allemands font régulièrement la comparaison avec les Etats-Unis, où les industriels bénéficient d’un gaz à bas prix. « Ce sujet sera à l’avenir un élément clef de la compétitivité de l’industrie, avait ainsi indiqué début 2013 Ulrich Grillo, le président de la Fédération de l’industrie allemande (BDI). Nous ne devons pas fermer les yeux mais l’étudier de façon intensive. »
Limiter et non interdire
L’an dernier, Berlin avait indiqué vouloir limiter et non interdire les possibilités d’extraire le gaz de schiste. Le ministre de l’Environnement de l’époque, Peter Altmaier, indiquait vouloir réglementer de manière étroite la technique de fracturation hydraulique, permettant l’extraction d’hydrocarbures non conventionnels. « Il y a beaucoup de problèmes non résolus », indiquait-il. « En Europe, les gisements supposés de gaz de schiste se trouvent sous des paysages densément peuplés et il n’est pas envisageable de les exploiter tant que les accusations et les questions soulevées (par cette technique) n’auront pas été écartées », assurait-il.
Par précaution, le ministre souhaitait alors proposer l’interdiction de la fracturation hydraulique dans les zones sensibles. Dans toutes les autres régions, une étude d’impact écologique préalable devait être menée, proposait-il. Le ministre entend susciter un débat avec toutes les parties prenantes. Pas facile dans un pays où le moindre enjeu écologique suscite de larges mouvements citoyens.
D’après l’organe fédéral pour les sciences géophysiques, l’Allemagne compterait environ 1,3 billion de mètres cubes de réserves de gaz de schiste, ce qui en fait a priori un pays moins intéressant que d’autres en Europe – notamment la France et la Pologne. L’institut de recherche économique ZEW avait calculé qu’il faudrait quasiment doubler les prix du gaz pour que les investissements nécessaires soient rentabilisés.
Les Echos