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SOUDAN

Les émeutes de l’eau font une première victime à Khartoum

 La capitale soudanaise Khartoum souffre régulièrement de coupures d’eau. Une pénurie qui s’est accrue ces trois dernières semaines, provoquant des manifestations dans plusieurs quartiers de la capitale. Ces protestations ont fait leur première victime le 8 juin et, d’après notre Observateur sur place, la situation n’est pas près de s’arranger.

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Photo des émeutes dans le quartier d'Al-Shagara, Khartoum.

 

La capitale soudanaise Khartoum souffre régulièrement de coupures d’eau. Une pénurie qui s’est accrue ces trois dernières semaines, provoquant des manifestations dans plusieurs quartiers de la capitale. Ces protestations ont fait leur première victime le 8 juin et, d’après notre Observateur sur place, la situation n’est pas près de s’arranger.

 

Le 24 mai dernier, le préfet de Khartoum promettait que le réseau de distribution de l’eau dans la capitale serait complètement rétabli au bout de trois jours. Mais la situation a empiré et certains quartiers de la banlieue sud de Khartoum sont maintenant complètement privés d’eau depuis 15 jours. À bout, les habitants des quartiers de d’Ad Hussein et Al-Azhary ont affrontés la police, dimanche 8 juin, et un adolescent de 14 ans a été tué par des tirs de gaz lacrymogènes par la police.

 

Affrontements avec la police dans le quartier d'al-Shagara, photo envoyée par notre Observateur.

 

Selon l’Instance de l’eau de Khartoum, il faudrait 20 % d’eau en plus pour couvrir les besoins de la population. Selon notre Observateur, les habitants ont en outre le sentiment de payer beaucoup trop cher pour une eau qui leur arrive sale ou pas du tout.

"Quand elle n’est pas coupée, c’est une eau sale qui arrive souvent aux ménages"

Hatem Elgimabi travaille avec l’organisation Global Aid Hand, qui lutte contre la pauvreté et l’injustice.

 

Khartoum est surpeuplé [avec ses districts environnants, la ville compte 4,5 millions d’habitants] et ses infrastructures ne suivent pas.

 

L’eau potable ici vient soit des nappes phréatiques, soit du Nil. Dans le premier cas, on utilise des moteurs pour pomper l’eau. Mais les coupures d’électricité entravent également l’approvisionnement. Quant à l’eau venant du Nil, elle est acheminée par un réseau de canalisations qui est mal entretenu, surtout dans les quartiers de la périphérie de Khartoum. Les canalisations sont en plastique et se percent facilement. Donc même quand elle n’est pas coupée, c’est une eau sale qui arrive aux ménages, car elle n’a pas été correctement assainie ou qu’elle s’est mélangée à de la terre sur le trajet [le 16 mars dernier, des députés soudanais ont dénoncé devant le parlement l’état du réseau de canalisation de la banlieue de Khartoum].

 

"Les habitants sont privés d’eau, mais ils doivent quand même payer"

 

La colère des habitants est aussi justifiée par le système de paiement mis en place par l’État soudanais. Ce dernier évalue la consommation de chaque foyer en eau et en électricité et demande un pré-paiement au forfait. Chaque foyer paye donc une somme fixe par mois pour l’eau et l’électricité.

 

Or, quand il y a des coupures d’eau, les citoyens ne sont pas remboursés. Et en plus ils doivent payer pour des citernes d’eau [3,60 euros la citerne, NDLR] ! Beaucoup voudraient que l’électricité puisse être payé séparément de l’eau, pour pouvoir acheter l’eau à une entreprise privée, mais l’État refuse.

 

 

Des habitants qui remplissent de l'eau depuis un camion-citerne. Photo envoyée par notre Observateur.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira (@SarraGrira), journaliste à FRANCE 24.

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