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D-Day, ce que vous n'avez pas vu à la télé

Les cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement, c'est une organisation titanesque et un protocole millimétré où chaque détail doit être maîtrisé. Le JDD.fr était à Ouistreham vendredi pour la cérémonie internationale sur la plage, en présence des plus grands dirigeants de la planète. Voici quelques à-côtés de cet évènement scruté par la presse mondiale.

Emilie Cabot, envoyée spéciale, Ouistreham (Calvados) , Mis à jour le
Le président des Etats-Unis, Barack Obama.
Le président des Etats-Unis, Barack Obama. © Eric Dessons/JDD

La salle de presse

Pour les commémorations du D-Day, la Normandie a accueilli le monde. Et c'est Ouistreham qui s'est chargée de recevoir la presse internationale. Après une fouille minutieuse, photographes, présentateurs, rédacteurs, cameramen et techniciens de toutes les nationalités sont massés dans une salle de presse colossale. Installés sur une quinzaine de rangées, ils tapent sur leur clavier, derushent, montent, posent leur voix sur des images historiques.

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Un travail de fourmi parfois interrompu par les hymnes français ou américains qui s'échappent des écrans de télé installés aux quatre coins. Devant, certains suivent d'un œil l'avancement de cette journée marathon, d'autres tentent même de prendre en photo l'écran. On peut suivre le discours de Barack Obama à Colleville en faisant la queue aux toilettes. Ou même en attendant son tour au buffet, assiette à la main. Un buffet 100% local pour l'occasion : huîtres et foie gras normands, andouilles de Vire, saumon de Cherbourg, sans oublier le cidre. La logistique est telle que des chefs à la retraite ont été rappelés pour prêter main forte. Au moment du déjeuner, des journalistes étrangers découvrent avec enthousiasme -ou perplexité- ces produits régionaux. Des gendarmes aux reporters, en passant par le service de déminage, chacun y va de son "selfie" dans cet endroit titanesque. A quelques heures de la cérémonie internationale, à deux pas plus loin sur la plage, l'endroit où il fallait être, c'était bel et bien la salle de presse.

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(Emilie Cabot/Le JDD.fr)

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La ville

Des routes alentours barrées depuis l'aube, des gendarmes à chaque carrefour et rond-point, des riverains munis de badges... Pas étonnant qu'à 10 heures Ouistreham semblait être vidée de ses habitants. Le calme avant la tempête...La ville du Calvados s'est tout de même mise à l'heure du Débarquement. Quelques drapeaux en l'honneur des alliés sont accrochés sur les devantures des maisons. Dans les boutiques de souvenirs du centre-ville, sets de table bouledogues ou chatons font face à ceux du D-day. Sur la porte d'un photographe -proposant aussi des tatouages éphémères -, une playmate géante placardée côtoie casques, attirails militaires et fanions en vitrine. Le cœur y est... Une boutique de textile bon marché, la seule ouverte à cette heure, fait le bonheur des retardataires.

 

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(Crédit : Eric Dessons/JDD)

"Si un jour on m'avait dit que j'allais vendre cette cravate", sourit le commerçant à la caisse. L'accessoire jaune moutarde loin d'être de la dernière collection sauvera pourtant la journée d'un photographe. En effet, les services de la Reine Elizabeth II ne tergiversent pas avec le protocole. Ils n'ont pas apprécié les tenues des photographes qui suivaient son arrivée en France jeudi. Un petit mail de rappel à l'ordre a donc été envoyé aux rédactions dans la soirée rappelant le port de la cravate obligatoire pour ceux qui ont l'honneur de l'approcher vendredi. On ne refuse rien à Sa Majesté...

Les médias

Comment reconnait-on que ce n'est pas une cérémonie comme une autre? Quand on prend un café à côté de Bruce Toussaint et son équipe d'i-Télé, qu'on croise Gilles Bouleau sur la plage ou qu'on aperçoit un reporter de BFM TV à chaque coin... Sans oublier l'équipe du Petit Journal qui arpente les lieux à l'affût et filme l'envers du décor. Outre les "stars" médiatiques, il y avait deux écoles vendredi chez les journalistes. Les sereins, comme Lionel, près de vingt Débarquement à son actif, qui attendait tranquillement à côté du tapis rouge, là où descendent de voitures les plus grands dirigeants de la planète. Il faut dire qu'il avait de quoi être calme, il était la seule camera autorisée à cet endroit. Et puis il y a les autres, ceux qui doivent jouer des coudes dans une tribune de presse totalement désordonnée.

Pendant l'arrivée des chefs d'Etat, gare à celui qui monte sur un escabeau. Chacun gêne son voisin, la tension monte, les épaules frottent, surtout au passage des "gros poissons" ou au moindre geste de Nicolas Sarkozy. A l'organisation qui peine à rétablir l'ordre, un photographe excédé lance "prenez vos responsabilités, ceux qui ont participé au Débarquement les ont prises eux". Pas sûr que cette comparaison soit la meilleure venue. Finalement la tension retombe une fois la cérémonie débutée. Cette "brochette" hors norme de personnalités coupe le souffle de certains. Et un photographe de résumer le mieux : "c'est fou, il n'y a pas un angle où il n'y a pas "quelqu'un".

Les vétérans

La cérémonie d’Ouistreham a réuni 1.800 vétérans. Ceux qui ont connu "l'enfer du feu et de l'acier" des plages normandes ce 6 Juin 1944 -comme l'a salué François Hollande dans son discours- ont été très sollicités pour ce 70e anniversaire. Leur tribune, à droite de celles des chefs de délégation, a été assaillie par une armada de journalistes. Installés aux premières loges, dans leur fauteuil roulant, ces anciens combattants répètent et répètent la même chose aux médias qui défilent. A peine le temps de croquer dans un sandwich avant le grand moment. Voilà 48 heures que René Rossey, l'un des héros du Jour-J qui comptait parmi les 177 Français qui ont délivré le pays, enchaîne les interviews. Un rythme d'acteurs en promotion qu'on ose imposer à ce vétéran de 88 ans en fauteuil roulant.

Mais l'homme a la générosité de partager à nouveau sa joie d'être là. "Je n'aurais jamais imaginé une cérémonie si importante pour les gouttes d'eau que nous sommes", sourit-il modestement. Puis il raconte qu'il y a 70 ans, le 6 juin, c'était la première fois qu'il mettait les pieds en France. Depuis Tunis, il était venu délivrer le pays alors qu'il n'avait pas encore 18 ans. Un récit qui éclipse le brouhaha autour, que ce soit l'organisation qui s'active ou les troupes qui répètent sur la plage.

Obama versus Elizabeth II

Parmi la pléiade de chefs d’État présents à Ouistreham, il y a ceux dont l'arrivée est simplement saluée par des applaudissements et les cliquetis des appareils photos, et il y a la Reine Elizabeth II et Barack Obama. Ils n'avaient pas encore posé un pied sur la plage d’Ouistreham qu'ils étaient déjà fervemment applaudis. A la seule vue, sur écran géant, de la Souveraine, toute de verte vêtue, quitter le château de Benouville direction Ouistreham, des cris retentissent, les tribunes s'enflamment, particulièrement celle des civils. La cérémonie prend des airs de concert. Même engouement quand le président des Etats-Unis apparaît sortant du domaine bas normand. Et à l'applaudimètre c'est la Reine qui l'emporte! Cette fois seulement. Car Barack Obama a vite pris sa revanche.

Quand le charismatique Président des Etats-Unis foule le tapis rouge qui mène à la plage, il reçoit un accueil digne d'une rock star. Même les cardinaux présents en tribune officielle se massent sur le bord de l'estrade, smartphones à la main pour certains. Chez les photographes, les épaules se serrent, les esprits s'échauffent, les appareils s'emballent. Dans le public, quelques groupies. "Je suis dégoûtée, je n'avais plus de place sur mon appareil au moment où Barack est passé", désespère une jeune femme qui s'est faite une place parmi journalistes et photographes. "Ce n’est pas grave, tente de rassurer son ami, on peut quand même dire qu'on a passé la journée avec Barack".

La rencontre forcée Obama-Poutine

A l'arrivée de Barack Obama, caméras et appareils photos étaient aussi braqués sur le regard de Vladimir Poutine, les deux ayant redoublé d'efforts pour ne pas se croiser la veille à Paris. Le réalisateur de la cérémonie a finalement facilité les choses au public. L'audacieux a affiché en direct leurs deux visages côte à côte pour guetter le moindre échange de regard. Un montage osé, sous les rires de l'assemblée. Le temps d'un instant on se serait cru à un match de basket aux États-Unis au moment de la fameuse kiss cam. "C’est ce qu'on appelle des plans de coupe", a plaisanté Hollande avec les photographes.

(Crédit : Reuters)

Apres cette parenthèse insolite, la cérémonie a repris son cours et son sérieux. A la sortie, les deux leaders ont indirectement repris leur démonstration de force à travers le ballet des voitures de leur délégation respective. Avantage Poutine : la Russie avait plus de véhicules, dont une avec des hommes cagoulés et armés, vitres ouvertes, et un camion du Samu.

Source: leJDD.fr

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