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Libération
Récit

Un diplomate accuse le Quai d’Orsay de discrimination

Zaïr Kédadouche, ambassadeur en Andorre qui a démissionné en avril, accuse son ancien employeur de racisme.
par Alice Géraud
publié le 4 juin 2014 à 20h06
(mis à jour le 5 juin 2014 à 10h48)

Il faut parfois insister pour faire du bruit en claquant des portes feutrées. En avril, Zaïr Kédadouche claquait celle du Quai d’Orsay en présentant sa démission du poste d’ambassadeur de France en Andorre. Il accusait son ministère d’avoir couvert, voire participé, à des actes répétés de discrimination à son encontre.

Ce mercredi, Zaïr Kédadouche a annoncé avoir, depuis, déposé plainte auprès du procureur de la République de Paris pour discrimination. Le service juridique du Défenseur des droits a par ailleurs été saisi de la plainte. Zaïr Kédadouche, qui considère sa voix comme pouvant «porter une parole politique», avait organisé une conférence avec SOS Racisme, qui envisage de se constituer partie civile dans le dossier. L'ancien ambassadeur s'est également attaché le soutien de plusieurs autres associations de lutte contre le racisme. Pour Alain Jakubowicz, président de la Licra, «cette affaire est emblématique du problème du plafond de verre», rappelant le faible taux de diplomates issus de la diversité (2%). Rokhaya Diallo, des Indivisibles, est sur le même terrain : «On ne parle pas assez du racisme institutionnel comme celui de la haute fonction publique.»

Militant. Le dossier Kédadouche risque cependant d'être compliqué à plaider. Ce «fils d'un éboueur algérien, qui a grandi dans un bidonville à Aubervilliers», comme il se définit, devenu footballeur professionnel, puis inspecteur général de l'Education nationale et, entre-temps, militant pour la diversité proche du RPR et de l'UMP, avait postulé au ministère des Affaires étrangères en 2007, en appuyant sa candidature sur «la nécessité d'ouverture des postes du Quai d'Orsay à tous les Français, quelles que soient leurs origines».

Les problèmes se sont ensuite enchaînés, explique-t-il. Refus de nomination à Anvers à cause de la présence d’une forte communauté juive qui aurait pu mal prendre ses origines arabes (une explication qui lui aurait été faite oralement). Et plusieurs autres non-affections, toujours selon lui en raison de ses origines algériennes (à Tanger, par exemple, à cause du Sahara occidental).

Méprisant. Lorsqu'il est enfin nommé ambassadeur à Andorre en 2012, les choses se passent mal avec son premier conseiller d'ambassade, qui lui propose de… se tutoyer mutuellement. Ce que Zaïr Kédadouche juge méprisant. Le même aurait ensuite multiplié les comportements dénotant une forme de racisme. Après sa démission, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait balayé d'un revers de main assez rapide les accusations de son ancien ambassadeur. Le parquet de Paris devra décider d'ici trois mois de l'opportunité de donner suite à la plainte.

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