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High-tech

Ils font pousser de la peau humaine en laboratoire

Cette peau "reconstituée" pourrait mettre fin aux tests de produits cosmétiques et de crèmes solaires sur des animaux.
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L'Oréal
Au fond de chacune de ces dosettes, de la peau reconstitué à partir de cellule humaine.
Crédit L'Oréal

FILTRES. L'ambiance est celle des salles blanches où ingénieurs et techniciens conçoivent l'électronique de précision, tels ces microprocesseurs qui peuplent les entrailles des satellites. Dans les espaces immaculés des labos d'Episkin, l'air est ainsi filtré plus de trente fois par jour pour éliminer les particules ou autres champignons susceptibles de souiller les travaux des paillasses des chercheurs.

Ne l'appelez pas peau "synthétique" ! Elle est reconstituée à partir de vraies cellules humaines

Pourtant, on ne parle pas diodes et soudures ici. Mais derme et épiderme. Dans ces labos est en effet produite de la peau "reconstituée". Ces petites pièces circulaires, visibles sur la photo ci-dessus, sont rendues roses par le liquide nutritif dans lequel elles croissent et se multiplient.

AMPOULES. Leur texture évoque à s'y tromper celle des morceaux de peau qui se détachent d'un orteil, quand perce une ampoule, reliquat d'impétueuses randonnées. Et pour cause, ces échantillons sont fabriqués à partir de véritables cellules humaines. Celles-ci proviennent de "déchets médicaux", autrement dit de dons "anonymes, gratuits et éclairés" faits à Episkin par des patientes après des opérations chirurgicales... de réductions mammaires.

La peau retirée par le chirurgien, placée sous les seins, est par nature peu exposée au Soleil. Un parfait réservoir de cellules préservées que les scientifiques d'Episkin feront ensuite proliférer pour mettre au point la peau reconstituée.

Cette peau est destinée aux essais in vivo de cosmétique. Ce qui permet de remplacer des phases de test réalisées précédemment sur des animaux. "Les peaux reconstruites sont devenues la norme pour certaines méthodes d’évaluation de la sécurité des produits et des ingrédients, commente Patricia Pineau, directrice de la communication scientifique chez L'Oreal, (propriétaire d'Episkin depuis 1997). Deux d’entre elles ont même été validées comme méthodes de remplacement total des tests sur l’animal, pour ce qui est de vérifier d'éventuelle corrosivité et irritation cutanée".

BRÛLURES. D'autres applications de la peau reconstituées sont-elles possibles ? À voir proliférer ainsi les échantillons, on se prend à rêver à l'emploi que pourrait en faire la chirurgie pour soigner les victimes de graves brûlures. La technologie, hélas, ne le permet pas encore : impossible, pour l'instant, de reconstituer une peau totalement identique à celle de l'homme, avec des vaisseaux sanguins, des poils... Reste que certaines des connaissances et protocoles acquis ici ont été transférés à l'hôpital Percy de Clamart, où sont traités les grands brûlés.

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