Aucun
officiel n’en a parlé et pourtant l’Armée nationale populaire (ANP) serait,
depuis le 29 mai, en guerre contre les groupes terroristes dans l’Ouest libyen.
Le jour même du début de l’offensive, le quotidien britannique The Times donnait l’information, citant
le think tank britannique The Henry Jackson Society, dont un haut responsable
annonçait un envoi de forces spéciales américaines, françaises et algériennes
dans le Sud libyen avec pour principal objectif l’élimination des terroristes
d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), la destruction de leur infrastructure
d’armement, de communication et d’entraînement dans la région.

L’alliance
de circonstance entre l’Algérie, les Etats-Unis et la France à qui s’adjoignent
le Tchad, probablement la Libye, mais surtout les forces du général Khalifa
Hafter qui pilonnent la région de Benghazi [depuis le 16 mai], confirme
l’encerclement des terroristes djihadistes dans le Sud libyen. Mokhtar
Belmokhtar ayant été localisé par les services algériens à Tripoli quelques
semaines avant l’attaque de Tiguentourine [le 16 janvier 2013, les hommes de
Mokhtar Belmokhtar prenaient d’assaut le site gazier de Tiguentourine à In
Amenas], est la cible prioritaire pour les commandos algériens dans leurs
opérations. Flexibilité et rapiditéSelon nos informations, de source militaire, 3 500 paras, soit un
régiment complet, et un groupe de soutien et d’appui logistique de 1 500 hommes
sont déployés actuellement de l’autre côté de la frontière. Une autre source,
diplomatique cette fois, ajoute qu’en plus des 5 000 soldats au sol, il y
aurait une importante mobilisation des moyens aériens, avions de transport,
chasseurs, bombardiers, hélicoptères de transport et d’attaque, appareils de
reconnaissance et drones, qui opèrent dans le ciel libyen.

Il s’agirait
du même régiment parachutiste ayant pris en charge l’opération Scorpion
Rapide, qui a pris d’assaut et libéré avec succès, en janvier 2013, le complexe
gazier de Tiguentourine à In Amenas. Selon un haut gradé, la préparation de la
mission et le regroupement des forces ont été réalisés la dernière semaine de
mai. Privilégiant la flexibilité et la rapidité, les troupes envoyées sur place
sont équipées d’armes légères et de véhicules 4x4 armés de mitrailleuses en 12.7
mm, probablement appuyés par des blindés à roues BTR.

La puissance
de feu réelle venant des airs, avec la couverture des hélicoptères lourds Mi24.
Si l’article du Times confirme le
haut degré de coordination qui existe entre les trois armées, le rôle des paras
algériens consisterait plus spécifiquement à sécuriser la frontière, occuper
les points de ravitaillement et couper toute retraite aux groupes qui
tenteraient de fuir les combats à l’Est libyen. Pour dissuader ceux qui
souhaiteraient les rejoindre du Sahel, l’armée tchadienne s’occupe de sécuriser
la bande d’Aouzou et le Tibesti [au nord du Tchad région frontalière avec le Sud
libyen], ne laissant que peu de marge de manœuvre aux djihadistes. L’armée
française aurait également fait appel aux éléments du Commandement des
opérations spéciales dont un détachement est stationné au Niger : ils
disposent de moyens de surveillance basés au Tchad et au Niger ainsi que
d’hélicoptères d’attaque Tigre et des Caracal pour le transport.Sécuriser les sites pétroliers

L’armée
américaine, dont la force déployable n’est que de 5 à 800 hommes, basés en
Espagne, reste dotée de moyens logistiques impressionnants dont des Hercules et
V-22 Osprey. Ces derniers traqueraient en ce moment même les groupes djihadistes
dans le Sud libyen et sécuriseraient les sites pétroliers. L’objectif pour l’ANP :
“nettoyer” les villes de Nallout et Zentan, proches de la frontière
tunisienne, camps d’entraînement de djihadistes et véritable plateforme pour
l’envoi d’armes vers l’Algérie. Ils doivent ensuite pousser vers l’oasis de Sebha,
véritable nœud logistique du désert libyen.

Selon une source militaire, toute cette opération a
été “maladroitement camouflée” par l’état-major qui a organisé à la
hâte un exercice interarmes aux confins du Sahara, le 28 mai dernier. A cette occasion, une émission de télévision, où s’entremêlent
des séquences d’archives à d’autres plus actuelles, a été bricolée à une vitesse folle. La veille, le général
Boualem Madi, patron de la direction centrale de l’information et de
l’orientation au sein de l’ANP, déclarait sur les ondes d’Alger Chaîne III que “la
situation aux frontières était préoccupante”.