Les taxis se mobilisent à travers l'Europe contre les VTC

Temps de lecture : 3 min

De Londres à Rome en passant par Berlin et Paris, les taxis protestent mercredi contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) et en particulier celle faite par la société américaine Uber, qui cristallise toutes leurs craintes.

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Le mouvement de protestation est parti de Grande-Bretagne où les célèbres taxis noirs, qui travaillent pourtant à côté des VTC depuis des dizaines d'années, s'inquiète du poids croissant pris par la société californienne. Leur crainte est partagée par leurs collègues d'autres pays, qui ont décidé de les suivre et de lancer un mouvement de grève européen, une première.

"Uber ne respecte pas de manière délibérée les réglementations en vigueur et ils disposent en plus de moyens très importants" avec une valorisation de 17 milliards de dollars, résume Serge Metz, PDG de la centrale française de radio-taxi Taxi G7.

A Rome, les chauffeurs envisagent de faire une "grève à l'envers" en effectuant les courses au prix maximum de dix euros, afin de s'aligner sur les tarifs de la concurrence. Ceux de Milan seront en grève de de 06H00 GMT à 20H00 GMT. En Allemagne, des cortèges sont prévus à Berlin et à Hambourg.

En France, les fédérations patronales sont à la pointe la contestation de mercredi. Une partie de leurs adhérents doit se rassembler à partir de 06H00 (04H00 GMT) aux abords des aéroports d'Orly et de Roissy, près de Paris, avant de converger en début de matinée vers la capitale. Le risque de pagaille routière dans la ville et sa périphérie est d'autant plus grand que la manifestation s'annonce concomitante à un autre mouvement de grève, à la SNCF. Les autres villes les plus touchées devraient être Lyon, Marseille et Nice, selon les fédérations de taxis.

La majorité des syndicats en revanche "se désolidarise de ce mouvement et n'appelle pas à manifester", a déclaré à l'AFP Karim Asnoun de la CGT.

- Vives tensions -

L'intersyndicale avait pourtant été à l'origine d'une série d'actions menées en début d'année pour protester contre le développement des VTC. "Nous n'appelons pas à cette grève, les centres radio veulent récupérer ce mouvement du 11 juin", fait valoir Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-UNCP taxis, pour expliquer cette décision.

Un rapport commandé par le gouvernement et présenté fin avril devait permettre d'apaiser les relations entre taxis et VTC. Mais les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine.

Ce rapport "va dans la bonne direction, mais il s'est arrêté en chemin", juge Yann Ricordel, directeur général de la radio-taxi Les taxis bleus. Pour lui, il faut veiller à "établir un niveau de charges équivalent entre les taxis et les VTC", ces derniers en payant moins, et régler la question du stationnement des VTC sur la voie publique dans l'attente de clients, ce qu'ils n'ont en théorie pas le droit de faire. Prendre des clients à la volée relève en effet du privilège des taxis, qui disposent pour cela d'une licence, quand les VTC ne peuvent travailler que sur réservation.

Yann Ricordel s'inquiète aussi de la volonté de permettre en temps réel la géolocalisation des taxis. Pour l'auteur du rapport, le député Thomas Thévenoud, il s'agit de permettre aux clients de pouvoir localiser le taxi disponible le plus proche via son smartphone. Mais les centrales de taxis voient cette mesure comme une menace.

Les VTC de leur côté s'agacent d'une nouvelle grève des taxis. "L'inquiétude des taxis est compréhensible", estime Yan Hascoet, PDG de la société Chauffeur privé, qui rejette toutefois tout amalgame entre "les nouvelles sociétés de VTC qui opèrent dans le plus parfait respect de la loi, et celles qui s'en affranchissent librement".

Pour Dave Ashton, co-fondateur de Snapcar, elle est d'autant plus incompréhensible au niveau français que "le rapport Thévenoud est favorable aux taxis".