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De la City à l'Elysée, le profil de Laurence Boone irrite la gauche

L'Elysée assume le choix d'un « esprit singulier » au poste de conseiller économique.

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Publié le 12 juin 2014 à 10h36, modifié le 12 juin 2014 à 14h24

Temps de Lecture 3 min.

« J'ai des inclinations de gauche », assure au Monde Laurence Boone. La précision est d'importance. Car l'annonce, mercredi 11 juin, de l'arrivée à l'Elysée de celle qui remplacera dans une quinzaine de jours Emmanuel Macron comme conseiller pour les affaires macroéconomiques, a fait jaser dans la majorité. La nouvelle entrante ne procède ni de l'appareil socialiste ni de la haute fonction publique : elle débarquera directement de la City londonienne au cabinet de François Hollande, ce qui suscite, évidemment, le débat.

Après une thèse en économétrie consacrée au « filtre de Kalman appliqué aux taux structurels de croissance et de chômage », Mme Boone, 45 ans, a officié au Centre d'études prospectives et d'informations internationales avec Jean Pisani-Ferry, puis à l'OCDE comme « modélisatrice économètre », avant de rejoindre la banque : Barclays, d'abord, où elle rencontre Jean-Pierre Jouyet, qui présida brièvement Barclays France, puis Bank of America Merrill Lynch, où le nouveau secrétaire général de l'Elysée vient de la débaucher.

« Je n'ai pas du tout honte de ma carrière, j'ai fait mes preuves dans ce milieu, explique Laurence Boone. C'est justement parce que j'ai beaucoup d'expérience internationale, que je ne viens pas d'un univers totalement franco-français et que j'ai un regard différent que le président me recrute. » Egalement membre du conseil d'administration du groupe de luxe Kering, ex-Pinault Printemps La Redoute, Mme Boone vient d'annoncer sa démission à M. Pinault.

Pour ce qui est de choisir ses plus proches collaborateurs dans le monde de « la finance », que le candidat Hollande désignait comme son « principal adversaire », le président se trouve là en état de récidive : M. Macron, prédécesseur de Mme Boone, avait lui aussi quitté la banque – Rothschild – pour rejoindre l'Elysée. Mais au vu des turbulences qui agitent la majorité, le profil et le recrutement à Londres de Mme Boone, où celle-ci se trouvait encore mercredi soir, a bien davantage surpris à gauche.

Ainsi, les sénateurs communistes redoutent-ils que l'embauche d'« une économiste forgée du plus beau métal libéral (…) ne traduise aucunement une inflexion à gauche de la politique » du gouvernement. Au PS, certains s'émeuvent de ce choix « symbolique », comme le député de l'Indre-et-Loire Laurent Baumel : « On aurait pu imaginer que le président, après les défaites électorales qu'on a connues, veuille s'entourer d'un profil plus hétérodoxe, plutôt que de quelqu'un qui vient directement du monde de la finance et qui exprime plutôt une vision libérale. »

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Une référence à une chronique parue dans le quotidien L'Opinion, le 26 mai, où Mme Boone fustigeait « l'absence de politique économique crédible » du gouvernement.

« Décidément, l'exécutif n'est plus à une incohérence près », a lancé mercredi, lors des questions au gouvernement, le député UMP Yves Foulon. L'intéressée nie en bloc : « Cette chronique a été écrite le soir du résultat des élections européennes. J'étais vraiment sous le choc, d'où cette réaction. L'objectif était de distiller un peu de poil à gratter, d'affirmer qu'il fallait réagir. Une économiste indépendante, avec un rôle d'observateur, est forcément un peu plus réactive. Pour moi, ce n'est pas contradictoire de se mettre au service de quelqu'un qui a une stratégie. Les grandes lignes ont été dessinées, on passe à une autre phase, celle de l'accélération, celle de la mise en oeuvre visible et volontaire. »

« CONGRUENCE DES IDÉES »

La contradiction politique est prestement déminée par l'entourage du président, qui l'assure : « Il n'y a aucun doute sur la congruence des idées. Le but est de recruter des esprits singuliers et des gens qui ont de la personnalité, des convictions et du caractère. Elle en a. » Son arrivée correspond à un mouvement d'ensemble à l'Elysée, avec entre autres l'arrivée de la journaliste de Canal+ Nathalie Iannetta au poste de conseillère sports, et au désir exprimé par M. Hollande d'avoir un cabinet féminisé, aux profils plus variés.

Son arrivée s'étant accélérée pour cause de fuites autour du départ de M. Macron, Laurence Boone, qui avait préféré travailler avec l'équipe de Manuel Valls pendant les primaires socialistes de 2011, n'a pas encore rencontré son nouveau patron. Mais elle partage d'ores et déjà son incorrigible optimisme : « La reprise est là. Elle n'est pas encore très forte, mais elle est incontestable », assure-t-elle.

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