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Jérôme Champagne : « A la FIFA, on a parfois dû dîner avec le diable »

Ex-lieutenant de Joseph Blatter, le président inamovible de la FIFA, Jérôme Champagne est pour l’instant le seul candidat déclaré à la tête de la Fédération. Le Français assure qu’il ne roule pas pour son ex-patron contre Platini.

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Publié le 06 juin 2014 à 18h46, modifié le 27 mai 2015 à 14h15

Temps de Lecture 18 min.

Le diplomate français Jérôme Champagne, candidat à la présidence de la FIFA.

Ex-lieutenant de Joseph Blatter, le président inamovible de la FIFA, Jérôme Champagne est pour l’instant le seul candidat déclaré à la tête de la Fédération. Conseiller diplomatique, vice-secrétaire général puis directeur des relations internationales de la FIFA entre 1999 et 2010, le Français de 55 ans assure qu’il ne roule pas contre Michel Platini pour le compte de son ex-patron.  

Comment réagissez-vous aux accusations de corruption qui visent l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar et le président de l'UEFA, Michel Platini?

Ma position n’a pas changé. C'est une bonne chose d'amener la Coupe du monde dans toutes les régions de notre planète.  Le principe qui doit prévaloir est « on est innocent jusqu'à ce qu’on soit reconnu coupable ». Mais on doit savoir ce qui s'est passé et les éléments publiés par le Sunday Times ne font que renforcer cette position. Après, je fais confiance à Michael Garcia [l’ex-procureur de New York mandaté par la FIFA pour faire la lumière sur les attributions des Mondiaux 2018 et 2022] et attends son rapport avec impatience.

 Qu’attendez-vous de ce rapport qui sera achevé lundi 9 juin avant le Congrès de la FIFA au Brésil ?

 La vérité. Seulement il y a deux problèmes. Il y a, premièrement, la situation des travailleurs. On ne peut pas aller à la Coupe du monde sur des morts ou sur des blessés. Il y a eu des morts dans la construction des stades en France, mais on n’est pas dans cette situation-là. Ce qu’il se passe au Qatar, c’est le système de la Kafala.

La deuxième chose est la question de la date. L’appel d’offres est clair : juin-juillet 2022. Il est vrai que les dates toujours proposées par le CIO, la FIFA pour les Jeux olympiques sont toujours des dates de l’été. Cela pose un problème pour l’universalité parce que ça veut dire qu’il y a des pays qui ne pourraient jamais être candidats. Je crois que c’est bien qu’on ait réfléchi à ça. On aurait dû en discuter avant le vote. On se retrouve maintenant obligés de devoir faire une étude : quelles vont être les conséquences d’un possible changement de date ? Cela va foutre un souk pendant trois saisons.

 Il y a aussi ces allégations de corruption…

Qu’est-ce qu’on dit ? Allégations d’achats de votes, allégations d’influences politiques — sont concernés l’Allemagne, la France, le Brésil, Chypre —, allégations de collusions entre candidats, ce qui est interdit. Ma position est qu’on ne peut pas aller à la Coupe du monde avec ça à l’arrière de nos cerveaux, avec ces soupçons, ces morts d’ouvriers. Un Mondial, c’est un moment de passion. Je ne sais pas ce que Monsieur Garcia fera de son enquête, je sais qu’il a convoqué des membres du comité exécutif, mais j’attends son rapport. Et s’il y a rien, on ira au Qatar sans problème. S’il y a quelque chose, il faudra après estimer ce qui a été fait. Mais dans ce cas-là, toutes les options seront sur la table.

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  Qu’auriez-vous voté si vous aviez siégé au comité exécutif le 2 décembre 2010 ?

 J’aurais voté Russie en 2018 et Etats-Unis pour 2022. Pourquoi la Russie ? Parce qu’en 2018, on ramenait la Coupe du monde en Europe. Si on va seulement dans les pays où tout est équipe, on ira seulement en Allemagne et en Angleterre. Moi j’aurais adoré amener la Coupe du monde en Angleterre mais je pense qu’il aurait été normal d’essayer de l’amener en Russie parce que les footballs soviétique puis russe ont apporté énormément.

Pour 2022, j’aurais voté pour les Etats-Unis parce que je pense que, même si elle n’est pas formalisée, la rotation continentale a du sens. La continent nord-américain est celui qui a eu la Coupe du monde il y a le plus longtemps, en 1994. On aurait dû aller aux Etats-Unis où les stades existent. Je pense qu’il aurait été bien de continuer ce principe de rotation et de réserver le Mondial 2026 aux fédérations asiatiques. Cela aurait pu stimuler mécaniquement une candidature japonaise et coréenne, mais on aurait pu aussi avoir une candidature chinoise, indonésienne, voire indienne, des pays d’Asie du Sud-est qui ensemble auraient voulu en faire une.

Jérôme Champagne, le 20 janvier à Londres, lors de sa déclaration de candidature.

 Le fait que cela soit désormais les 209 fédérations qui attribuent le Mondial et plus le comité exécutif prémunit-il la FIFA de ses dérives ?

 Cette réforme qui a été approuvé au Congrès de la Fifa en mai 2013 à l’Ile Maurice, elle ne fait que rétablir ce qui existait déjà entre 1904 et 1966. C’est un retour à ce qu’est la FIFA. Quand la FIFA fonctionnait c’est que ces représentants issus des fédérations étaient élus au congrès. Et c’était le congrès qui choisissait l’organisateur de la Coupe du monde. Pourquoi ? Parce que la FIFA appartient aux fédérations nationales. Ce n’est pas un retour en arrière mais le rétablissement d’un système qui existait. J’ai soutenu cette décision publiquement parce qu’il faut restaurer la centralité des fédérations au sein de la FIFA. La fédération est le parlement du foot national. C’est là où se fait l’équilibre entre le foot amateur et le football pro, entre l’exigence de résultats, le court terme et la formation, l’équilibre entre le foot de l’équipe nationale et celui des clubs.

Lire aussi le portrait : Article réservé à nos abonnés Champagne, en campagne

Est-ce que ça prémunit de tout ? Si on regarde l’histoire des attributions, je crois qu’on n’a jamais eu de controverse comme on les a aujourd’hui.  Il y a eu bien sûr des compétitions, des rivalités. Mais cela éait fait dans le consensus. Les premières controverses sont apparues pour 2002 soit en 1996 parce que là, on sait qu’il y a eu beaucoup d’argent qui a circulé notamment sur la candidature coréenne, soutenue par l’UEFA. C’était un système qui avait été mis en place pour infliger une défaite à Havelange (président de la FIFA de 1974 à 1998) qui voulait amener la Coupe du monde Japon. S’il avait dit Corée, les autres auraient dit Japon. Il y a eu ensuite une sorte de jugement salomonique d’une co-organisation. L’étape d’après ça a été les controverses autour du vote en 2000 pour l’attribution du Mondial 2006. Et là, moi j’étais dedans. Je vous renvoie au groupe de journaux allemands, Spiegel. En mai 2003, ils ont fait six pages sur comment finalement l’Allemagne a eu la Coupe du monde. Ils avaient du document. Je tire mon chapeau à la presse allemande d’avoir très très tôt eu le courage d’expliquer ça. Il n’y a aucun système qui est sûr à 100%.

 Pourquoi êtes-vous candidat à la présidence de la FIFA dont l'léection est prévue en mai 2015 ?

 Je me présente parce que je veux restaurer l’image de la FIFA. Même si je dis que beaucoup de critiques qui ont été faites contre la FIFA sont injustes. Il y a deux mois, la pression anglaise a parlé de l’ancien président qatari de la Confédération asiatique qui a donné deux millions de dollars au président trinidadien de la Concacaf Jack Warner. Partout, on dit la « FIFA, la FIFA ». Mais ce sont les confédérations qui sont responsables de ça. Elles  jouent un grand rôle mais elles sont à la FIFA ce que la Ligue professionnelle de football est à la Fédération française de football : un démembrement, une délocalisation, une décentralisation.

A la FIFA, j’ai toujours dit « on fait la paix avec ses ennemis donc allons voir les journalistes qui sont hostiles à la FIFA, expliquons leur pourquoi, dialoguons ». Je pense que c’est indispensable.  Le fait que j’ai vécu dans des dictatures comme diplomate fait que j’aime la critique. Moi je n’ai rien à cacher. Je l’ai dit à Londres lors du lancement de ma candidature : investiguez mon passé, moi j’ai rien à cacher.

 Sentez-vous de l’hostilité, du scepticisme à l’égard de la FIFA suite à ces allégations de corruption ?

 Bien sûr. J’y ai travaillé pendant onze ans. J’ai beaucoup souffert, je pense que je ne suis pas le seul, de ces accusations. L’une des trois raisons, je l’ai dit à Londres, pour lesquelles j’ai décidé de me présenter est de contribuer à restaurer l’image. Au XXI e siècle, nos sociétés évoluent, il y a plus de responsabilités, de simplicités, de transparence. Si vous prenez les commissions d’ISL (société marketing Intenational Sport and Leisure déclarée en faillite en 2001), c’ était avant moi donc je peux en parler franchement : elles étaient légales. A tel point que dans des pays comme l’Allemagne et la Suisse, on pouvait les déduire de ses bénéfices imposables. C’était public. Ce qui était légal, ne veut pas dire que c’était moral ou éthique. J’ai beaucoup souffert de ça aussi. En même temps, je reconnais qu’il y a eu des erreurs de communication qui ont été faites. Ma ligne politique est de continuer ce qui a été bien fait : les programmes de développement, amener la Coupe du monde partout sur le globe, vraiment pratiquer vraiment l’universalité.

Le président de la FIFA Joseph Blatter, 78 ans, devrait briguer un cinquième mandat en 2015.

J’ai dit que le comité exécutif, plutôt qu’être un gouvernement de la FIFA, était devenu une sorte de bourse où les présidents des Confédérations s’échangent leur bloc de votes. Moi je n’ai rien contre les Confédérations mais elles pensent à leurs intérêts. Elles ne pensent pas forcément à l’intérêt de la FIFA ou des fédérations nationales. Le président de la FIFA, et je l’ai vu lors du premier mandat de Monsieur Blatter, c’est comme si Monsieur Obama avait dû gouverner avec John McCain dans le gouvernement après l’avoir battu, et déjà avec Mitt Romney, qui voulait tout torpiller pour empêcher sa réélection. C’est comme ça la FIFA. Le président de la FIFA n’a pas de majorité au gouvernement. C’est pour ça que j’ai proposé qu’une majorité des sièges du comité exécutif soient reviennent à des présidents de fédérations nationales parce que la FIFA leur appartient, élus au Congrès, pour avoir une majorité de gouvernement. Dans un système démocratique, on élit quelqu’un pour que cette personne ait la possibilité de choisir son gouvernement pour appliquer le programme pourquoi il a été élu. Ce n’est pas le cas à la FIFA.

On doit réformer les institutions. Il faut  rendre la FIFA plus démocratique, donc plus respectée et par conséquent potentiellement plus procréative parce que si on veut répondre aux problèmes des déséquilibres, va falloir qu’on s’engage dans la gouvernance de manière beaucoup plus forte. C’est comme avec le système des Nations Unies qui a fait des choses, on voit bien qu’il a ses propres limites. Beaucoup de critiques sont injustices car on accuse la FIFA de tout ce qu’ont fait certains membres de cette pyramide et qui sont à la FIFA parce qu’ils ont une fonction continentale et pas une fonction nationale. Il y a une part d’injustice dedans.

 En 2011, Sepp Blatter était l’unique candidat après la suspension pour fraude de Monsieur Ben Hammam…

 La FIFA est privée de débat depuis trop longtemps. Si vous prenez l’élection de 1998, quel est le programme de Lennart Johannsson (président de l’UEFA de 1990 à 2007) ? C’est de transformer la FIFA, qui est une fédération de fédérations, en une sorte d’association, de holding des confédérations. Ca a été tranché : 111 voix à 80 pour Blatter. En 2002, le débat est le même. Si vous regardez le programme de Monsieur Ben Hammam en 2011, il était aussi celui-là. Il y a eu ensuite les affaires de dénonciation de corruption à Trinidad. Mais je pense qu’il faut avoir ce débat, qu’il faut le trancher.

Si on veut que la FIFA conserve sa pertinence, il faut qu’il y ait ce débat-là. Le débat non plus n’a pas lieu parce qu’à l’intérieur du Comité exécutif, on ne discute pas de ces choses-là. Puisque le comité exécutif ne donne pas constitutionnellement au président de la FIFA, oublions Monsieur Blatter, une majorité de gouvernement. Ce qui est décidé au congrès ne peut pas être appliqué au gouvernement. On n’entend la soi-disant unité de la famille du football. Je pense qu’il y a une pyramide. L’unité ne doit pas être un vain mot ou un moyen d’arrêter le débat.

 Comment comptez-vous restaurer l’image de la FIFA ?

 Il faut clairement expliquer dans les critiques qui ont été faites ce qui est juste et ce qui est injuste. Je ne suis pas là pour faire du politiquement correct ni pour défendre quiconque. Si on veut faire les réformes, il faut reconnaitre ce qui est injuste et reconnaitre ce qui est juste. On m’a demandé si j’avais connaissance de cas ou de possibles cas de détournements. J’ai répondu oui. Quand vous n’avez pas de majorité dans le gouvernement, il faut faire des compromis. Il faut simplement s’assurer qu’ils ne deviennent pas des compromissions. Parfois on détourne les yeux parce que soit on ne peut rien faire, et quand vous êtes en permanence dans la cohabitation, comme ça a été le cas pendant quatre ans durant le premier mandat de Blatter,  avec toutes les réunions en minorité, vous ne pouvez rien faire. On s’accroche aux branches comme on peut. On doit parfois dîner avec le diable avec une longue cuillère. Et on l’a fait.

On a une Confédération, en l’occurrence l’Europe, qui a un tiers des voix, c’est très facile d’arriver à 50% et de bloquer tout. Quand vous avez les fédérations qui sont propriétaires de la FIFA qui ne sont pas majoritaires, sans majorité gouvernementale, vous ne pouvez pas gouverner. Quand la FIFA n’avait pas d’argent et que le comité exécutif approuve les contrats commerciaux de télévision, ce n’était pas un problème. A partir de 96 ou 97, quand la valeur des contrats a été décuplée. La fonction de gouvernement de la FIFA, du football doit être irréprochable. Par décalque de mes propositions, je montre ce qu’on n’a pas pu faire. Les dérives découlent des institutions, j’en suis convaincu.

Pourquoi êtes-vous partis de la FIFA ?

 J’avais décidé quand je suis parti de ne rien dire. L’Equipe et France Football ont écrit que j’avais été victime d’un complot politique par certains qui n’étaient pas contents des positions que je prenais. L’histoire des quotas ( du 6+5), le fait que certains n’aiment pas que la FIFA soit trop proche des fédérations, il a été écrit que certains voulaient éliminer un concurrent potentiel en 2015. Le Mirror a été le premier à écrire tous les détails trois jours avant que je me présente. Ce qui s’est passé c’est que l’UEFA a développé depuis les années 1970 le sentiment que la FIFA n’est pas compétente sur le football européen. C’est la politique de Johannsson qui a été ensuite reprise par Platini. Mais Blatter considère que la FIFA est tout aussi compétente sur le foot européen. Les règlements sont des règlements mondiaux. L’UEFA peut parler des transferts avec la commission européenne mais elle n’est pas compétente, c’est la FIFA qui s’occupe des transferts de mineurs, des quotas. Blatter était en pointe sur ce dossier-là. Pour affaiblir Blatter sur cette question-là, il fallait détruire Jérôme Champagne.

Mohamed Ben Hammam (à gauche), ex-patron de la Confédération asiatique de football.

Avec le recul, j’ai le sentiment que Ben Hammam avait déjà préparé ce qu’il voulait faire à la fois sur le Qatar et sur son éventuelle prise de contrôle du poste de président de la FIFA, et donc il essayait de faire que dans certaines fédérations, les présidents corrompus ne soient pas virés par laFIFA, comme en Indonésie ou sur les Philippines, mais aussi qu’il puisse placer ses copains dans certaines fédérations. Et donc on m’avait demandé de vérifier que les élections aux fédérations de Jordanie et du Koweit, qui ont eu lieu en octobre et novembre 2009, se tiennent normalement. Et elles se sont tenues normalement. Les amis de Monsieur Ben Hammam ont perdu. Et là Ben Hammam a utilisé ses moyens pour que la FIFA ne reconnaisse pas au sein du comité exécutif de Robben Island (en Afrique du Sud) en décembre 2009 l’élection au Koweit. Ce qu’il a réussi à faire. Ils ont demandé effectivement ma tête alors que je n’avais fait que ce que j’estime que mon devoir. C’est surtout ce que monsieur Blatter m’avait demandé de faire. Sur ces deux dossiers, j’ai servi de fusible politique. Quand vous êtes dans une position comme celle-là, vous savez que ça peut arriver.

 Certains disent que votre candidature est un leurre pour occuper l’espace avant l’entrée en piste de Joseph Blatter…

 Ceux qui font circuler ça dans la presse ou par l’intermédiaire de leurs services de presse, qu’ils le disent publiquement. Je suis prêt à en débattre sur Euronews. Je n’ai pas de problème. Ils ne le disent pas. Mais pourquoi ils disent ça ? Parce qu’ils veulent me salir. Parce qu’ils ne veulent pas discuter des idées. Qu’ils me disent s’ils ne sont pas d’accord avec mes propositions sur l’arbitrage, sur la réforme de la fifa, d’accord. Ca je l’accepte. Certains se sont demandés : il est soutenu par qui ? Certains ont dit « il n’est soutenu par personne. » Pelé, c’est rien, bien sûr… J’ai travaillé durant onze ans à la FIFA, je connais tellement de présidents de fédération, de club. Qu’ils le disent publiquement. Et qu’on ait un vrai débat sur le fond. Je pense que c’est en fait un écran de fumée pour ne pas discuter des choses.

« Qui représente-t-il à part lui même?» s'est interrogé, en avril, Michel Platini dans les colonnes du Parisien, en faisant référence à votre candidature...

 Il a le droit de ses opinions, il a le droit de le penser il a le droit de le dire. Comment peut-on dire que je ne représente que moi-même quand Pelé a déclaré qu’il me soutenait ? J’ai dit que je n’annoncerais pas aujourd’hui tous mes soutiens dans les fédérations pour ne pas les mettre dans des situations difficiles. Mais je suis prêt à débattre et on verra le moment venu.

 Etes-vous en conflit avec  Michel Platini ?

 Je ne déteste pas Michel Platini. Ce qu’il s’est passé par le passé, ce qu’il m’a fait, c’est du passé. J’étais très fier avec Monsieur Blatter de l’aider à devenir président de l’UEFA (en 2007). Si je suis élu, les réformes que nous aurons à faire, la lutte contre les inégalités, et je l’ai mis dans ma lettre sur l’Europe, on aura besoin de mettre fin à vingt ans de disputes infantiles et de mésentente entre la FIFA et l’UEFA. Donc on aura besoin de travailler ensemble.

Vous n'êtes pas choqué que Sepp Blatter ne tienne pas la promesse qu’il a faite en 2011 de ne pas se représenter ?

 Non, ce n’est pas choquant. C’est à lui d’abord de le dire. Je pense que Monsieur Blatter a droit de se représenter. Comme rien ne lui interdit de le faire. Ce sera à lui après de dire pourquoi, comment, sur quel programme. On parle toujours de certains noms mais il peut y avoir d’autres personnes qui peuvent apparaître dans les prochains mois. J’ai décidé de me lancer, en présentant publiquement mes idées, j’ai choisi à la fois la substance, le calendrier et la méthode. Et après on verra le moment venu qui sera candidat.

 Vous attendez sa candidature officielle ?

 Tout le monde l’attend. Qui m’accuse ? Platini, l’UEFA qui disent des choses sur moi ? Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Moi je suis candidat. J’ai proposé que dans les congrès continentaux, face aux présidents de fédération, on fera un débat. J’ai aussi proposé, je suis sûr que des chaînes comme Euronews seraient très heureuses d’organiser un débat avec un podium, des modérateurs. Pourquoi ? Parce que je pense que le foot appartient à tout le monde. Ceux qui votent voteront.

Michel Platini, président de l'UEFA, est contre la candidature de Sepp Blatter à la tête de la FIFA.

  Avez-toujours des rapports avec Sepp Blatter depuis votre départ de la FIFA ?

 Je suis conseiller de la fédération palestinienne, du Kosovo et de Chypre nord. Au congrès de 2013 à l’Ile Maurice, la fédé palestinienne a demandé, a inscrit à l’ordre du jour la situation du foot palestinien. A ce moment-là, j’ai eu des rapports professionnels avec le président de la FIFA dans mes fonctions afin d’essayer de régler les problèmes qui sont le résultat de l’occupation et son impact sur le foot palestinien.

J’ai eu des rapports professionnels avec lui. Le 5 novembre 2013, on a signé à Zurich l’arrangement transitoire entre la fédé de Chypre grec et celle turque, le premier accord signé entre eux après 58 ans de séparation, j’étais dans la salle du comité exécutif où j’étais là en tant que conseiller de la fédération chypriote turque dans une salle où il y avait messieurs Blatter, Platini et Valcke (le secrétaire générale).

  Quel rapport entretenez-vous avec Pelé qui vous soutient?

 Je l’ai vu pour la première fois à la télé du Mondial 1970. Après j’ai eu la chance de le connaître lorsque j’étais numéro 3 à Brasilia. Il était ministre des sports. On a eu des relations professionnelles, il savait que j’allais au CFO au Mondial France 98. Quand Chirac est venu en visite d’Etat, on a remis des décorations. J’ai eu la plus haute décoration réservée aux étrangers qui est l’ordre de la Croix du sud, remise par Pelé. C’est quelqu’un qui a tenu mes enfants dans ses bras lorsqu'ils étaient petits.

Ceux qui pensent que le soutien de Pelé ne veut rien dire font partie de ceux qui le sous-estiment. Il a été le premier ministre fédéral noir de l’histoire du Brésil. Il est émotionnel, à la larme facile. Certains disent que c’est un vieux joueur qui fait de l’argent avec ses contrats. Oui, c'est un vieux joueurs qui fait de l'argent avec ses contrats. Mais il a l’œil tellement fin et il joue du sentiment de supériorité que les autres ont à son égard. On m’a demandé combien j’avais payé Pelé pour avoir son soutien. J’ai ri en disant que cela ne s’achète pas. C’est beaucoup de responsabilité. Si je dis des conneries, on va dire à Pelé « vous soutenez quelqu’un qui dit des conneries. » Si je suis élu et que j’en fais, cela sera pareil.

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